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Ajaccio : L'opposition veut réguler la location des meublés de tourisme


Patrice Paquier Lorenzi le Jeudi 25 Janvier 2024 à 14:37

Conseiller municipal d’opposition au sein d’« Aiacciu pà Tutti », Jean-André Miniconi a adressé et co-signé un courrier avec Jean-François Casalta (Pà Aiacciu), dans le but d’organiser un débat portant sur la politique générale de la commune en matière de logement. Avec dans le viseur, la question de la régulation des meublés de tourisme et d’AIRBNB, « qui devient urgente et primordiale aux yeux des Ajacciens » selon le membre du groupe « Aiacciu pà Tutti ». Une session sur cette problématique et du logement dans un cadre plus général pourrait avoir lieu lors d’un prochain conseil municipal à la fin du mois de février.



Jean-André Miniconi souhaite un débat au sein du Conseil Municipal concernant la régulation des meublés de tourisme à Ajaccio.
Jean-André Miniconi souhaite un débat au sein du Conseil Municipal concernant la régulation des meublés de tourisme à Ajaccio.
- Vous avez adressé un courrier au Maire de la Ville, Mr Stéphane Sbraggia, afin d’ouvrir le débat concernant la régulation des meublés de tourisme et d’AIRBNB à Ajaccio, pourquoi cette demande ?
- En avril 2021, nous avions voté en conseil municipal, et à l’unanimité, une délibération portée par Laurent Marcangeli, concernant une régulation à venir des meublés de tourisme. Trois ans  plus tard, le constat est là, sans appel : rien n’a été fait. Pire, aucune discussion sur ce problème récurrent au sein du Pays ajaccien n’a été évoquée alors que dans le même temps, AIRBNB prend une part de marché de plus en plus importante, au plan national, mais également à Ajaccio. Avec Porto-Vecchio, nous sommes la ville, où la pression immobilière est la plus importante : nous avons recensé 3 500 annonces de meublés de tourisme sur la ville, soit 10% du parc locatif total. C’est énorme. De plus, nous avons interrogé plusieurs agences immobilières et là aussi les chiffres sont criants : 80% des achats dans les logements neufs sont destinés à être loué en location de vacances. Ce problème ne va faire qu’empirer au fil des années, il faut agir en urgence. 
 
- Pour vous, la Municipalité n’utiliserait pas tous les leviers disponibles dans son champ de compétence ?
- Écoutez, nous arrivons à un point où les Ajacciens n’arrivent plus à se loger, les loyers sont devenus indécents sur la ville. La part des loyers dans les salaires des Ajacciens devient insupportable. Les jeunes sont obligés d’aller habiter dans la périphérie, où les constructions ont été nombreuses ces dernières années. Partout dans le monde, il y a une chasse aux locations AIRBNB de New York à Paris, en passant par Saint-Malo, Nice ou le Pays basque et même dans le Cap Corse, mais rien à Ajaccio. Nous ne comprenons pas pourquoi la Ville d’Ajaccio n’agit pas alors que le logement est devenu la principale préoccupation des Ajacciens. Il faut une session spéciale pour en débattre ».
 
- Une loi, à ce sujet, est en train d’être examinée au plan national…
- La loi ne fait pas tout et il n’y a pas besoin d’attendre que des décisions soient prises à Paris pour mettre en place certaines dispositions. A Saint-Malo ou au Pays basque, ils n’ont pas attendu que le législateur légifère à l’Assemblée. Les villes peuvent décider et appliquer certaines règles, il faut juste le vouloir. On ne peut plus attendre, la pression immobilière est devenue trop importante.
 
- Réduire les meublés de tourisme à Ajaccio, conduirait de ce fait à une baisse du  montant de reversement de la taxe de séjour, pour la Ville, et qui pourrait impacter le budget….
- D’après les chiffres que nous avons, on parle plutôt d’un reversement à hauteur de 1,5 million d’euros pour la Ville. Mais soyons sérieux : Ajaccio ne dépend pas que de cela ! Pourquoi les autres villes réglementent, quitte à recevoir moins de taxes de séjour, alors qu’Ajaccio ne le pourrait pas. Cela veut dire quoi ? Que nos finances vont si mal contrairement à ce que la Mairie avance ? Ce n’est pas audible de dire aux Ajacciens, qui n’arrivent pas à se loger, que la Ville ne réglemente pas, car elle a besoin de la manne financière d’AIRBNB. Par ce fait, cela voudrait dire que nous sommes dépendants d’AIRBNB financièrement, mais cela va à l’encontre de la qualité de vie des citoyens. Si tel était le cas, cela serait très inquiétant. Auquel cas, il faudrait refaire un budget en prévoyant une baisse de cette manne, mais en augmentant par exemple, la taxe d’habitation, la taxe de séjour (qui concernent également tous les autres hébergements touristiques) et faire des économies sur autre chose. Cela doit être une discussion qui amène à un consensus, car cela est trop important pour l’avenir d’Ajaccio. »
 
- Certains Ajacciens, qui bénéficient également d’un complément de revenus en louant leur bien, n’avez-vous pas peur de leur priver de cela ?
-  Je vais être très clair : nous ne visons pas les Ajacciens, qui louent leur résidence principale l’été, quand ils montent au village. Nous parlons de spéculateurs et de professionnels, qui possèdent au moins deux biens pour gagner de l’argent au détriment des jeunes Ajacciens. D’après les statistiques, ces professionnels qui se spécialisent dans cette activité sont désormais majoritaires. Souvent, ils souvent même basés sur le Continent, et l’argent n’est même pas réinjecté dans la ville.
 
- Quelles solutions allez-vous concrètement proposer ?
- Si le Maire accepte le débat et j’espère qu’il le fera, car c’est une question prioritaire, nous avons plusieurs pistes, qui peuvent être mises en application rapidement. D’abord, attribuer des numéros d’enregistrement à chacun, puis demander un changement d’usage afin de le déclarer en usage commercial, ce qui pourra déclencher la mesure dite de compensation. L’objectif, c’est que si on loue une habitation en meublés de tourisme, il faudra également proposer un bien de même superficie, en location annuelle. Cela se fait déjà dans pas mal de villes touristiques et a prouvé son efficacité. Cela fera baisser immédiatement la pression foncière qui pèse sur la Ville. Aujourd’hui nous avons 3 500 demandes de logements sociaux, pour un parc AIRBNB de 3 500 annonces. Si vous vous promenez sur les Sanguinaires, l’hiver, il y a de quoi prendre peur : les immeubles sont vides. Nous assistons, en ville, à une perte d’identité d’Ajaccio avec un défilé permanent de valises à roulettes, cela ne peut plus durer.

Le conseil municipal
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