Alzheimer : Tous mobilisés pour soutenir les 7 500 malades de Corse

Elle touche aujourd’hui potentiellement près de 7 000 à 7 500 personnes en Corse et plus de 900 000 en France. Affection dont les causes restent encore mal connues, la maladie d’Alzheimer entraine une disparition progressive des neurones dans certaines régions du cerveau, impactant la mémoire ainsi que d’autres fonctions cognitives comme le langage, le raisonnement ou l’attention. « C'est une maladie, qui survient en moyenne plutôt après 75 ans. En Corse, comme nous sommes l’une des régions les plus vieillissantes de France, nous avons un nombre élevé de patients », indique le Dr Marie-Pierre Pancrazi, vice-présidente de l’association Corse Alzheimer et coordonatrice du centre mémoire régional à de l’hôpital de Bastia.
 

Alors que ce jeudi 21 septembre est organisée la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer, cette spécialiste regrette que le nom de cette pathologie fasse toujours aussi peur dans l’inconscient collectif. « L'idée est de dédramatiser, de montrer que les personnes atteintes sont dans la cité, qu'elles sont intégrées et qu’il ne faut pas avoir peur de faire des tests pour voir si on a vraiment un problème de mémoire. Si c’est le cas, il y a beaucoup de choses qu'on peut mettre en place : bien sûr, il y a des médicaments, mais il y a surtout la stimulation cognitive en particulier chez les orthophonistes, l’équipe spécialisée maladie neurodégénérative, le maintien du lien social, la nutrition, l'activité physique, ainsi que l'éducation des proches, l’ajustement du logement, ou encore l’accueil de jour. C’est un ensemble d’éléments qui permettent que l'ajustement se fasse le mieux possible », explique-t-elle en renchérissant : « On peut retarder l'apparition du stade sévère. On peut tout à fait développer une approche globale pour que la personne reste autonome le plus longtemps possible en sécurisant certains éléments qui sont plus dangereux que d'autres, et en la stimulant de façon adéquate. C'est une vraie guidance de l'aidant qui peut permettre cela : apprendre à communiquer de façon positive, trouver des stratégies pour prévenir les troubles du comportement ou les angoisses. Tout cela s'apprend ».

Dans ce droit fil, tout en concédant que la maladie d’Alzheimer est très éprouvante à vivre, aussi bien pour le malade qui se rend parfois compte qu’il perd ses capacités, que pour son entourage, le Dr Pancrazi souligne que les associations, à l’instar de l’antenne 2B de Corse Alzheimer, sont là pour apporter information, soutien et accompagnement. Pour ce faire, elle s’appuie sur des bénévoles dévoués sous l’égide d’Émilie Durastanti. « Nous avons un numéro de téléphone qui est actif toute la semaine*. Nous organisons aussi des permanences à la bibliothèque municipale où nous pouvons recevoir les personnes qui prennent rendez- vous, et nous faisons des cafés mémoire une fois par mois, où les aidants peuvent échanger les uns avec les autres et avec un psychologue. Enfin, nous avons en partenariat avec la ville de Bastia monté des ateliers de réminiscence à la bibliothèque patrimoniale, de chant à l’Alb’oru et d’art thérapie pour les personnes malades en partenariat avec le centre mémoire et le peinte Pierre Barrat », détaille-t-elle. 
 
La vice-présidente de Corse Alzheimer insiste par ailleurs sur l’attention particulière à porter aux aidants qui « se retrouvent souvent isolés, parfois même dans leurs familles ».  « L’association propose une formation de 14 heures pour les informer sur la maladie. C'est important de les aider à se rendre compte qu'ils ne sont pas tout seuls à être dans cette situation et qu'ils peuvent s'appuyer sur un réseau. Cela dédramatise et déculpabilise de voir que d'autres proches vivent la même chose, ont les mêmes difficultés, et parfois ont trouvé des recettes, des stratégies pour faire face », insiste-t-elle.

Afin de faire connaitre ces activités et de récolter des dons destinés notamment à la recherche, Corse Alzheimer propose de multiples rendez-vous au cours des prochains jours.
À Bastia, l’antenne locale organise ainsi tout d’abord une course d’orientation mercredi 20 à partir de 14h au sein de la citadelle. « Notre ambassadrice Linda Piazza, qui est la conservatrice du fonds patrimonial de la bibliothèque municipale nous a concocté une chasse au trésor dans la citadelle sur le thème de la mer avec un circuit pour les enfants et un circuit pour les adultes », sourit le Dr Marie-Pierre Pancrazi.
 
Jeudi 21, à partir de 18h, c’est cette fois une exposition de peinture des participants à l’atelier d’art thérapie qui est organisée à la galerie Noir et Blanc, place du marché, et qui sera suivie d’un apéritif dinatoire.
Ce même jour, du côté d’Ajaccio, l’antenne 2A de l’association investira le Palais Fesch où elle proposera de multiples activités à l’instar d’une exposition de toiles, d’une visite de l’exposition temporaire « Plon-Plon » pour les malades et leurs aidants ou encore de démonstrations de danses.
 
Enfin, le 5 octobre, à l’occasion de la journée nationale des aidants, l’antenne de Haute-Corse avec le soutien des caisses Agirc-Arrco, proposera la projection du film Mon vieux d’Elie Semoun au sein de l’auditorium du musée de Bastia. « À l'issue du film, on pourra faire un débat avec des patients, des aidants et des professionnels pour voir ce que l'on peut faire pour mieux gérer cette maladie », dévoile encore la vice-présidente de l’association.
 
 
 
* Pour joindre l’antenne de Haute-Corse de Corse Alzheimer :
06 76 38 94 89
ou
corsealzheimer2b@gmail.com