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Amateurs de Tatouages ? Rendez-Vous au palais des congrès d’Ajaccio pour le Corsica Tattoo Fest


Cécile Orsoni le Dimanche 26 Mai 2024 à 08:31

Jusqu’au dimanche 26 mai, le festival Corsica Tatto Fest accueille 90 tatoueurs de renom au Palais des Congrès d’Ajaccio. L’occasion de découvrir cet art ancestral dans une ambiance électrique et de céder, éventuellement, à la tentation d’un dessin sur la peau.



Popink, tatoueur marseillais avec sa fille
Popink, tatoueur marseillais avec sa fille
Depuis le Palais des Congrès d’Ajaccio, les accords de guitare du tube House of the Rising Sun retentissent. Comme pour prévenir à l’avance les curieux de l’ambiance électrique et joviale qui règne dans l’enceinte. Ici, 90 tatoueurs chevronnés ont déposé bagage jusqu’à ce dimanche 20h, dans le cadre du Corsica Tatoo Fest. Un évènement imaginé par Popink, tatoueur marseillais qui pratique cet art depuis 25 ans. « On a voulu mélanger des tatoueurs du monde entier afin qu’ils partagent leur expérience. Des insulaires, des nationaux, mais aussi des internationaux. Pour participer au salon, les candidats envoient des photos de leurs dessins. On prend le temps de les examiner et on sélectionne les meilleurs d’entre eux. Il faut avoir un certain niveau. Chacun à son style : old school, lettrage, oriental, réalisme, cartoon, japonais… Il y en a pour tous les goûts. » se réjouit-il.

De quoi ravir le public. Amandine, jeune Ajaccienne de 23 ans, vient de se faire tatouer un colibri et une fleur sur le bras. Elle a choisi l’artiste Calypso, originaire de Montpellier : « Ce festival, c’est l’occasion d’avoir accès à des tatoueurs que l’on ne peut pas approcher d’habitude. J’aime bien côtoyer la diversité des gens, cela change de l’ambiance superficielle ajaccienne. Ici, personne ne se prend la tête. Pour moi, le tatouage, c’est avant tout à vocation décorative. » explique-t-elle.
 

Sarah venue depuis Ghisonaccia
Sarah venue depuis Ghisonaccia

D’autres, comme Sarah, voient en cette pratique un véritable moyen d’expression. La jeune femme de 39 ans a fait le déplacement depuis Ghisonnaccia. Elle est allongée, immobile. Un tatoueur esquisse minutieusement un phénix sur sa jambe. L’ensemble de son corps est tatoué : « Pour moi, c’est une façon de raconter une histoire, de marquer un moment de sa vie ou, au contraire, de passer à autre chose. Aujourd’hui, le phénix, c’est un symbole de renouveau », sourit-elle.

Parmi les tatoueurs insulaires, Christophe Fabiani de Twenty Four Tattoo à Ajaccio. Il participe au festival depuis ses débuts : « Je dessine beaucoup de fleurs et d’animaux. C’est une façon de retranscrire ma passion pour la nature. Il y a de plus en plus de femmes qui se font plaisir en se tatouant. Elles se lâchent en faisant de grandes pièces. On observe clairement un changement de mœurs. »

Arnaud Pradier, 35 ans, est originaire de Reims. Il a ouvert son salon en Corse il y a deux ans et demi. Ce dernier a remporté un prix lors d’un salon à New York pour son travail mené autour de la technique du réalisme : « Les gens amènent une photo, souvent ce sont des images de leurs proches, et nous, on fait un copier-coller. Les hommes, plus que les femmes, aiment bien le côté spectaculaire du réalisme. On peut jouer avec les couleurs. Souvent, ce sont de grosses pièces. Ils commencent par un endroit et finissent par faire tout le corps. Ils reviennent ensuite auprès de leur tatoueur. Certains amateurs collectionnent des pièces de certains tatoueurs et se déplacent pour les suivre dans le monde entier, comme le ferait quelqu’un qui achèterait les tableaux d’un même peintre. » Nacib, quant à lui, est originaire de Caen. Il fait ce que l'on nomme dans le jargon du old school. Alors qu'il prend la pose devant le dessin d'une pin-up blonde, il explique : « Ce sont des tatouages nés aux USA et en Angleterre au début du vingtième siècle. Je le définis comme un style généralement coloré, avec des contours marqués, épais et reconnaissables. »

A ces artistes insulaires et nationaux se mêlent des Allemands, des Italiens, des Espagnols et même un brésilien. Un mélange de nationalités, mais aussi de générations, puisque les jeunes stars des réseaux sociaux côtoient des tatoueurs qui pratiquent cet art depuis 30 ans. Ce dialogue est nécessaire, selon l’organisateur du festival, bien que certains tatoueurs pointent du doigt avec amertume l’abandon du papier, du crayon et de la règle au profit des applications et des tablettes numériques. Mais qu’importe la méthode, l’art du tatouage a de beaux jours devant lui. L’an dernier, sur deux jours, près de 2000 personnes ont visité le salon et 600 personnes se sont fait tatouer. « L’an prochain, on fera appel aux mêmes artistes, mais l’on espère aussi fédérer de nouveaux talents. Aujourd’hui, le tatouage se modernise. Il y a de plus en plus de gens qui se tatouent. On en voit sur les stars de télé, les sportifs, les acteurs… » observe Popkink. Et peut-être bientôt sur vous ?

Le tatouer corse Christophe Fabiani
Le tatouer corse Christophe Fabiani