Corse Net Infos - Pure player corse

A Corte, la tradition du Jeudi Saint se perpétue


Mario Grazi le Jeudi 28 Mars 2024 à 22:04

Les membres de la Cunfraterna di San Teofalu à Corte se sont retrouvés en la chapelle Sainte Croix ce jeudi soir pour un temps de prières avant d’effectuer la procession à travers les rues et ruelles de la cité et de réaliser à trois reprises la traditionnelle « lumaca ».



La pluie qui a rythmé cette journée de jeudi a cessé dans le courant de l’après-midi, permettant ainsi le bon déroulement de la traditionnelle procession du Jeudi saint à Corte. Cette procession est toutefois toujours ouverte aux femmes, depuis le début des années 1970. Jadis, les fidèles se rassemblaient à l’église de l’Annonciation en après-midi pour la messe des Ténèbres et la messe de la Cène du Seigneur, avec le lavement des pieds. Cette cérémonie seule est encore célébrée aujourd’hui. Les anciens se souviennent qu’à l’époque, la messe des Ténèbres constituait un moment fort de la Semaine sainte. Rassemblés dans l’église de l’Annonciation autour d’un immense chandelier de quinze cierges, les fidèles récitaient des psaumes et au fur et à mesure on éteignait les cierges un à un. L’extinction du dernier cierge était alors marquée par un vacarme immense provoqué par les crécelles et aux cris de « fora satanassu », pour chasser le diable !
 
 

En revanche, une tradition reste bien tenace à Corte à l’occasion de ce Jeudi saint et concerne les repas du midi et du soir. Dans les foyers, un seul plat au menu de cette journée : paste è cecci ! Cette soupe de pois chiches est également accompagnée de beignets de courge, sans œufs, et récoltée le 31 octobre de l’année passée.

C’est donc à 21 heures que les pénitents, « i battuddi », vêtus d’une aube blanche, la tête recouverte d’une cagoule blanche et les épaules surmontées d’une « mantelletta » noire, ont quitté la chapelle Sainte-Croix en direction du quartier des Purette, via la vieille ville, en chantant successivement le "Pienghji pienghji o Pecatore", le « Signore mi pentu » et le "Perdonno mio Diu", et en l’absence du clergé.

Devant le clocher triangulaire de Grossetti, ils ont effectué la première lumaca. Un rite processionnaire au cours duquel « i battuddi » s’enroulent et se déroulent, tel un escargot, autour des croix ornées des palmes tressées en forme de poissons. C’est le moment pour les confrères de faire pénitence, d’expier leurs péchés sous leurs cagoules et de se retrouver, de renaître, de se renouveler.
La procession reprend alors son cours vers la ville en direction de l’église paroissiale pour une deuxième lumaca.

La troisième aura lieu quelques minutes plus tard sur la place Paoli devant une foule immense de fidèles récitant le « je vous salue Marie ». La procession se poursuit sur une partie du cours Paoli seulement, puisque les confrères rejoignent la chapelle Sainte-Croix par la Riccia !


Ce vendredi, les cérémonies se poursuivront et seront marquées par la procession du porte-croix à 21 heures.