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Ajaccio : Un partenariat avec Sorbonne Université pour explorer les trésors de la bibliothèque Fesch


le Mercredi 22 Février 2023 à 21:31

Ce mercredi, la Ville et la prestigieuse université parisienne ont signé une convention qui permettra aux chercheurs de venir étudier le fonds ancien de l'institution ajaccienne.



Simone Guerrini, adjointe municipale en charge de la culture et du patrimoine, et Hélène Casanova-Robin, professeure de littérature latine à la faculté de lettres de Sorbonne Université, ont signé ce mercredi une convention qui permettra à des chercheurs de l'institution parisienne de venir étudier le fonds ancien de la Bibliothèque Fesch
Simone Guerrini, adjointe municipale en charge de la culture et du patrimoine, et Hélène Casanova-Robin, professeure de littérature latine à la faculté de lettres de Sorbonne Université, ont signé ce mercredi une convention qui permettra à des chercheurs de l'institution parisienne de venir étudier le fonds ancien de la Bibliothèque Fesch
C’est un partenariat qui va permettre d’étudier de plus près l’un des joyaux d’Ajaccio. Ce mercredi, la Ville a signé une convention la liant à la prestigieuse Sorbonne Université afin que des chercheurs de cette dernière puissent venir étudier les collections anciennes gréco-latines de la Bibliothèque Fesch. 
 
« Nous avons été contactés il y a presque un an par la Sorbonne qui, intéressée par notre fonds ancien, a voulu nous proposer une collaboration », explique Simone Guerrini, adjointe à la culture et au patrimoine. À la manœuvre, Hélène Casanova-Robin. D’origine corse, cette professeure de littérature latine à la faculté de lettres de Sorbonne Université avait déjà pu observer les nombreux trésors qui dormaient dans les rangées de l’institution ajaccienne et qui ne demandaient qu’à être explorés. « C’est un projet qui me tenait à cœur », livre-t-elle, « Je me suis dit que c’était à la faveur de partenariats auxquels maintenant les universités sont peut-être plus favorables, qu’il serait possible d’explorer ce fonds ancien d’une richesse exceptionnelle qui n’est pas connu et pas bien répertorié ».
 
Prévu pour une durée initiale de 3 ans - renouvelables de façon tacite - ce partenariat prévoit la venue, environ tous les deux mois, de petites équipes de chercheurs de l’université parisienne qui viendront s’intéresser aux volumes remarquables de la bibliothèque Fesch. Des ouvrages datant du XVIe, XVIIe, ou XVIIIe siècles et portant sur des domaines aussi divers que l’Histoire, la philosophie, la philologie, les langues et littératures latine et grecque antiques, l’astronomie ou encore la médecine antique et moderne. « Cette littérature antique reste l’armature fondamentale du savoir moderne. C’est à partir de cet héritage que s’est ensuite constituée la science moderne, puisque les Anciens avaient exploré tous les champs des sciences, des lettres et des arts », s’enthousiasme Hélène Casanova-Robin.

Mettre en lumière des "pépites"

Près d’elle, sa collègue Véronique Boudon-Millot, directrice de recherches au CNRS Sorbonne, relève d’ailleurs : « Concernant la médecine ancienne grecque, traduite en latin, il y a de très belles pièces dans ce fonds ancien de la Bibliothèque Fesch. Ce sont des imprimés, mais ce qui peut faire la valeur de certains de ces exemplaires, ce sont les annotations manuscrites que l’on trouve en marge de ces volumes et qui en font des pièces uniques. On peut grâce à ces annotations retracer l’histoire et le parcours de certains de ces livres : Comment sont-ils arrivés à Ajaccio ? À quel moment ? Par qui ont-ils été lus ? Certaines de ces inscriptions permettent aussi de ressusciter la figure de grands médecins humanistes, dont les annotations sont parvenues jusqu’ici au terme d’un parcours plus ou moins bien connu. L’enjeu, c’est de voir de quelle origine étaient ces livres. On peut identifier parfois les couvents, les oratoires qui ont été pillés à l’époque révolutionnaire et dont les fonds, si précieux, se retrouvent à la bibliothèque Fesch ».
 
« Par ces missions courtes, nous espérons trouver quelques ouvrages intéressants pour les faire connaitre », reprend Hélène Casanova-Robin, « Nous voulons sélectionner quelques pépites qu’on ne trouve que dans cette bibliothèque, ou qui sont extrêmement importantes et signes de la richesse du fonds rassemblé par le cardinal Fesch ».
 
Au terme de cette mission, l’équipe de Sorbonne Université espère apporter un double éclairage à la bibliothèque ajaccienne. « À la fois du côté scientifique, afin d’inciter peut-être la communauté de chercheurs internationale à s’y intéresser aussi et à venir la fréquenter. Et puis plus largement, faire découvrir à tout le monde la richesse de ce fonds ancien, le rendre plus accessible, plus lisible », détaille la professeure de littérature latine en indiquant, en outre, vouloir organiser une table ronde à mi-parcours pour partager l’avancée des recherches. « Et puis, au bout des trois années, nous voulons aussi organiser un colloque de plus grande envergure, qui permettrait de mettre en avant certains ouvrages que l’on a trouvé », dévoile-t-elle.

Un journal de bord pour suivre l'avancée des recherches

Vidée de ses ouvrages, la bibliothèque patrimoniale est prête à entamer sa mue.
Vidée de ses ouvrages, la bibliothèque patrimoniale est prête à entamer sa mue.
Par ailleurs, si des numérisations de ces ouvrages rares sont déjà en cours, les universitaires aspirent également à aider l’équipe de la Bibliothèque Fesch à monter de nouveaux projets de façon beaucoup plus massive afin de donner un accès plus aisé à ces livres anciens. « On ne peut pas non plus souhaiter qu’une foule vienne les manipuler car ce sont des objets extrêmement fragiles, mais en numériser une partie serait une excellente chose », soulève Hélène Casanova-Robin.
 
En somme, « une aventure précieuse », selon les mots de Simone Guerrini, à l’heure où les quelques 15 000 à 20 000 livres constituant ce fonds ancien dorment depuis déjà quelques semaines dans les locaux de la médiathèque Sampiero, fermés au public depuis près d’un an.
Une opération minutieuse, qui s’est déroulée sur deux mois fin 2022, a en effet permis de déplacer ces ouvrages avant que les travaux de réhabilitation de la bibliothèque patrimoniale ne commencent prochainement. Là-aussi, l’opération sera d’ampleur et nécessitera un investissement de 1,7 million d’euros HT, financé à hauteur de 500 000 euros par le Loto du Patrimoine, mais aussi par la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC), la Collectivité de Corse, la Ville d’Ajaccio, ainsi que grâce à une dotation de 200 000 euros de Dassault Histoire et Patrimoine. 
 
Au terme de cette remise en beauté de ce monument incontournable de la Cité impériale, les précieux ouvrages pourront enfin regagner leur place. En attendant, les résultats des recherches de l’équipe de Sorbonne Université  seront publiés en continu sur le site de la bibliothèque patrimoniale afin de tenir la population informée.