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Agressions d’enseignants en Corse : les syndicats enseignants haussent le ton


Patrice Paquier Lorenzi le Vendredi 7 Juin 2024 à 17:51

L’ensemble des organisations syndicales de l’Education nationale a tenu une conférence de presse ce vendredi, devant le Rectorat de Corse, à Ajaccio, afin de dénoncer « les comportements de plus en plus inacceptables de certains parents d’élèves ». L’intersyndicale annonce « des mesures d’envergure à la rentrée si cette dérive insupportable devait perdurer »



L'intersyndicale de l'Education a tenu à dénoncer les comportements de certains parents d'élèves.
L'intersyndicale de l'Education a tenu à dénoncer les comportements de certains parents d'élèves.

L’ensemble des syndicats enseignants de l'île s'est rassemblé ce vendredi sur le perron du Rectorat de l’Académie de Corse pour protester contre la recrudescence des agressions perpétrées par des parents d’élèves. Ces incidents, en hausse ces dernières semaines, ont poussé les syndicats à agir. Avant de prendre la parole, les représentants syndicaux ont reçu le soutien de Jean-Philippe Agresti, le Recteur de Corse, qui a réaffirmé son appui lors d’une réunion qu’il avait convoquée le 5 juin.


« Les limites sont largement atteintes »

Pierre-Dominique Ramacciotti, le secrétaire académique du SNALC (Syndicat National des Lycées, Collèges, et Écoles) de Corse, a exprimé la frustration et l'inquiétude des enseignants : « Depuis des mois, notre académie connaît de trop nombreux comportements inacceptables de la part de certains parents d’élèves. Ce fléau est déjà très présent dans les écoles maternelles et élémentaires et tend à se développer de plus en plus dans collèges et lycées. Les insultes, les pressions, les menaces, les mises en cause sur les réseaux sociaux et les agressions physiques se multiplient. Il est temps que la société dans son ensemble prenne conscience que les limites sont largement atteintes. Nous condamnons fermement de tels agissements qui sont en totale contradiction avec les différentes missions qui sont dévolues aux enseignants ».


Pas de journée « Scola Morta »

Bien que l’idée d’une journée de grève générale, « Scola morta », ait été envisagée, les syndicats ont décidé de ne pas la mettre en place, notamment en raison de l'approche des examens. Cependant, l’intersyndicale a promis des actions à la rentrée si la situation ne s’améliore pas : « Cette prise de conscience dans la société doit être rapide, sans cela c’est l’école publique que nous chérissons qui risque de disparaître. Nous n’hésiterons pas à mener des actions d’envergure dès la rentrée de septembre si cette dérive insupportable devait perdurer ».

Ces déclarations interviennent dans un contexte marqué par une série d’agressions physiques et verbales commises par des parents d’élèves. Parmi les incidents récents, on compte des agressions à l’école François Amadei à Bastia, à l'école l'Alba à Borgo, à l’école Salines 6 à Ajaccio après les vacances de Pâques, à l’école Simone Peretti de Biguglia, et dans l’enceinte scolaire de Casamozza à Lucciana en décembre dernier.

Le Recteur Jean-Philippe Agresti, en soutien aux enseignants, a déclaré : « Ces actes de violence et d'intimidation à l'encontre de nos enseignants sont intolérables. Il est impératif que nous, en tant que communauté éducative et société, travaillions ensemble pour garantir un environnement sûr et respectueux pour tous ».


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« Il faut changer le cadre juridique »
 
Pour Jean-Paul Luciani, porte-parole du STC Education, il y a également urgence à changer le cadre juridique pour donner plus de pouvoir au Rectorat : « Nous proposons une cellule rectorale réactive à intervention instantanée, qui pourrait être une préparation au dossier et ses suites judiciaires. Un parent qui se met dans une situation d’acte délictueux dans le cadre d’un rapport avec un enseignant, si on le convoque immédiatement, il n’est pas obligé d’y répondre immédiatement. Le Recteur n’a pas de pouvoir de police. Si cette instance est mise en place, il pourra ensuite avoir un niveau judiciaire, une aggravation du caractère délictueux du comportement de l’enfant ».
 
De son côté, le recteur a assuré, lors de la dernière réunion du 5 juin, la mise en place « de réponses immédiates », avec notamment, la protection systématique de l’administration, mais aussi du corps médical « lorsqu’un besoin de soutien psychologique est nécessaire ». Une mesure jugée « au cœur de [leurs] revendications » par l’intersyndicale. Face à ces violences, Jean-Philippe Agresti rappelait que « l’autorité d’un enseignant n’est pas de l’autoritarisme », mais qu’elle s’inscrit « dans le collectif, et non dans l’individualité », tout en insistant sur les recours existants pour les parents, en cas de désaccord avec l'équipe éducative. « Un service de proximité ne doit en aucun cas induire des comportements irrespectueux », avait-il martelé.