Corse Net Infos - Pure player corse

Ajaccio : Au collège Laetitia, une nouvelle méthode qui fait aimer les mathématiques


Adrien Coutat le Mercredi 6 Décembre 2023 à 08:04

Le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a annoncé ce mardi 5 décembre différentes mesures pour renforcer notamment l'enseignement des mathématiques. Aurélia Bianconi, professeur de maths au collège Laetitia Bonaparte d'Ajaccio, propose depuis trois ans à ses élèves différents travaux représentatifs de l'Art Tembé. Un art géométrique qu'utilisaient au XVIIe siècle les Bushinengués pour parler entre eux.



Les élèves apprécient beaucoup cette méthode d'apprentissage
Les élèves apprécient beaucoup cette méthode d'apprentissage

Le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Gabriel Attal a annoncé ce mardi, lors d’une conférence de presse,  des mesures fortes afin de créer "un choc des savoirs" dans les établissements scolaires alors que le niveau des élèves est en chute libre en maths et en français selon les résultats de l’étude Pisa de l’OCDE. Parmi elles, la création à compter de la rentrée prochaine de groupes de niveaux en français et en mathématiques pour les élèves de 6e et 5e . Cette mesure aura, au même titre que les autres, vocation à remettre de l’exigence à l’école, au collège et au lycée et renforcer l’enseignement des mathématiques et du français.

Consciente de cela, Aurélia Bianconi, enseignante de mathématiques au collège Laetitia Bonaparte d’Ajaccio, enseigne déjà depuis trois ans,  l’Art tembé, un art géométrique que les noirs-marrons de Guyane utilisaient au XVIIe siècle pour communiquer entre eux et qui permet aux élèves de 6e à la 4e d’apprendre les maths de manière différente.  “Au niveau des mathématiques, ça correspond complètement au programme de sixième et de cinquième pour ce qui est de la géométrie. Cette méthode permet de faire de la géométrie axiale et centrale, d'utiliser des outils comme le compas ou encore la règle. Lors du voyage que j’ai récemment effectué avec des élèves de quatrième, je me suis rendu compte qu'il y avait encore une possibilité, même à plus haut niveau, de développer cet art là”, explique-t-elle. “Nous avons là-bas, fait venir un artiste et les élèves sont partis d'une feuille blanche. Pour ce qui est de la symétrie, nous avons revu plein de choses et ça a permis aux élèves de faire un lien avec les exercices du manuel que l’on a pu faire en classe. Ils ont dû utiliser l’ensemble des connaissances qu’ils ont appris à l’école pour essayer de réaliser quelque chose de joli.”

Une méthode aux multiples apports pédagogiques

Aurélia Bianconi pense que l’Art tembé pourrait davantage être utilisé par les enseignants. “Je pense que cette méthode entre en adéquation avec ce que souhaite le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Gabriel Attal. J'ai donné quelques supports à des collègues. De temps en temps, ils les donnent en devoir maison à leurs élèves. Mais cela reste quand même quelque chose de non conventionnel. Je pense que comme c'est assez nouveau, il faut du temps. Néanmoins, je considère qu’on pourrait peut-être encore plus la développer pour les élèves du primaire”, affirme-t-elle. “En ce qui concerne, les quatrièmes,  il y a des extensions possibles sur des choses un peu plus complexes. Nous travaillons notamment sur les logiciels Scratch et Geogebra pour tout qui est algorithmique. Les élèves avec lesquels je suis allé en Guyane sont capables de réaliser des tableaux d’une grande complexité avec des boucles itératives. Cela fait maintenant trois que je travaille avec eux et je vois que ça commence à payer. Ça leur permet aussi d’arriver en classe dans un univers agréable et esthétique. C’est en plus de cela, quelque chose qui les motive, ils sont parfois capables de passer quatre ou cinq heures à réaliser un tableau. Chose qu’ils ne feraient sans doute pas pour des exercices du manuel.”

Consciente des différents apports pédagogiques que peut apporter l’Art tembé, Aurélia Bianconi aimerait dès le mois de février l’introduire pleinement dans ses cours sous forme de petits groupes. “C’est quelque chose que j’ai déjà commencé à faire pour aider certains élèves à apprécier les mathématiques en les étudiant différemment. Mais j’aimerais maintenant que l’Art tembé fasse partie intégrante de la programmation de ce que les élèves font en classe sur l’ensemble de l’année scolaire”, indique-t-elle. “Pour les quatrièmes, je souhaiterais entre autres que les élèves qui ne sont pas partis en voyage travaillent durant une heure sur l’aspect mathématique et je demanderai à des élèves qui sont partis en Guyane de créer eux-mêmes un programme à réaliser sur Scratch et Geogebra.”

Quelques réalisations de certains élèves.
Quelques réalisations de certains élèves.