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A Lisula, les transporteurs dénoncent une concurrence déloyale des navettes de la CCIRB


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Mercredi 3 Avril 2024 à 16:04

Les navettes de la communauté de communes de Lisula ont été bloquées à l’entrée de leur dépôt, ce mercredi 3 avril par l’intersyndicale des transporteurs de voyageurs de Corse, la FNTV et Strada Corsa, afin de dénoncer une concurrence déloyale envers leur profession.



Ce mercredi matin, l’intersyndicale FNTV, (Fédération Nationale des Transporteurs de Voyageurs) et Strada Corsa, se sont mobilisés cet bloqué le départ des navettes de la Communauté de Commune Lisula Balagne. Un blocage qui avait pour but la dénonciation d’une concurrence déloyale envers la profession du transport de voyageurs. Sur place, le président de la FNTV, Jean-François Benassi, le porte parole de Strada Corsa, Sauveur Grisoni, aux côtés des transporteurs et des chauffeurs de taxis de la micro région.
"J’entends les revendications des transporteurs, mais cela ne veut pas dire que je les comprends. Ils sont dans la défense de leur propre version. Ils ne comprennent pas que la communauté de communes ait mis des lignes régulières de minibus sur notre territoire" explique Lionel Mortini, le président de la CCIRB, qui s’est également rendu sur place pour dialoguer avec les manifestants. 

La protestation des transporteurs vise principalement la mise en place d’une nouvelle ligne de navette desservant l’aéroport de Calvi, un projet perçu comme une atteinte à leurs activités. "Au début nous avions trouvé tout à fait normal le fait de desservir les villages pour apporter un service supplémentaire aux locaux et notamment aux personnes âgées. Mais cette décision ne devait pas être pérenne. Elle devait être suivie par une discussion avec les transporteurs. Et aujourd’hui, c’est un service public qui transporte gratuitement tout le monde, y compris l’ensemble des gens qui viennent l’été en vacances. Un service payé avec l’argent du contribuable. Ce n’est donc pas possible", martèle Sauveur Grisoni. Une concurrence considérée comme déloyale, "C’est la mise en place de lignes parallèles à des lignes existantes qui nous a fait réagir" continue Sauveur Grisoni, avant d’ajouter, "aujourd’hui la com com de Lisula a décidé de créer sa propre régie et de se mettre en concurrence directe avec l’ensemble des transporteurs de Voyageurs de Balagne. Nous ne pouvons pas accepter qu’une com com ou autre institution vienne se mettre en concurrence avec les professionnels du secteur. Nous n’avons pas les mêmes devoirs de résultats. Les choses sont galvaudées".

Un partenariat entre les services publics et privés à envisager ?
Pour l’intersyndicale, il y aurait dû avoir une concertation entre les professionnels et la collectivité Balanine. "La com com a voulu pallier un manque de transports sur la desserte des villages et la concertation aurait dû être de mise. Le fait de créer une régie est un manque de réflection" ajoute le porte parole de Strada Corsa. "Dans le sud, a Purtivechju, a mis en place ce genre de transport. Les bus appartiennent à la mairie et le service a été donné en délégation à des transporteurs professionnels qui font le travail à 100%. On voudrait qu’en Balagne ce soit la même chose. Il y’a assez de professionnel pour que cela. Il faut trouver un point d’équilibre" détaille Jean-François Benazzi.
 


Nous travaillons pour les plus précaires
Depuis, la mise en place de ce nouveau service, deux rencontres ont déjà eu lieu entre les transporteurs privés et l’interco mais les discussions ne semblent pas avancer. "Il semblerait que le message de Marie Josée Cappinielli, ( vice présidence de la CCIRB) ne soit pas passé. Il y a des craintes. En rediscutera. Le coût de fonctionnement en terme fiscal, pour les habitants de Balagne, c’est - de 1 % de fonctionnement de notre budget, le reste étant payé sur la taxe transport. Ce n’est donc pas le contribuable qui paye ou très peu. C’est un véritable service que l’on propose. Mais si les habitants de la Balagne, considèrent que cela ne sert à rien, et que l’on fait de l’ombre transporteurs et aux Taxis, alors nous verrons. Mais ce n’est pas le sentiment que j’entends au quotidien. Nous avons notamment une population dans les villages qui est rassurée par ce service" détaille de son côté Lionel Mortini en expliquant que la desserte de l’aéroport sera quant à elle payante, avec un prix qui sera fixé bientôt. "Nous pensons notamment à ceux qui ont peu de moyens pour faire l’aller-retour jusqu’à l’aéroport. Ce sera moins cher que les taux fixés par les Taxis. Un aller-retour en avion bord à bord coûte dans les 100 €. Et un aller-retour aéroport/ Lisula en taxi coûte lui 140€. Normalement l’avion ne devrait pas coûter moins cher que le taxi. Certaines personnes ne peuvent pas se le payer. Nous travaillons pour les plus fragiles et les plus précaires ", ajoute le président.

"Avec cette navette, les taxis seront directement impactés. Le transport des touristes, c’est une bouffée d’oxygène pour eux. Nous ne voyons pas d’un bon œil le fait qu il y ait cette navette entre Calvi et Lisula. Ils sont là pour travailler et on va leur substituer ce qui peut leur apporter un peu de confort. Il y a des solutions à trouver et des discussions à avoir". expliquent les syndicats. "Ce n’est pas du tout une concurrence, c’est un service public qui a été amené en plus à notre territoire. C’est comme si on nous disait que notre épicerie solidaire faisait concurrence aux supermarchés de la région. Raison gardée, nous sommes sur quelque chose qui est complètement différent, on répond aux besoins de la population et pour cela, avec la vice-présidente, Marie-Jo Cappinielli, nous continuons à faire ce travail " riposte Lionel Mortini.

En décembre, la gronde des taxis et transporteurs se faisait déjà entendre après l’annonce de la mise en place de cette navette qui ne desservira l’aéroport qu’en 2025, depuis le territoire de la CCIRB. "Nous pourrons certainement nous réunir, lorsque le maître Marie-Jo Cappinielli sera présente, et mettre sur la table, tous les arguments des uns et des autres. Nous ne sommes pas là pour faire de l’ombre aux transporteurs, au contraire. Nous considérons qu’il faut développer la mobilité. Aujourd’hui, les actions que nous menons, sont soutenus par le président de l’exécutif. L’an dernier, dans le cadre de la DSP, grâce à notre action et notre com com, nous avons obtenu plusieurs milliers de sièges supplémentaires pour Calvi, qui profitent également un transporteurs. C’est très important pour nous d’avoir des avions qui font l’aller-retour dans la journée, notamment pour les personnes malades, avec une amplitude de plus de 7h. Un appel entendu par le président, président du conseil exécutif, qui a permis de développement et la survie de l’aéroport de Calvi", précise l’élu.

Mais une discussion qui n’a pas été bien accueillie par les professionnels. "La discussion avec Mme Cappinielli ne s’est pas bien passée. Nous avions en face de nous quelqu’un un de fermé. Aujourd’hui nous sommes là pour construire et pour discuter". 

Une réunion entre les élus et les professionnels devrait se dérouler rapidement.  "Pour décider d’un partenariat public/ privé. Et si cela ne se fait pas, on reviendra", conclut Sauveur Grisoni.

Lionel Mortini
Lionel Mortini