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Agriculteurs en colère : « personne ne peut douter du soutien de la Collectivité de Corse »


le Jeudi 1 Février 2024 à 15:17

À l'occasion de la séance de questions orales de ce jeudi, la crise agricole que traverse actuellement l'Europe s'est invitée au menu de l'Assemblée de Corse. L'occasion pour le président de l'Odarc d'exprimer le soutien de l'Exécutif pour tenter de trouver des solutions aux difficultés rencontrées par les exploitants insulaires.



Dominique Livrelli, le président de l'Odarc, a indiqué que « personne ne peut douter du soutien de la Collectivité de Corse » auprès du monde agricole insulaire
Dominique Livrelli, le président de l'Odarc, a indiqué que « personne ne peut douter du soutien de la Collectivité de Corse » auprès du monde agricole insulaire
Deux jours après une importante manifestation à Ajaccio, la séance de questions de la session de ce jeudi 1er février a été l’occasion de porter le sujet de la crise que traverse actuellement le monde agricole au sein de l’hémicycle de l’Assemblée de Corse. Rappelant le mouvement de colère des agriculteurs qui éclate un peu partout en Europe, Antoine Poli pour Avanzemu, Marie-Claude Branca pour Core in Fronte et Véronique Arrighi pour Femu a Corsica, en ont en effet profité pour souligner les contraintes supplémentaires auxquels sont confrontées les exploitants insulaires  à l’instar de la  « maîtrise du foncier insuffisante », des « difficultés d’installation », de la « problématique de gestion de la ressource hydrique », des « contraintes multiples liées à l’insularité », ou encore de la « faiblesse des infrastructures de transport ». Par ailleurs, Antoine Poli a également tenu à alerter sur « la multiplication des normes, les exigences des critères d’éligibilité pour l’accès aux aides et des contrôles effectués », qui « sont des carcans complexes qui pourraient être simplifiés au niveau des services de la Collectivité si les avis et retours d’expériences des professionnels étaient pris en compte », tandis que Marie-Claude Branca a pointé la « concurrence créée par l’importation de matières premières transformables, comme le lait ou les produits carnés, qui bénéficient d’une Délégation de Service Public (DSP) dans les transports ». « Cela constitue une injustice qui s’inscrit dans la continuité des lois douanières qui ont détruit l’économie de notre pays », a-t-elle appuyé. Dans ce droit fil, les conseillers territoriaux ont interrogé l’Exécutif sur les mesures qu’il compte mettre en œuvre afin de développer l’agriculture corse. En outre, le représentant d’Avanzemu a pour sa part demandé l’organisation d’une session extraordinaire « consacrée au devenir de l’agriculture corse ». 

"Personne ne peut douter du soutien de la Collectivité de Corse"

En réponse, Dominique Livelli assure tout d'abord que « personne ne peut douter du soutien de la Collectivité de Corse » auprès du monde agricole insulaire. En effet, selon le président de l’Office de Développement Agricole et Rural de la Corse (Odarc) ce soutien a d’une part été « réaffirmé vendredi dernier, lors d’une réunion de Régions de France dédiée à la crise agricole » durant laquelle le président de l’Exécutif « a rappelé combien les spécificités de la Corse amplifiaient encore les difficultés pour nos agriculteurs, afin que celles-ci soient relayées auprès du Premier ministre par Carole Delga, présidente de Régions de France ». D’autre part, il dévoile qu'une réunion organisée le même jour à l’Odarc en présence du président de l’Office Hydraulique a également permis aux agriculteurs corses d’exprimer leurs attentes afin que l’Exécutif puisse porter leurs revendications. « À cette occasion, plusieurs préoccupations ont été soulevées », a indiqué Dominique Livrelli en évoquant en premier lieu « la problématique des règles en matière environnementale » qui peuvent parfois être « très contraignantes voire absurdes » au point qu’elles « deviennent un frein au développement de l’agriculture ». Problématique pour laquelle le président de l'Odarc affirme avoir sollicité le préfet de région, « sans réponse à ce jour ». Au sujet des importations qui viennent concurrencer les productions locales, il note que s’il est « impossible d’interdire l’arrivée de ces produits au nom de la libre circulation des biens », il est « par contre nécessaire d’étudier la possibilité que la DSP ne s’applique pas à certains produits dès lors que l’offre locale couvre les besoins ». « Pour cela il faut négocier une dérogation avec la commission européenne afin qu’elle accepte cette différenciation », explique-t-il.

Dans un autre registre, il évoque la question de la différenciation de l’Indemnité Compensatoire de Handicaps Naturels (ICHN) pour laquelle « l’Odarc a demandé à l’État cette réévaluation dès la préparation du Plan Stratégique National en 2021 pour se mettre au niveau des autres régions ». « Au-delà des crédits européens qui seraient nécessaires pour augmenter l’enveloppe et qu’il faudrait enlever sur d’autres mesures du PNS c’est également l’augmentation de l’enveloppe l’État qui vient en contrepartie nationale qui pose problème. Nous avons donc demandé lors d’une rencontre avec le cabinet du ministre en décembre une analyse comparative précise notamment sur les montants versés en élevage en zone de montagne et haute montagne. À ce jour nous n’avons obtenu aucune réponse », déroule-t-il. 

En ce qui concerne la problématique foncière, il relève « la nécessité absolue de relancer la commission d’aménagement foncier de Corse dans les plus brefs délais ». « La complexité administrative inhérente à la mobilisation de crédits publics, et encore plus quand il s’agit de crédits européens, n’est ni spécifique à la CdC, ni à l’Odarc, ni à la Corse », ajoute-t-il en instillant : « À la différence du continent où un agriculteur monte seul son dossier ou paye un prestataire, l’Odarc de les accompagner au mieux, allant jusqu’à remplir le formulaire de demandes d’aides publiques ». Il précisera encore que son office « applique strictement le pourcentage de 5% de contrôles réglementaires, notamment en ce qui concerne l’ICHN ». « On ne fait pas plus, mais on ne peut pas faire moins de ce que nous obligent les règlements », insiste-t-il. 

Une rencontre prévue vendredi avec les représentants du monde agricole

En conclusion, le président de l’Odarc résumera que l’Exécutif a ainsi déjà fait montre de son souhait d'agir pour « aider les filières en très grande difficulté, structurer les exploitations, et les rendre plus autonomes afin de créer une véritable richesse ». « La majorité territoriale a une vision claire de ce vers quoi l’agriculture corse doit tendre : une agriculture de production respectueuse de l’environnement et garante d’une souveraineté alimentaire pour notre peuple », notera-t-il en glissant avoir, à l’occasion du processus d’autonomie, sollicité « tous les syndicats agricoles, les chambres d’agriculture, mais également les groupes de l’Assemblée afin qu’ils fassent remonter des propositions à l’Odarc sur cinq thématiques : foncier et fiscalité, gouvernance, sanitaire, mise en marché et transport, et PAC premier pilier et financements ». Dominique Livrelli annoncera enfin que la conférence des présidents des groupes de l’Assemblée de Corse doit rencontrer les représentants des syndicats agricoles ce vendredi. Il n’a en revanche pas donné suite à la demande d’organisation d’une session extraordinaire consacrée à la question agricole.