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Ajaccio : Des ateliers pour apprendre la langue des signes au collège de Saint-Paul


Angelina Rosano le Lundi 27 Novembre 2023 à 17:39

Un atelier hebdomadaire d’initiation à la langue des signes française ouvrira prochainement au collège Saint-Paul d’Ajaccio. Une grande première dans un établissement scolaire en Corse. Ce projet est mené avec le Pôle surdité de Corse en collaboration avec le personnel éducatif du collège.



Angélique Antonini animera un atelier hebdomadaire d'apprentissage de la langue des signes dès la semaine prochaine à Saint-Paul. (Photo : Angelina Rosano)
Angélique Antonini animera un atelier hebdomadaire d'apprentissage de la langue des signes dès la semaine prochaine à Saint-Paul. (Photo : Angelina Rosano)
Ce lundi matin, Angélique Antonini, directrice du Pôle surdité de Corse et formatrice en langue des signes française, était au collège Saint-Paul afin d’animer un atelier de présentation quant à l’apprentissage de la langue des signes française (LSF). Toutes les classes de la 6e à la 3e y ont été conviées. Cette matinée de sensibilisation avait pour but de présenter cette langue, reconnue par l’Éducation nationale comme une langue à part entière depuis la Loi du 11 février 2005, ainsi que son histoire. Dès la semaine prochaine, les élèves qui le souhaitent pourront participer à des ateliers d’apprentissage de la langue des signes qui vont être dispensés une à deux fois par semaine par Angélique Antonini, sourde de naissance.
 
Porté par la CPE, Corinne Malossane et la professeure de français Florence Vandendriessche, ce projet d’ateliers est ouvert sur la base du volontariat. « On souhaite qu’il y ait deux groupes, de maximum 8 élèves, par semaine. Nous avons déjà quelques préinscriptions. Un point sera fait dans la semaine pour voir combien ils seront exactement », précise la CPE. « L’atelier d’initiation est une démarche d’éveil à la langue. Les bases seront enseignées durant ce temps de découverte. Ces ateliers font sens, car l’option « langue des signes » est ensuite proposée aux bacheliers », note la professeure de français.
 
« Nous avons réécrit notre projet pédagogique l’an dernier, parmi les piliers de celui-ci se trouve l’apprentissage de la culture par la langue et les arts, explique François Grimaldi, chef d’établissement. Nous avons la possibilité, ici à Saint-Paul, d’avoir un large spectre de langues. Avoir la langue des signes en plus de toutes les autres langues c’est fantastique pour les élèves. Ces ateliers entrent parfaitement dans le cadre de notre projet pédagogique ».
 
Sensibiliser au monde de la surdité
Ces ateliers de découverte représentent une ouverture d’esprit, une ouverture sur l’autre et sur le handicap pour les adolescents. Par le biais d’une traductrice-interprète, Angélique Antonini explique que cette matinée de présentation de la LSF est avant tout une « sensibilisation des enfants au monde de la surdité, à l’histoire de ces personnes. Ce n’est pas seulement apprendre des mots, c’est également connaître une culture, l’histoire d’une langue, son identité ». Les bases de la communication en langue des signes leur sont également démontrées. Certaines formules de politesse, quelques petits mots sont montrés à leur arrivée en classe. Les élèves participent et reproduisent chaque geste. Il n’y a pas d’écriture, tout se fait avec la gestuelle, avec les mains. C’est un nouveau mode d’apprentissage qu’ils doivent découvrir.
Puis vient le temps des questions afin de mieux connaître la surdité, de mieux comprendre comment fonctionne le langage des signes, « pour mieux appréhender les interactions avec les personnes sourdes » également.
 
Les trois classes de 4e présente face à la formatrice se questionnent. Des questions pratiques lui sont posées comme la façon « dont elle se réveille le matin sans utiliser d’alarme », ou encore « comment fait-elle lorsqu’une personne en face d’elle ne parle pas la langue des signes pour la renseigner », ou « comment faire pour joindre les secours ». La formatrice répond, en langue des signes donc, et l’interprète traduit aux enfants qui apprennent qu’il existe un numéro d’urgences dédié aux personnes sourdes ou que les nouvelles technologies permettent de rendre le quotidien plus simple.

Viennent ensuite des questions plus techniques  : « est-ce qu’il n’y a qu’une langue des signes ou est-ce que chaque pays possède sa propre langue ? », « est-ce qu’il y a comme en français des verbes, une grammaire ? ». Là encore, Angélique Antonini explique aux élèves qu’il existe entre 120 et 180 langues des signes différentes, que c’est une langue qui a sa structure, ses règles grammaticales, sa syntaxe, ses expressions et qu’elle enseigne uniquement la langue des signes française.

Intéressés et curieux, les adolescents posent ensuite des questions plus personnelles. Le parcours scolaire de la formatrice est abordé, le temps qu’elle a mis à apprendre la langue des signes, sa vie de famille. Elle répond alors que la langue des signes est sa langue maternelle, qu’elle l’a appris de la même façon qu’ils ont appris à parler français. Mais que son parcours scolaire a en revanche été compliqué, car il n’y a pas d’écoles adaptées en Corse.
 
En ayant une base en langue des signes, ces élèves, futurs adultes de demain, pourront ainsi communiquer avec les personnes sourdes dans de meilleures conditions.