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A Via San Martinu : U Festivale di a ruralità prend ses marques dans les Dolomites en Italie


Nicole Mari le Mardi 13 Septembre 2022 à 20:08

U festivale di a ruralità redémarre, pour sa 14ème édition, le 18 septembre dans les Dolomites en Italie. Une première hors les murs pour souligner le caractère européen de cet itinéraire culturel, labellisé par le Conseil de l’Europe, et qui, dans sa version corse, s’appelle « A Via San Martinu ». Respect de l’environnement, de la culture et du patrimoine sont les moteurs de ce chemin qui véhicule les valeurs européennes et sonne le réveil des territoires ruraux autour d’un patrimoine commun, de la notion de partage et d’un concept de bande verte et citoyenne qui prône un éco-tourisme lent et durable. Interview, pour Corse Net Infos, de Christian Andreani, président du Centru culturale San Martinu Corsica.



Christian Andreani, président du Centru culturale San Martinu Corsica.
Christian Andreani, président du Centru culturale San Martinu Corsica.
- U festivale di a ruralità s’exporte, ce mois de septembre, en Italie dans les Dolomites. C’est une première ! Pourquoi ce départ hors les murs ?
- Le festival démarre en Italie dans un territoire montagneux et rural, les Dolomites. Il y a eu un prologue à San Vincente à Pianellu en aout dernier. A Via San Martinu est une portion de l’Itinéraire culturel européen « La Via Sancti Martini », labellisé par le Conseil de l’Europe, centré sur le personnage de Saint Martin qui relie entre eux les territoires ruraux de l’Europe autour de valeurs et d’un patrimoine commun. Les célèbres Pale di San Martino à près de 2800 mètres d’altitude, forment le plus vaste groupe montagneux des Dolomites, elles ne sont pas sans évoquer nos montagnes du Niolu où San Martinu a combattu le Diable… L’endroit où nous allons, il comune di Pieve di Cadore dans la Provincia di Belluno Dolomiti, possède du patrimoine martinien, notamment une basilique cathédrale très ancienne. Ce lieu n’est pas très éloigné du nouveau centre culturel Saint-Martin qui vient d’ouvrir, cette année, à San Tomaso di Maiano et de l’Hospitale di San Giovanni di Gerusaleme. La Corse est non seulement partie prenante de l’Itinéraire, mais aussi force de propositions. Nous allons rencontrer des acteurs culturels qui organisent un festival, le Sani folk Festival, Festival di musica tradizionale delle Gente di montagna, qui décline une vision très particulière de l’espace rural.
 
- Que propose, ensuite, cette 14ème édition d’u festivale ?
- On sort quand même du Covid, l’équilibre reste fragile, même si, cette année, de nombreuses activités ont refleuri. Donc, la première séquence, qui débute samedi, s’arrêtera début décembre. Nous sommes en train de finaliser le programme en Corse. Nous retournerons en Casinca-Castagniccia, à Vulpajola, Tallone, Zonza Santa Lucia, Pianotoli, Figari, Sotta, Casaglione, Evisa, San Fiurenzu, Ville di Petrabugnu, Bastia... Le temps fort reste les festivités de San Martinu autour du 11 novembre à Patrimoniu qui fête, comme chaque année, le saint patron de la vigne et du blé. Auparavant, le 6 novembre, u festivale se déplacera à Tours avec un concert à la basilique Saint Martin de Tours, et une journée le jour avant, à Paris, le 5 novembre, sur le canal Saint Martin. Une deuxième séquence reprendra en janvier 2023 avec une programmation étalée sur l’année. Nous visiterons des lieux nouveaux de façon à projeter l’itinéraire sur les territoires, travailler et faire comprendre le projet à des nouvelles communes et associations. De plus en plus de communes demandent maintenant à être connectées à l’itinéraire, via le festivale. C’est la nouveauté. Par exemple, la mairie de Scolca. Notre force est de proposer un projet concret pour le rural qui relie tout le monde, ce qui n’existe pas, et de prouver que les territoires ruraux sont riches de possibilités, de trésors insoupçonnés, de joyaux architecturaux, comme les églises romanes et baroques, les castelli, les citadelles, les ponts … et de gens dépositaires d’une mémoire et de savoirs ancestraux. La Corse dispose d’un énorme potentiel naturel, culturel, historique et patrimonial qui mérite d’être davantage mis en valeur. L’ambition d’A Via San Martinu est de contribuer à être un outil de développement et d’aménagement des territoires ruraux.
 
