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À la Protection judiciaire de la jeunesse de Haute-Corse, "l'éducatif prime sur le répressif"


Laurent Hérin le Vendredi 24 Novembre 2023 à 15:41

Ce jeudi 23 novembre, les locaux de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) étaient ouverts au public. L'objectif premier de cette journée porte ouverte, qui se déroule depuis 23 ans, est de faire découvrir l'institution, son rôle et les différents métiers qui la composent. Visite guidée à Bastia



Laura Abrani et Audrey Franchi font visiter les lieux lors de la journée porte ouverte © LH
Laura Abrani et Audrey Franchi font visiter les lieux lors de la journée porte ouverte © LH
Les locaux de la PJJ sont situés au Fango, en haut de l'avenue Jean Zuccarelli. Ce jeudi, à l'occasion d'une journée nationale organisée par le Ministère de la Justice, ils étaient ouverts au public. « Il y a 52 structures au niveau national, la Corse est évidemment associée, à Bastia et Ajaccio » précise Laura Abrani, directrice territoriale de l'établissement. L'objectif principal de ce dispositif, selon Audrey Franchi, responsable d'unité éducative, est de faire découvrir au plus grand nombre l'institution : « Qui nous sommes, les professionnels qui travaillent ici et ce que nous proposons aux jeunes. » En effet, cette unité éducative de milieu ouvert accueille principalement des adolescents envoyés par l'autorité judiciaire, sur décision de justice. L'équipe est composée d'éducateurs, d'assistantes sociales et de psychologues. « On a un mandat judiciaire pour suivre ces jeunes. Notre cœur des métiers, ce sont plutôt les ados, de 15 à 20 ans. On peut aller jusqu'à 21 ans max. Il y a beaucoup plus de garçon que de files, c'est une réalité » insiste Laura Abrani. Ces jeunes ont commis des infractions ou ont besoin de mesures de protections, par rapport à leur environnement, notamment familial. Mais aussi parfois les deux.  L'accompagnement peut prendre différentes formes, il s'adapte au jeune, à son parcours et surtout à la raison de sa venue. « Le suivi varie d'un jeune à l'autre. Quelle infraction il a commis et pour quelle raison ? À partir de là, on définit ensemble comment l'accompagner, particulièrement dans le domaine de la santé » ajoute Audrey Franchi.

Le rôle de l'associatif
Des activités sont également proposées aux jeunes « en fonction de leurs besoins. Elles doivent avoir un sens, être importante dans leurs parcours. » Ainsi, la PJJ a travaillé en collaboration avec la fabbrica culturale Casell'arte de Venaco à deux reprises, sur des projets artistiques. Le réalisateur Nicolas Giuliani a, par exemple, accompagné trois jeunes sur la réalisation de films. Ils ont eu l'occasion d'appréhender les aspects techniques du métier : travailler avec une caméra, sur des prises de son et même sur le montage de leurs films. « C'est un vrai plus. Ils ont découvert un métier qu'ils ne rencontrent pas tous les jours, ce projet artistique leur a aussi permis de s'interroger sur leur histoire, insiste Audrey Franchi. De la même façon, quand on va faire du sport avec eux, ce n'est pas uniquement ludique, il y a une dimension et une visée éducative. C'est aussi l'occasion d'acquérir des compétences. » Des actions qui vont parfaitement dans le sens du rôle de la PJJ : éducatif avant d'être coercitif. « L'éducatif prime sur le répressif, pour le moment » selon la directrice de l'établissement qui rappelle quelques points d'histoire. Le traitement de la délinquance remonte au début du XXsiècle. En 1912 se sont créés les premiers tribunaux pour enfants. En 1945, après-guerre, est apparue l'éducation surveillée. Enfin, depuis 1991, la PJJ existe sous cette appellation avec comme objectif l'insertion et l'éducation des mineurs en conflit avec la loi, mais aussi la protection des mineurs en danger.

Renforcer le lien
Cette journée porte ouverte est également un moyen pour l'équipe de renforcer les liens qui l'unissent aux partenaires associatifs, aux institutionnels ou encore aux autorités judiciaires et administratives. « Nous voulons apporter de la lisibilité sur le territoire, sur ce que nous sommes et ce que nous faisons. Et pourquoi pas rencontrer de nouveaux partenaires, ajoute Laura Abrani. Nous ne pouvons pas travailler seules. » D'ailleurs, le lieu est partagé. La Corse ne dispose pas des mêmes structures que sur le continent. La PJJ récupère certaines missions comme celle de la protection de l'enfance. Un des bureaux permet d'accueillir des enfants et leurs familles. Les jeunes, eux, n'étaient pas présents ce jeudi, mais ils peuvent passer à tout moment. « Il n'y a pas de rencontre organisée, ils peuvent s'arrêter quand ils le veulent. Nous sommes un lieu ouvert » conclut Audrey Franchi.