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Ajaccio : Hommage à Danielle Casanova et à toutes les Résistantes, connues et inconnues


Marilyne SANTI le Mardi 10 Mai 2016 à 20:24

Dans la résistance Française, une jeune femme corse Vincentella Perini, surnommée Danielle, épouse Casanova allias Garnier née le 9 janvier 1909 à Ajaccio a mené le combat pour la liberté de la France, et donné sa vie pour ses idées. Arrêtée le 15 février 1942 elle est morte du typhus à Auschwitz-Birkenau. Mardi soir devant la plaque dédiée à sa mémoire sur la façade de la maison d'Ajaccio où elle vécut un hommage lui a été rendu lors d'une cérémonie organisée par l'ANACR de Corse-du-Sud. A travers elle, c'est à toutes les Résistantes, connues et inconnues, qui ont fait le sacrifice de leur vie contre le fascisme pour la liberté de la Patrie, pour la démocratie que l'on a rendu hommage à la faveur d'une cérémonie émouvante à laquelle la jeunesse de la ville a été associée



Ajaccio : Hommage à Danielle Casanova et à toutes les Résistantes, connues et inconnues
 « Une surveillance, exercée 170 bis rue de Grenelle, nous a permis d’appréhender Casanova dans l'escalier de l'immeuble alors qu'elle se rendait chez Politzer. Au cours des filatures dont a fait l'objet le militant Cadras, alias Dauvergne, nous avons acquis la certitude que des documents étaient transmis par lui à Politzer et à sa femme par l'intermédiaire de la femme Casanova. » Tels étaient consignés les résultats d’une chasse à l’homme qui conduisirent nombre de résistants(es) à la mort.
 
Danielle Casanova de la Santé au pénitencier de Romainville
Danielle, a refusé de décliner son identité, a été transférée dans les locaux de la BS, la Brigade spéciale, au deuxième étage de la Préfecture de Police. Fouillée, photographiée, elle fut ensuite interrogée.
Le séjour au « Dépôt» de la PP. va durer jusqu'au 23 mars. Elle parviendra à faire sortir quelques lettres que recevra sa mère en les dissimulant dans le linge sale qui était remis à la personne qui se faisait passer pour sa « Tante Célestine ».
Le 23 mars, les prisonniers quittent donc le Dépôt pour la prison de la Santé. Danielle Casanova sera internée à la 4e division avec plusieurs de ses compagnes. Elles y resteront cinq mois et demi, souffrant de la faim et attendant la mort.
Le 9 juin 1942, tout le groupe des femmes est emmené Rue des Saussaies pour interrogatoire par la Gestapo. C'est là que le commissaire David, chef de la BS1 a son bureau où il collabore en permanence avec les Allemands. C'est sans doute en accord avec lui - et ses supérieurs vichystes - que la décision est prise de faire des prisonnières des otages qui seront internées au Fort de Romainville, dans la proche banlieue parisienne. Danielle et ses camarades y arrivent donc le 24 août. Depuis mars, personne à l'extérieur n'a plus eu de leurs nouvelles.
 
Lettre que Danielle Casanova a réussi à faire sortir de Romainville
« Lundi 14 septembre 1942, Romainville.
Enfin me voici sur une piste qui me permettra d'avoir de vos nouvelles, après vous en avoir remis des miennes, ainsi que de celles de la maman du petit Michel et de Marie-Claude, qui sont avec moi. Nous avons quitté la Santé il y a exactement trois semaines, sans avoir été jugées. Sommes-nous ici pour longtemps ou simplement pour quelques jours ? Nous n'en savons rien. En tout cas, ce dont nous nous doutons, c'est que nous serons soit déportées en Allemagne, soit gardées ici comme otages. Après avoir été séparées d'avec nos amies pendant le séjour à la Santé, nous avons été très heureuses de nous retrouver, bien changées cependant. L'autre jour, Marie-Claude s'est évanouie de faim, et la maman de Michel souffre de son foie. Pour moi, j'ai maigri à un point qui a fait la stupéfaction de toutes les internées lors de notre transfert au fort de Romainville, où nous nous trouvons.
Le régime de la Santé était des plus odieux secret, discipline de fer, ou plutôt brimades et traitements inhumains. Mais Monique et moi, nous avons fait du cachot pas nourries de quatre jours, couchées sur le plancher, pas de couvertures ni de manteaux, et cela pendant huit jours consécutifs " depuis que nous sommes ici, nous continuons à souffrir terriblement de la faim, et nous en sommes réduites à manger les trognons de choux jetés à la poubelle et les épluchures de pommes de terre, que j'avale difficilement et que je n'aimerai jamais. Toujours au secret, nous n'avons pas le droit de correspondre ni de recevoir de colis.
Je ne vous ai rien dit sur notre moral. De ce côté-là, ça va admirablement bien. Dites bien à tout le monde que les amies dont les maris ont été fusillés ont supporté avec un très grand courage cette terrible épreuve et qu'elles sont en tous points dignes de ceux qui ne sont plus.
D'eux, je ne vous parle pas mais sachez seulement qu'ils sont morts en héros. Les souffrances mêmes ne nous ont en rien abattues notre foi et notre confiance sont très grandes. En elles, dans l'amour de notre pays et de notre Parti, nous puisons force de résister aux dures épreuves de l'emprisonnement, et nous sommes prêtes à tout.
Nous sommes ici quelque deux cents détenus, hommes et femmes, dont près de quatre-vingts rien que de notre affaire ; il n y a dans le fort que l'Allemands qui nous garde, une vingtaine environ, car ce n'est pas un fort destiné aux troupes d'occupation. Il est transformé en camp de détenus politiques »
 
Danielle déportée le 21 janvier 1943 à Auschwitz
Le convoi arrivera le 27 janvier 1943 aux portes d'Auschwitz-Birkenau.
Sous le matricule 31655, elle contribue à faire connaître à l'extérieur la vérité sur le sort des détenus. Dès fin avril, début mai 1943, des tracts dénonçant l'horreur d'Auschwitz circulent en France.
Le 1er mai 1943, Danielle est prise d'une fièvre violente. Quelques amies, dont Charlotte Delbo, lui rendent visite, mais elle ne les reconnaît pas. Puis la fièvre retombe brusquement. Tout le monde sait que c'est un signe fatal. Le 9 mai, Danielle n'est plus.

Extraits tirés du site