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Affaire Colonna : Gilles Simeoni demande l’installation immédiate d’une Commission d’enquête indépendante


Nicole Mari le Vendredi 4 Mars 2022 à 12:19

Devant les conditions obscures de la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna, le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni, qui est aussi son ex-avocat, demande, avec l’accord de la famille, l’installation immédiate, comme la loi le permet, d’une Commission d’enquête indépendante composée de parlementaires français et d’élus de l’Assemblée de Corse. Il explique, à Corse Net Infos, qu’ils n’ont pas confiance dans la Commission administrative et que tous les éléments matériels dévoilés posent de lourdes suspicions et interrogations, notamment sur la facilité avec lequel l’auteur des faits a agi.



Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, devant la Préfecture de Corse, après l’annonce de la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna.  Photo Michel Luccioni
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, devant la Préfecture de Corse, après l’annonce de la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna. Photo Michel Luccioni
- Vous avez dit que les conditions de cette tentative d’assassinat étaient très troubles. Avez-vous des suspicions sur ce qui s’est passé ?
- Les suspicions étaient déjà extrêmement fortes dès que la nouvelle a été connue et que les circonstances générales de la tentative d’assassinat ont été portées à la connaissance du public. Cette suspicion générale est, aujourd’hui, considérablement renforcée par tous les éléments qui ont été communiqués, y compris par le Parquet antiterroriste et les autorités depuis mercredi matin. Quand on met tous ces éléments matériels bout à bout, c’est un scénario absolument invraisemblable qui se dessine et qui suscite forcément beaucoup d’interrogations. Et, au-delà de ces interrogations, qui, pour certaines, sont restées sans réponse, il y a une conviction : ce qui s’est passé n’aurait jamais dû se passer ! Il y a forcément quelque chose qui n’est pas clair !
 
- On parle de « scandale d’Etat », de « faute grave de l’Etat ». Est-ce votre sentiment ?
- Je pense que nous sommes effectivement dans une affaire d’Etat et dans un scandale d’Etat. On l’était déjà avec l’affaire d’Yvan ! L’auteur de la tentative d’assassinat était comme une grenade dégoupillée. La question est : Qui a dégoupillé la grenade ? Qui a armé son bras ? Lorsqu’on met en perspective tous les éléments qui ont été dévoilés, la facilité avec laquelle l’assassin a pu agir avant, pendant et après, dessine, je le répète, de lourdes suspicions et de lourdes interrogations. 

- Vous ne semblez pas avoir grande confiance dans la Commission d’enquête administrative qui été désignée. Pourquoi ?
- Nous n’avons absolument aucune confiance dans l’enquête administrative parce que malheureusement, nous avons trop l’expérience en Corse et de façon générale, chaque fois qu’il y a eu des affaires graves qui ont impliqué l’Etat, des manœuvres pour enterrer les affaires, que ce soit au plan administratif ou au plan judiciaire. Concernant l’histoire de la Corse, tout le monde a en tête les barbouzes de Francia : les évènements récents nous ont rappelés combien cela restait d’actualité. On peut aussi citer l’affaire de la Caravelle Nice-Aiacciu. On peut citer des affaires politico-judiciaires retentissantes avec des morts suspectes, y compris dans la vie politique française. On sait bien que ces affaires-là sont systématiquement enterrées.

- Avez-vous eu des contacts avec un membre du gouvernement, le Premier ministre ou le ministre de l’Intérieur ?
- Aucun !
 
- Que demandez-vous concrètement ?
- Je demande, dès aujourd’hui, en accord avec la présidente de l’assemblée de Corse et la famille d’Yvan Colonna, la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante avec des pouvoirs d’investigation et d’audition, comme les textes le prévoient. Une Commission d’enquête qui soit composée, à la fois, de parlementaires, députés et sénateurs, et d’élus de l’Assemblée de Corse. Je souhaite, bien sûr, que l’ensemble des groupes puisse avoir un représentant dans cette Commission pour que toute la lumière soit faite et qu’elle soit faite par un organe qui sera totalement indépendant. Comme je l’ai dit et je le répète : Yvan Colonna a été étranglé. On ne peut pas laisser, ni étouffer, ni enterrer l’affaire ! On se battra pour que la justice soit rendue à Yvan, comme on se bat de façon générale pour la justice en Corse !
 
Propos recueillis par Nicole MARI.