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Antoine Perigot signe un polar bastiais avec « Une main lave l’autre »


Philippe Jammes le Lundi 23 Juin 2025 à 16:03

Après le succès de son précédent roman Par les maquis brûlés, l’écrivain Antoine Perigot ancre son nouveau récit au cœur de Bastia. Avec Une main lave l’autre, il livre un polar sombre et contemporain, nourri de son attachement à la ville et à ses contrastes. Rencontre avec un auteur enraciné entre Corbara et la cité bastiaise.



Antoine Parigot... du Bastia d'hier à celui d'aujourd'hui ... Un roman passionnant !
Antoine Parigot... du Bastia d'hier à celui d'aujourd'hui ... Un roman passionnant !

Votre nouveau roman reprend une expression corse comme titre…
Effectivement, cela fait partie de notre patrimoine. Le titre est prépondérant en littérature. Par les maquis brûlés, mon premier roman, tirait déjà son nom d’une expression d’ici – « passà pé a machja brusgiata » – qui signifie revenir de l’enfer, avoir vécu une expérience douloureuse, frôlé la mort. Cette fois, Une main lave l’autre fait référence à une maxime très ancrée dans la tradition : « Una manu lava l’altra, è e duie làvanu a faccia ». C’est une manière d’évoquer la solidarité.

On retrouve d’ailleurs ces expressions dans vos dialogues…
Oui. En Corse, le français parlé emprunte naturellement de nombreuses locutions à la langue corse. Il m’a paru évident de les inclure dans les dialogues, à leur place, avec naturel.

Quel est le thème central de ce deuxième roman ?
C’est avant tout une histoire d’amitié intergénérationnelle. Et comme on dit dans les ouvrages de fiction : « Toute ressemblance avec des faits ou des personnages existants serait purement fortuite ». Mais ce roman évoque en creux plusieurs problématiques de la société corse contemporaine.

Lesquelles, précisément ?
Je parle de la drogue, des voitures incendiées, de l’autonomie, des discothèques, de l’immobilier… Le premier chapitre s’ouvre sur les palmiers de la place Saint-Nicolas. Tout cela contribue à restituer un climat, sans volonté de témoignage.

L’un des personnages principaux travaille justement dans l’immobilier...
Jean-Charles Banielli – dit Charlot, dit le Dandy – est un agent immobilier riche, connu de tous, généreux, exubérant. Un jour, il embauche Charles, un jeune homme de quarante ans son cadet, comme secrétaire, chauffeur, homme à tout faire. Une amitié naît entre eux. Mais Charles finira par s’y brûler les ailes.

Bastia est omniprésente dans votre roman...
Je suis originaire de Bastia, depuis quatre générations. J’ai longtemps travaillé dans des bars de la ville. Je la connais bien, je l’ai vue évoluer. Il fut un temps où rester à Bastia l’été était vécu comme une punition. Aujourd’hui, les touristes y sont nombreux. Jean-Charles est un ancien qui parle du Bastia d’avant : les parties de boules, la solidarité, la nature. Charles incarne le Bastia d’aujourd’hui : le béton, la drogue, les voitures brûlées. Le dialogue entre les deux permet de cerner les mutations en cours. Le roman s’ancre dans le contemporain.

Un projet en cours ?
Je réfléchis à un ouvrage autour de la gastronomie.