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À Ajaccio, des investissements maintenus en 2024 dans un contexte toujours contraint


Patrice Paquier Lorenzi le Samedi 27 Janvier 2024 à 09:41

Élément essentiel de la démocratie participative, le débat d’orientation budgétaire est obligatoire depuis 2016. Il était à l’ordre du jour du conseil municipal d’Ajaccio ce vendredi soir. Pierre Pugliesi, l’adjoint aux finances de la Ville a ainsi dressé les grands contours du budget 2024 de la Ville, dans un contexte économique difficile mais avec une volonté toujours intacte d’entamer les investissements nécessaires à la modernisation de la cité impériale. Les élus ont ensuite échangé sur les différentes pistes afin de dégager des recettes supplémentaires pour faire face notamment à l'augmentation importante de la masse salariale de la Ville.



Le débat sur les orientations budgétaires 2024 s'est déroulé ce vendredi soir en séance du Conseil Municipal d'Ajaccio.
Le débat sur les orientations budgétaires 2024 s'est déroulé ce vendredi soir en séance du Conseil Municipal d'Ajaccio.
En amont du débat d’orientation budgétaire 2024, qui était à l’ordre du jour du Conseil Municipal de la ville ce vendredi soir, Stéphane Sbraggia, le Maire d’Ajaccio, a tenu à rassurer et à répondre positivement à l’opposition, qui avait adressé un courrier dans la semaine, demandant une session spéciale afin de débattre d’une future régulation des meublés de tourisme au sein de la cité impériale :  « Vous nous avez sollicités pour une session spécifique concernant notamment la politique du logement. Nous pourrons débattre de tout cela le 22 février lors du prochain Conseil Municipal, où sera notamment évoqué le Plan Local d’Urbanisme, ainsi que des questions relatives au logement et aux problématiques que vous évoquez ».
Mais l’ordre du jour de la séance avait surtout des allures d’exercices comptables avec le débat d’orientation budgétaire, présenté dans un rapport condensé par Pierre Pugliesi, Adjoint en charge des finances de la Ville d’Ajaccio : « Malgré une augmentation imposée inédite des dépenses de fonctionnement depuis deux exercices, sans compensations financières de l’État, l’Épargne de la ville continue d’augmenter passant de 5,3 M€ à 5,9 M€, entre 2022 et 2023, et ce sans toucher au levier fiscal. Ce montant n’est pas exceptionnel, mais l’objectif reste d’offrir le meilleur des services à nos citoyens et nous sommes obligés de l’utiliser aux fins des Ajacciens. Bien que les conditions soient difficiles, nous arrivons à tenir le cap de nos investissements et créer de nouvelles opérations. L’État nous a demandé de faire des efforts sur nos dépenses publiques, ce que nous avons fait. Nous pouvons également noter une hausse des recettes fiscales liées à l’inflation. Les dépenses de personnel vont augmenter de 2,6% avec une masse salariale estimée à 72,6 millions d’euros ».
 
Une masse salariale qui pèse sur le budget de la Ville
Une masse salariale qui pèse pour près de 70% du budget de la ville, et qui est passée de 64,4 millions d’euros en 2021 à 70,8 millions en 2023 avec une projection à 72,6 millions d’euros en 2024. Un montant qui pèse sur les finances de la ville et qui ne cesse d’augmenter malgré la maîtrise de son évolution par la Municipalité à hauteur de 2,5% par an. Des charges bien trop lourdes pour l’opposition et notamment Jean-André Miniconi : « On peut voir que le budget est contraint et le restera encore l’année prochaine suite au contexte économique global et sous l'effet de l'inflation et de la hausse des taux d'intérêt. Depuis plusieurs années, les charges de personnel sont élevées et ne font qu’augmenter de manière mécanique, chaque année, de manière très importante, malgré les efforts que vous avez faits. À un moment donné, elles vont augmenter plus vite que les recettes. Il faut changer de système. Même avec une augmentation de 2,5%, on ne va pas s’en sortir. Le rapport de la Chambre régionale des Comptes ouvre des pistes : si on veut que la commune dégage une épargne nette positive, il faut réduire cette masse salariale. On pourrait par exemple économiser 3 M€ avec le non-remplacement d’un agent à la retraite sur 3 (à peu près 10 agents par an), la fin de l’octroi d’une journée de congé sans base légale et une réduction du taux d’absentéisme. Cette masse salariale pesée à hauteur de plus de 70% du budget de la Ville. La deuxième solution serait d’augmenter les impôts et taxes, mais nous n'en sommes pas là ».
 
