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Amaury de Saint-Quentin, préfet de Corse : "Depuis mon arrivée je m’efforce de calmer le jeu"


Julia Sereni le Jeudi 19 Mai 2022 à 17:41

Entre deux périodes de réserve liées aux scrutins électoraux, le préfet de Corse Amaury de Saint-Quentin multiplie les déplacements sur le territoire. En marge d’une visite de l’entreprise Corse Composites Aéronautiques, le représentant de l'État livre, pour CNI, sa vision de son rôle et sa lecture du contexte insulaire, dans l’attente de la reprise des négociations avec Paris.



Amaury de Saint-Quentin (Photo Michel Luccioni)
Amaury de Saint-Quentin (Photo Michel Luccioni)


- Depuis votre arrivée les périodes de réserve liées aux élections s’enchaînent. N’est-ce pas frustrant pour vous, surtout lorsque l’actualité est parfois brûlante ?
- C’est immensément frustrant. J’ai une aspiration profonde, c’est d’aller sur le terrain le plus vite possible, d’être aux côtés des acteurs, de les rencontrer. L’actualité a fait que je n’ai pas pu le faire en arrivant, il y a un peu plus de deux mois, avec la période de réserve liée à l’élection présidentielle, la période de réserve liée aux élections législatives qui commence à la fin de la semaine… On fait avec, comme on dit de manière un peu triviale ! C’est pour cela que je suis allé de manière assez intense sur le terrain ces derniers jours : à Propriano, à Bonifacio, à Zonza… Et c’est pour cela que j’ai rencontré de nombreux acteurs économiques, et je continuerai à le faire après la période de réserve liée aux législatives.

- Et les élus, les avez-vous rencontrés ?
- Je m’oblige, bien sûr, à rencontrer les élus des territoires. Le premier partenaire de l’État, c’est bien entendu la Collectivité de Corse. Nous avons beaucoup de sujets sur lesquels nous travaillons avec le président de l’Exécutif Gilles Simeoni et ses équipes. Nous échangeons régulièrement avec les maires également, et les présidents de structures intercommunales. Les sujets sont nombreux, parfois anciens. Ma responsabilité, c’est d’aller au contact de ces différents acteurs, d’identifier ces sujets. On en a de très importants, comme les déchets, l’énergie, les mobilités, l’eau. Autant de sujets majeurs, sur lesquels l’État peut apporter une expertise, une capacité d’accompagnement, notamment en termes de moyens financiers. C’est donc ma responsabilité, pour le faire dans de bonnes conditions, de rencontrer les acteurs concernés et d’échanger avec eux.

- Autre grand dossier, suspendu celui-ci : les négociations avec Paris. Le président de l’Exécutif Gilles Simeoni a fait part de ses inquiétudes. Avez-vous des informations ?
- Je n’ai pas d’informations privilégiées, et même si j’en avais, je ne les dirai pas, car elles ne relèvent pas de ma responsabilité, même si je suis le sujet de très près. Nous attendons tous la formation de ce nouveau gouvernement. Il faut laisser le temps que les choses s’organisent au plan national, et une fois qu’elles seront installées, les réunions se mettront en place. Mais ce n’est pas à moi de l’annoncer, à la fois sur le principe et sur le calendrier. Mais j’ai confiance, les choses vont se faire, il faut simplement qu’il y ait ce « calage » ministériel. Je suis convaincu qu’il se fera dans les jours à venir, assez rapidement.

- Comment voyez-vous votre rôle dans ce contexte, sachant que les rapports ont pu être tendus entre votre prédécesseur et la Collectivité ?
- Dès le premier jour, je l’ai dit : ma mission, mais aussi ma conception de l’action publique, c’est vraiment que l’État s’inscrive dans une démarche de proximité, et qu’il soit un facilitateur. Dans ce contexte, je m’efforce depuis mon arrivée, d’abord de calmer le jeu, d’apaiser les choses, et chaque fois que l’occasion m’en est donnée de rétablir, construire ce dialogue avec les uns et les autres. Et c’est mon aspiration la plus profonde : travailler sur des dossier de fond, les dossier du quotidien de nos concitoyens, sur lesquels ils nous attendent.

- Vous travaillez à rétablir le dialogue, mais Gilles Simeoni parle tout de même de « signaux négatifs » envoyés par l’État, comme les récentes interpellations, certaines déclarations sur l’autonomie, l’appel formé contre la décision d’accorder à Pierre Alessandri un régime de semi-liberté…
- Je ne ferai pas de commentaires sur les procédures et décisions de justice. La justice est indépendante et il faut la laisser instruire les dossiers qu’elle a en responsabilité. En tout état de cause, pour ce qui relève de ma décision et de mon initiative, je suis vraiment dans une logique de partenariat total avec le président de la Collectivité de Corse. Nous avons des relations suivies, nous travaillons de manière conjointe, en toute transparence, sur les grands dossiers. Je m’efforce, dès que la chose est possible, d’être en soutien, en accompagnement des projets locaux avec les moyens dont je dispose.

- Les attentats visant les résidences secondaires se multiplient, craignez-vous un retour de la violence ?
- Je suis très attentif à ces évènements. Les services de la police nationale et de la gendarmerie nationale, les services d’enquêtes et de recherches suivent cela de très près. Comme tout le monde, j’aspire au retour au calme et à la sérénité, et à ce que des phénomènes de cette nature ne se prolongent pas. En tout cas, tout est fait du côté des services de l’État pour que cela ne prenne pas une dimension et une ampleur que nous aurions à regretter.