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Ajaccio : les acteurs culturels en colère


P.-P. B le Lundi 25 Janvier 2021 à 10:43

Plusieurs associations culturelles d’Ajaccio et de ses environs se sont rassemblées samedi sur la place du Diamant pour faire passer un message, une revendication, voire un avertissement aux élus, de Corse, mais aussi nationaux…



Sous le kiosque de la place du Diamant il y avait Mario Sepulcre, Paule Maerten, directrice du Festival Corse Romain Gary, Jean-Jacques Colonna d’Istria, personne incontournable de la culture en Corse, Marianna Nativi et bien d’autres actrices et acteurs du monde culturel. 
Au total plus d’une centaine de personnes.autour desquelles avaient été disposés, micros, sono, d’où se sont élevés chants et discours. 
Le vent avait chassé les nuages et le beau temps a été de mise tout le temps du rassemblement.

Deux heures durant, entre 14 et 16 heures, entre autres, I Maistrelli, U Filu d'Amparera, Kevin Naran de Créa Corsica, Marianna Nativi, Jo Carboni à la trompette, Jean-Michel Ropers, Norbert Paganelli, poète et écrivain, Les Kruels et Pat O'Bine ont enchaîné les performances sur la place du Diamant en un moment où il est question de renforcer les précautions sanitaires.

Public et acteurs ont transmis une unité de mécontentements. Les restaurateurs, les hôteliers risquent de rejoindre ce mouvement qui s’agrège en Corse, comme ailleurs sur le territoire national. Leur cri est simple, « vivre ! ». « Une société sans culture est un corps sans âme. » comme dit Mamadou Nabombo

Paule Maerten, directrice du Festival Corse Romain Gary :

- Pourquoi ce rassemblement ?
- L’idée est venue à l’occasion du rassemblement pour le monde culturel devant la préfecture (début janvier). J’ai trouvé triste que la Culture soit si peu représentée. La culture et l’art ne sont rien sans son interaction avec un public. C’est donc ce don nous sommes privés depuis les débuts de la crise sanitaire. J’avais l’envie avec d’autres acteurs de la Culture dont Jean-Jacques Colonna d’Istria, Mario Sepulvre, Pierre Paul Battesti, Plume Jeunesse, etc. de proposer une alternative à la classique manifestation. C’est ainsi que nous avons proposé une « action In-situ » mêlant dénonciation et esthétisme en devenant acteur de notre protestation ! Une façon de proposer un événement sans pour autant se victimiser.

- Quelles seront vos prochaines actions ?
- Les prochaines actions à venir seront en lien avec la région afin de rassembler tous les acteurs de la Culture en Corse ! De Bastia à Ajaccio, en passant par Ile rousse, Porto-Vecchio et Bonifacio.... Nous nous devons d’être ensemble et soudés. Nous réfléchissons à éviter les microcosmes et les individualités.

Jean-Jacques Colonna d'Istria

Jean-Jacques Colonna d'Istria se définit comme « ex libraire, accidentellement éditeur et organisateur de manifestations dites culturelles depuis 50 ans, en deux mots : agitateur culturel, comme mes détracteurs aiment m’appeler ».

- Pourquoi avoir rejoint le mouvement ?
- Je n’ai jamais été un adepte des manifestations de foules même quand elles concernent la Culture, je dois le reconnaître, elles sont trop souvent peu fréquentées. Les « culturels », par essence sont des solitaires et je me range plus volontiers de ce côté.
Je parlerais donc plus de « mouvement » comme celui du clapotis le la mer le long du golfe de Lava ou encore comme celui d’un coup de vent du Libecciu, si j’habitais Bastia.


D’abord parce qu’un mouvement, ça bouge, ça évolue, ça se transforme et j’aime bien cette idée d’évolution. Et puis un mouvement, ça rappelle la danse, la baguette du chef d’orchestre, le geste du pinceau, la souple plume de l’écrivain. Enfin, parce qu’un mouvement ça a un début et une fin. En adhérant spontanément à la proposition de Paule Maerten, l’initiatrice du « Festival littéraire Romain Gary » prévu initialement en mai 2020, aujourd’hui en mai 2021, voire en 2022 ou en 2025, il m’a semblé agir, aller de l’avant et non pas seulement contester. Il faut réagir car on a oublié que la Culture était l’âme d’un pays, et quand âme il y a, le reste suit : l’économie, le social, la vie « out court ». On a oublié la Culture, pis, on l’a bâillonnée sans scrupules ! C’est un choix, malheureux, dramatique pour un pays.


Alors que faire ? Dénoncer cette ignominie- et c’est ce qu’ont fait les participants aux diverses manifestations. Ça ne suffit plus ! Que faire de plus : Montrer que les acteurs de la vie culturelle sont toujours debout, malgré leur bâillon, et qu’ils comptent bien exister envers et contre tous les tracas, embûches et pièges divers qu’on leur tendra. C’est une première manifestation qui démontre leur colère et leur résolution : « agir malgré tout » ! Marre la fermeture des librairies et des médiathèques, marre la fermeture des musées, des théâtres et des cinémas, marre la fermeture des cafés et des restaurants où l’on peut refaire le monde et vivre, marre du confinement et des couvre-feux, marre de nous bâillonner comme en 40 !