- L’itinéraire fait aussi la promotion d’un autre tourisme. C’est d’actualité ?
- Oui ! L’actualité touristique a mis, cet été, cruellement en lumière ce que je le répète depuis des années sur la nécessité de changer de paradigme et de penser le tourisme différemment.
Devant la saturation et la sur-fréquentation des sites, devant un tourisme qui devient, sur deux mois de l’année, un tourisme de prédation et de destruction de notre patrimoine environnemental, on ne peut plus continuer comme par le passé. On ne peut plus se reposer sur la seule saison estivale. Il faut attirer d’autres touristes tout au long de l’année sur des flux petits, pérennes et sur d’autres bases. L’idée est de travailler sur des problématiques de tourisme culturel et patrimonial en lien direct avec des schémas de développement que choisiront les communes et intercommunalités en valorisant les producteurs et les acteurs du territoire rural et en mettant en réseau des gens qui partagent ces valeurs. L’Itinéraire propose une nouvelle forme de tourisme, lent, vert et citoyen qui n’existe pas de façon organisée en Corse et qui est une formidable opportunité pour valoriser et redynamiser les territoires ruraux. C’est un tourisme différent, beaucoup plus proche des préoccupations environnementales, avec des touristes qui veulent découvrir le territoire autrement et hors saison. C’est, donc, un tourisme supportable ou soutenable pour la population locale et qui se construit en conscience avec le territoire. A banda verde è citàdina serait un moyen d’organiser des flux à la mesure d’un territoire et par là même, d’y fixer des gens, producteurs, artisans et jeunes actifs, qui voudraient bien y vivre, mais qui n’ont pas d’opportunité pour le faire. Ce sont aussi de nouveaux comportements et une nouvelle philosophie. De cette façon A Via San Martinu entre dans un projet de construction des nouveaux enjeux du tourisme qu’il faut redéfinir dans certains coins de Corse.
 
- A Via San Martinu fête, cette année, ces 14 ans. Où en est le développement de cet itinéraire en Corse ?
- Nous développons cet itinéraire avec le souci de l’étendre le plus possible sur tout le territoire insulaire à partir du patrimoine martinien qui foisonne en Corse et qui se lit sur 1700 ans depuis la période paléochrétienne. Cela consiste à mettre en réseau des villages, des villes, des associations en allant à leur contact. Il faut du temps pour faire des expertises du patrimoine martinien, pour aller à la recherche des personnes qui sont dans la même logique de développement, qui portent la même réflexion et rencontrer les acteurs du territoire pour les agréger au projet. Dans le courant de l’année prochaine, la première étape de l’Itinéraire devrait être bouclée entre Patrimoniu et Ville di Petrabugnu, les chemins sont faits. L’Agence du Tourisme de la Corse participe activement au développement et à la promotion du projet au sein de l’ensemble des territoires insulaires, dans le cadre de la mission France Ingénierie Tourisme menée par Atout France au titre des projets structurants. Un travail de terrain a été effectué en mai dernier autour d’une première étape pilote sur plus de 50 kms entre Patrimoniu -Ville di Petrabugnu et la Casinca-Castagniccia. A terme, la perspective est d’étaler l’itinéraire du Nord au Sud de la Corse, du Cap jusqu’à Bunifaziu. La dynamique est en marche.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

La via Sancti Martini, Itinéraire culturel européen

L’itinéraire culturel européen de Saint Martin – A Via Sancti Martini – a l’ambition de partager la connaissance et les valeurs d’un personnage commun à toute l’Europe, Saint Martin, à travers un itinéraire de 2800 kilomètres qui retrace son parcours de Hongrie jusqu’en France en traversant 14 pays. 1700 ans après sa mort, les deux gestes forts qu’il a accomplis - le partage de son manteau avec un pauvre et le baiser à un lépreux – ont tellement marqué les mémoires que le Conseil de l’Europe l’a choisi comme personnage emblématique des valeurs européennes. San Martinu, patron des vignerons, est le chantre de la ruralité. C’est pour cela que chaque territoire le décline sous une forme locale. L’objectif affiché par le chemin de Saint Martin est, selon son promoteur Antoine Selosse, de construire « un chemin du 21ème siècle : exemplaire, éthique, social et environnemental… Un lieu de partage et d’échanges entre les locaux et les passants autour de projets concrets se structurant en relation avec l’homme et la nature ». Il impose un véritable changement des mentalités, un éveil des consciences à l’absolue nécessité de partager le bien commun : l'eau, l'air, la nourriture, les ressources, les savoirs, les cultures, l'accès à l'éducation, au travail, à la santé, au logement... A banda verde è citàdina est un chemin doux, lent, authentique, où l’on prend le temps de découvrir un territoire autrement, de rencontrer ses habitants, d’appréhender leur culture, leur mode de vie, leurs activités, de découvrir les produits du terroir, de manger sainement, de consommer équitable tout en respectant et protégeant les sites naturels et en défendant les valeurs de partage citoyen. C’est désormais dans l’air du temps !