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À Ajaccio et Bonifacio, "La mer en débat" a mobilisé les Corses


MP le Lundi 26 Février 2024 à 20:30

Le débat public national sur l'avenir de la mer et des littoraux a fait escale en Corse-du-Sud du 21 au 23 février. Au fil des différents temps forts organisés à cette occasion, la population et les différents acteurs impliqués dans la gestion des questions maritimes et littorales ont largement répondu présents afin d'aider à construire les politiques publiques de demain.



À Bonifacio, vendredi dernier, le débat public s'est longuement porté sur le besoin d'accentuer la coopération internationale dans les eaux corso-sardes (Photo : X La mer en débat)
À Bonifacio, vendredi dernier, le débat public s'est longuement porté sur le besoin d'accentuer la coopération internationale dans les eaux corso-sardes (Photo : X La mer en débat)
Permettre aux citoyens de faire des choix pour construire les politiques publiques pour l’avenir de la mer et des littoraux. C’est l’objectif du débat public « La mer en débat » organisé par la Commission Nationale du Débat Public qui a fait escale en Corse-du-Sud la semaine dernière. Un évènement qui a fortement mobilisé tant les sujets dont il était question à Ajaccio puis Bonifacio suscitent un vif intérêt parmi la population.
 
À Ajaccio, deux temps forts se sont ainsi articulés autour de l’avenir du golfe. « C’est un sujet qui à la base est présenté comme conflictuel par beaucoup de personnes », glisse Etienne Ballan, coordinateur de « La mer en débat » pour la façade Méditerranée, en ajoutant : « Pourtant le débat s’est très bien passé et il y a eu beaucoup de plaisir et d’enthousiasme à venir échanger autour de ce sujet. Tous les acteurs, que ce soit les socioprofessionnels, les associations, les citoyens, les collectivités ou encore les services de l’État ont accepté de jouer le jeu et de venir se parler et échanger de l’information sur leurs activités respectives et sur leurs points de vue ». En mer, en visite dans le golfe, puis au sein du Palais des Congrès, les nombreux participants ont ainsi formulé leurs préoccupations, mais aussi leurs propositions pour l’avenir. « Il y a une vraie conscience du caractère précieux de la mer et du fait qu’on ne peut pas faire n’importe quoi », souligne Etienne Ballan en dévoilant que les mesures proposées, bien que protectrices de l’environnement, se sont voulues « nuancées » et ont cherché à trouver un juste milieu entre les différents usages qui sont faits du golfe.
 
À Bonifacio, le débat, plus général, s’est porté en premier lieu sur la coopération internationale entre la France et l’Italie, pour mettre au point des régulations communes dans les eaux corso-sardes. « Aujourd'hui, les deux pays coopèrent déjà un peu à travers les aires marines protégées des deux côtés de la frontière, mais c'est un processus lent. Tous les acteurs ont dit qu'il fallait arriver à ce que les règles soient les mêmes partout. On ne peut pas imposer aux plaisanciers des logiques différentes, juste parce qu'on franchit une ligne imaginaire au milieu de l'eau », indique le coordinateur de « La mer en débat ». Par ailleurs, les participants ont aussi longuement évoqué les moyens de surveillance de la navigation. « Il a notamment été question du pilotage des navires pour éviter des accidents de navigation ou les pollutions liées à l'échouage. Beaucoup de personnes ont participé comme le responsable du Cross Med, et des pilotes des différents ports. Ces acteurs nous ont dit à quel point le sujet était important, surtout sur la capacité que l’on a à faire respecter les règles de navigation pour justement qu'on soit vraiment dans une logique de gestion raisonnée et intelligente », note Etienne Ballan.

« Les Corses ont des choses à dire sur la mer »

De ces trois jours en Corse, le coordinateur de « La mer en débat » pour la façade Méditerranée, retient avant tout l’implication des associations environnementales « qui poussent et qui portent des notamment des actions de toutes sortes ». « Mais elles ont été prêtes au dialogue. C'est une protection qui cherche à convaincre », observe-t-il en prenant un exemple qui l’a marqué : « Le CPIE, qui est intervenu à Ajaccio, s’est exprimé sur la question des activités populaires de la mer, et a soutenu qu’on ne la protègera pas juste par des décrets ou des règles ou des interdictions, mais par le fait que de plus nombreux Corses les pratiquent. Elle a ainsi plaidé pour un accès à la mer plus facile. C'est un pari intéressant de dire que la protection passe par des usages populaires de la mer parce que sinon c'est un sujet qu'on laisse de côté ». En outre, Etienne Ballan a également constaté la place particulière des pêcheurs insulaires et la coopération à laquelle ils sont prêts avec les autres acteurs. « C’est très intéressant et vraiment assez exemplaire pour la façade méditerranéenne », sourit-il avant de conclure : « Mais surtout, il est incontestable que les Corses ont des choses à dire sur la mer. En tant qu’insulaires ils sont très conscients que beaucoup de sujets de leur existence trouvent leur origine ou leur règlement dans les questions maritimes et littorales. Et du coup ils ont bien compris l'importance de ce débat public. C'est une grande satisfaction de notre part ».