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A Ajaccio, des rapaces pour effrayer les étourneaux


Angelina Rosano le Lundi 27 Novembre 2023 à 10:22

Comme chaque année depuis près de dix ans, les étourneaux sont chassés de la ville d’Ajaccio afin d’en limiter les nuisances. Pour ce faire, des fauconniers on passé quelques jours dans les rues de cité Impériale. Rencontre



Crédit photo Ville d'Ajaccio
Crédit photo Ville d'Ajaccio
Depuis une dizaine d’années maintenant, la mairie d’Ajaccio et son service hygiène et santé, font appel à un fauconnier pour éloigner les étourneaux de la ville et ainsi d’éviter les nombreuses nuisances émises par ces petits volatiles. Cette opération naturelle a pour but de répondre à un problème de salubrité notamment en raison des nombreuses déjections sur les trottoirs, véhicules ou terrasses de commerçants. Mais également pour limiter les nuisances sonores, olfactives et sanitaires. « Au-delà des 15 grammes de fientes produits chaque nuit pour un oiseau, les étourneaux sont aussi porteurs de bactéries et virus qui, pour certains, peuvent être transmissibles à l’Homme. Une fiente sèche devient de la poussière et respirée par une personne ayant un système humanitaire diminué, cette poussière peut déclencher une grosse pneumonie » explique Nicolas Noailles, l’un des quatre fauconniers présents à Ajaccio ces derniers jours. 
Si la ville intervient pour réduire ces risques liés à la santé et la salubrité, les étourneaux peuvent aussi être dangereux pour l’aéroport à proximité. « Si un étourneau entre dans le réacteur d’un avion, ce dernier est fichu. Cela peut être très dangereux » relève le fauconnier.
 
Cette année l’opération n’a duré que quatre jours en raison d’un nombre d’oiseaux bien plus faible que les autres années. « 85 000 étourneaux ont été estimés lundi soir, pour notre premier jour d’intervention. L’an dernier il y en avait 140 000. Cette diminution est liée à plusieurs facteurs et notamment les conditions météorologiques qui peuvent varier d’une année sur l’autre".
 
Quatre rapaces ont été utilisés pour chasser et éloigner les étourneaux de la ville. Ces petits aigles d’Amérique du Sud appelés Harris, ont l’avantage d’être très sociables. « Ils s’habituent rapidement aux activités humaines, on peut donc les faire travailler en centre ville sans que cela ne présente de danger pour eux, de plus ils peuvent évoluer ensemble, en meute » remarque Nicolas Noailles.

Remettre un prédateur naturel en ville

Les rapaces sont ainsi lâchés avant que la nuit ne tombe, au moment où les étourneaux se rassemblent. « Il y a un double effet, d’abord, les étourneaux vont les voir et vont donc hésiter à se poser dans les arbres, et si jamais ils décident de quand même se poser, les rapaces vont déclencher une attaque pour les faire fuir. Le but des attaques est uniquement de faire peur aux oiseaux et non pas de les capturer ou de les blesser. Afin d’éviter cette possibilité, on met une petite sonnette aux pattes de nos rapaces, cette dernière nous permet d’abord de les localiser au son quand ils se déplacent, mais surtout, elle permet aux étourneaux d’entendre le rapace au moment où il va déclencher son attaque. Ils ont ainsi le temps de fuir ».
 Le but de cette opération est de créer un climat d’insécurité qui va pousser les volatiles en migration, aucune destruction n’est faite.  « Nous sommes sur de l’effarouchement en remettant un prédateur naturel en centre ville ».
En complément de ces attaques menées par ces petits aigles, la pyrotechnie a également été utilisée. Cette combine des deux techniques permet un résultat plus rapide. « Il nous a fallut uniquement trois ou quatre jours pour qu’il y ait un départ total de la population alors que sans la pyrotechnie l’opération aurait été plus longue, environ six ou huit jours ».
Les quatre fauconniers ne se concentrent pas uniquement sur le centre ville, ils se sont déplacés jusqu’aux sanguinaires car « l’objectif est d’éviter que les étourneaux sortent du centre ville pour se rendre dans les quartiers environnants, ils ne doivent pas se sentir en sécurité même dans ces quartiers-là pour faire un réel bond migratoire ».
Sur les 85 000 volatiles présents en début de semaine à Ajaccio, il n’en reste que 600. « Ceux-ci ne sont pas migrateurs. Les étourneaux unicolores sont une espèce qu’on ne trouve qu’en Corse et en Sardaigne, on ne peut donc pas les faire partir mais ils ne représentent même pas 1% de l’effectif traité ».