Augmenter les impôts pour faire face à la flambée de la masse salariale ? Impensable pour Laurent Marcangeli, le député de la Corse-du-Sud : « Hormis la hausse de la taxe d’habitation pour les résidences secondaires, nous avons lutté pour ne pas augmenter les taxes pour nos citoyens. C’est une politique que nous menons depuis 10 ans dans ce sens et j’espère que cela continuera ainsi. Il n’y a pas beaucoup d’équivalents en France, concernant la fiscalité que nous avons à Ajaccio. Depuis 2014, notre Municipalité n’a jamais augmenté les taux. Il ne faut pas se cacher de n'avoir jamais augmenté la fiscalité, mais plutôt s’en enorgueillir ».
 
Vers une hausse du prix du stationnement payant pour les non-résidents
Outre la masse salariale élevée, l’épargne reste insuffisante aux yeux de Jean-François Casalta, lui aussi membre de l’opposition : « Évidemment, le taux d'épargne n’est pas satisfaisant. Mais, le meilleur service que l’on peut rendre aux citoyens c’est de continuer à investir. Là, le problème c'est qu'on ne peut investir qu’en empruntant, et ainsi notre stock de dettes ne baisse pas. À un moment donné, il va falloir se désendetter. Concernant les charges de personnel, nous sommes conscients que ce sont avant tout des hommes et des femmes et une richesse pour la Ville, mais nous sommes rattrapés par la réalité. Il y a peut-être des pistes à suivre. Avons-nous une feuille de route et des solutions pour contenir ces charges de personnel ? Il nous faut une politique pour contrer cette hausse ».
Les élus cherchent des recettes supplémentaires, cela passera sûrement par une hausse des tarifs de stationnement en surface et en parking uniquement pour les non-résidents du Pays Ajaccien. Jean-François Casalta approuve l’idée émise par la Majorité : « Il faudra sûrement revoir tous les logiciels et bornes que nous avions jusqu’à présent, mais je suis plutôt favorable à ce que les gens qui viennent de l’extérieur au Pays ajaccien payent un peu plus cher le coût du stationnement. C’est une idée intéressante pour générer des revenus supplémentaires sans léser les Ajacciens ».
Une épargne insuffisante, des charges de personnels qui flambent, mais une dette qui tend à diminuer et surtout des investissements toujours, et encore comme se réjouit Pierre Pugliesi : « Nous investissons chaque année environ 20M€, qui sont injectés chaque année directement dans l’économie locale. Pour 2024/2025, la seule requalification de la place Diamant va demander 50 M€ pour les deux exercices. Malgré l’emprunt que nous allons contracter (24M€ de 2024 à 2026), la Ville va continuer à se désendetter. Concernant les investissements, L’État va nous aider avec le PTIC et un financement à hauteur de 70%. Pour le reste, nous ne sommes pas des magiciens. Nous avons des efforts à faire en matière de masse salariale. Il va falloir trouver de nouvelles recettes, pourquoi pas avec une future évolution institutionnelle possible. Avoir recours à l’augmentation de la fiscalité n’est pas raisonnable, car nous vivons dans une île pauvre, il ne faut pas l'oublier. Notre capacité de désendettement est de 13 ans. On vise 12. Avant, elle était plus près de 18 années. Concernant les investissements, alors oui nous sommes tributaires des emprunts et nous l’assumons, car pour le moment, nous ne pouvons pas faire autrement".

Des investissements qui concerneront dorénavant pour près de 20% la proximité (voirie, éclairage public, propreté), 18% sur le développement durable et 13% pour les crèches et écoles pour la période 2024/2026.