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Alexandre Vinciguerra : « Dans les négociations avec le gouvernement, il ne faudra pas dissocier l’institutionnel de l’économique et du social »


Julia Sereni le Mercredi 13 Juillet 2022 à 17:01

Un an après son arrivée à la tête de l’Agence de Développement Économique de la Corse, Alexandre Vinciguerra a présenté, ce mercredi 13 juillet, un premier bilan de son action. L’occasion de revenir sur la stratégie économique de l’Exécutif, mais aussi de poser les orientations politiques défendues dans les futures négociations avec le gouvernement.



Le président de l'Adec a donné une conférence de presse dans les locaux de l'hôtel San Carlu à Ajaccio. Photo : Julia Sereni
Le président de l'Adec a donné une conférence de presse dans les locaux de l'hôtel San Carlu à Ajaccio. Photo : Julia Sereni
Alexandre Vinciguerra s’était donné un an pour poser les jalons d’une nouvelle méthode à l’Agence de Développement Économique de la Corse (Adec). Ce mercredi 13 juillet, le président présente les premiers résultats de son action, dans les salons de l’hôtel San Carlu, à Ajaccio. En posant d’abord un constat, celui d’une économie « en forte reprise, avec une bonne dynamique liée à la reprise touristique, qui représente 40% du PIB ».

Côté chiffres, en un an, les services d’Alexandre Vinciguerra ont accompagné « 500 projets de production ou artisanaux, du coiffeur qui change les sièges de son salon jusqu’à des projets de production d’hydrogène ». Le président cite également « 30 millions d’euros de subventions et de fonds et 150 millions d’investissement, surtout dans les secteurs de l’économie productive ».

La production au coeur du projet pour 2030

Et pour se prémunir de la crise, l’Adec entend poursuivre ses actions, notamment en créant un fonds permettant de temporiser les remboursements des Prêts Garantis par l’État (PGE). « Toutes les entreprises pourront s’adresser à nous pour pouvoir bénéficier de ces fonds qui leur permettent de consolider leur remboursement », explique le président. Au-delà, pour relancer l’économie, l’Adec a mis en oeuvre, « grâce au programme React-Eu un fonds de 10 millions d’euros qui va permettre de doper l’investissement des entreprises ». Enfin, l’agence va lancer « sous peu » un appel à projets pour les artisans « afin de faire en sorte que les petites entreprises puissent consolider leur reprise ».
 
Derrière ces projets, des lignes directrices. Celles du Schéma Régional de Développement Economique, d'Innovation et d'Internationalisation (SRDEII), document qui dessine l’avenir économique de la Corse. Son idée-force : renforcer la production locale de biens et de services. « Elle est essentielle car elle réduit nos dépendances et c’est un de nos objectifs politiques forts. Cela permet aussi de créer de la richesse, de mieux la répartir ». Une nécessité sur une île où « le niveau de salaire moyen est le plus bas de toutes les régions françaises et d’Outre-Mer ». Pour Alexandre Vinciguerra, « l’axe social fait partie avec l’innovation et l’internationalisation de ce qu’on va organiser au mieux d’ici 2030 ».

Les négociations avec l’État en ligne de mire

Fort de cette stratégie, le président de l’Adec formulera trois demandes, dans le cadre des discussions à venir avec le gouvernement. En premier lieu, « essayer de régler des problèmes immédiats », comme la partie du plan France-Relance consacrée à la Corse ou l’absence d’institut régional statistique. « Nous sommes la seule région française, y compris Outre-Mer, qui n’en a pas. Sans comprendre les phénomènes et sans les analyser, il est très difficile de les maîtriser, et de faire des projections. D’où l’importance d’avoir une meilleure connaissance statistique de l’ensemble des phénomènes qui touchent notre économie », argumente Alexandre Vinciguerra.
 
Autre point : travailler sur les transferts de compétences - et donc de moyens - notamment dans les secteurs « de l’emploi, de la formation, du social, mais aussi de l’entreprise ». Pour le président de l’Adec, les prérogatives de la Direction régionale de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités (Dreets) tout comme celles de la Banque Publique d’Investissement (BPI) pourraient être transférées à des structures locales. Dernière demande, et pas des moindres, l’aspect institutionnel, « c’est-à-dire faire en sorte que la Corse dans le cadre de la République puisse créer ses propres lois et règlements. Il ne faudra surtout pas dissocier l’institutionnel de l’économique et du social ».

Le risque mafieux en question

Alors que les négociations sur l’autonomie font craindre à certains observateurs une dérive mafieuse accrue, Alexandre Vinciguerra voit dans sa stratégie une manière d’endiguer le problème. « Il y a une question de système : lorsqu’on se retrouve dans un système économique qui favorise une forme de spéculation, c’est plus difficile. D’où l’importance d’avoir un système économique productif », assure-t-il. À titre d’exemple, l’Adec fait valoir la mise en oeuvre du Corsican Business Act « qui permet d’orienter la commande publique vers les entreprises locales mais aussi de la fragmenter afin qu’il n’y ait pas des lots énormes réservés à des entreprises énormes mais des lots répartis entre plusieurs entreprises, ce qui permet à tout le monde de travailler », conclut le président.