Le mardi 5 mai 1992, Nathalie Graziani et ses amis ont pris un jour de congé pour pouvoir faire la fête. A 20h30, leur club, le Sporting Club de Bastia, affrontera l’Olympique de Marseille en demi-finale de la coupe de France. Pour l’occasion, toute l’île s’est mise en bleu et blanc.
« Mes amis avaient peint leur 4L, nous faisions des tours de la ville sur le capot des voitures en klaxonnant. Je n’avais jamais connu une telle ambiance », se souvient émue Nathalie Graziani, alors employée administrative qui se rendait régulièrement voir les matchs du SCB.
Cela fait plusieurs semaines que la jeune femme de 22 ans a pris ses billets pour la nouvelle tribune qui vient d’être construite. Son père Jean-Pierre, qui habite à Paris est un passionné de football, il a pris l’avion et doit arriver à 18 heures au stade. Mais attention, pas question pour Nathalie de dire à l’avance à son père où ils seront placés. « Mon père avait sûrement un sixième sens, il ne voulait pas monter sur la tribune, il ne faisait que dire qu’elle allait tomber, que ce n’était pas possible d’en monter une aussi rapidement. Moi j’étais jeune, insouciante, je le trouvais rabat-joie. Quand je lui ai dit où nous étions placés, tout en haut, à deux rangs de la fin de la tribune, il voulait faire demi-tour et m’a dit "déchire mon billet." Finalement il y est allé mais est resté très longtemps vers le bas. Ce n’est que 5 minutes avant qu’elle s’effondre qu’il est monté me rejoindre ».
Avant le début du match, Nathalie Graziani se souvient de l’ambiance, de la ola dans le stade, des drapeaux agités, des cris, des pieds qui tapaient… de la fête. « On sentait que ça bougeait mais on était tellement portés par l’ambiance qu’on ne voulait surtout pas le louper, rien ne pouvait nous arrêter. A aucun moment je me suis dit que mon père avait peut-être raison ».
« Mes amis avaient peint leur 4L, nous faisions des tours de la ville sur le capot des voitures en klaxonnant. Je n’avais jamais connu une telle ambiance », se souvient émue Nathalie Graziani, alors employée administrative qui se rendait régulièrement voir les matchs du SCB.
Cela fait plusieurs semaines que la jeune femme de 22 ans a pris ses billets pour la nouvelle tribune qui vient d’être construite. Son père Jean-Pierre, qui habite à Paris est un passionné de football, il a pris l’avion et doit arriver à 18 heures au stade. Mais attention, pas question pour Nathalie de dire à l’avance à son père où ils seront placés. « Mon père avait sûrement un sixième sens, il ne voulait pas monter sur la tribune, il ne faisait que dire qu’elle allait tomber, que ce n’était pas possible d’en monter une aussi rapidement. Moi j’étais jeune, insouciante, je le trouvais rabat-joie. Quand je lui ai dit où nous étions placés, tout en haut, à deux rangs de la fin de la tribune, il voulait faire demi-tour et m’a dit "déchire mon billet." Finalement il y est allé mais est resté très longtemps vers le bas. Ce n’est que 5 minutes avant qu’elle s’effondre qu’il est monté me rejoindre ».
Avant le début du match, Nathalie Graziani se souvient de l’ambiance, de la ola dans le stade, des drapeaux agités, des cris, des pieds qui tapaient… de la fête. « On sentait que ça bougeait mais on était tellement portés par l’ambiance qu’on ne voulait surtout pas le louper, rien ne pouvait nous arrêter. A aucun moment je me suis dit que mon père avait peut-être raison ».
Nathalie Graziani
Au mauvais endroit, au mauvais moment
Marcel Flori
Non loin d’eux, se trouve Marcel Flori alors âgé de 28 ans. L’homme passionné du Sporting mais aussi d’automobile, assistait jusqu’à 16 heures au tour de Corse à Biguglia. Quelques semaines plus tôt, il avait acheté un billet en tribune Est mais au dernier moment, son cousin Didier, alors journaliste pour RCI, lui demande de lui ramener une télévision dans l’espace réservé à la presse situé en tribune Nord. « Mon cousin m’a ensuite demandé de surveiller son matériel le temps qu’il aille sur le terrain interviewer les joueurs donc je suis resté dans cette tribune », indique Marcel Flori. A 20h24, il sent la tribune pencher à gauche puis, plus rien. L’homme de 28 ans perd connaissance et ne se réveillera que bien plus tard, assis par terre, appuyé contre un camion de CRS souffrant d’une déviation du bassin.
Patrick Rao n’a pas eu autant de chance… L’homme de 32 ans ambulancier à l’hôpital de Bastia se trouvait dans la même tribune que Nathalie, Jean-Pierre, Marcel et Didier mais n’a pas survécut à la chute.
Sa maman, Laurence Rao, a 87 ans se souvient encore douloureusement de la soirée où elle a perdu son fils unique. « Avec mon mari nous venions de nous mettre devant la télé, nous allions regarder le match quand nous avons appris que la tribune était tombée. Nous savions que notre fils y était alors nous avons rejoint le stade mais nous ne le trouvions pas. A 2 heures du matin on nous a dit qu’il était au bloc opératoire à Falcunaghja », se remémore-t-elle douloureusement.
Les poumons écrasés, un problème à la tête, Patrick Rao est décédé le 10 mai 1992; 5 jours après son admission en réanimation.
30 ans plus tard, « se battre pour la vie »
Laurence Rao a perdu son fils Patrick à Furiani
Après le drame, Nathalie Graziani a eu du mal à pénétrer à nouveau dans un stade de football.
Psychologiquement, la supportrice a réussi à se préserver grâce à son jeune âge.
Marcel Flori, a fait trois mois de rééducation et « est vite passé à autre chose », comme un moyen de se protéger du traumatisme.
Laurence Rao, elle, ne passe pas un jour sans penser, parler et embrasser des photos de son défunt fils. « Je ne souhaite à personne de perdre un enfant. Trente ans plus tard, la douleur est toujours là. Heureusement, j’ai été bien entourée. Mais c’est Patrick qui m’a donné la force de continuer, je l’entends toujours me dire de me battre pour la vie ».
Psychologiquement, la supportrice a réussi à se préserver grâce à son jeune âge.
Marcel Flori, a fait trois mois de rééducation et « est vite passé à autre chose », comme un moyen de se protéger du traumatisme.
Laurence Rao, elle, ne passe pas un jour sans penser, parler et embrasser des photos de son défunt fils. « Je ne souhaite à personne de perdre un enfant. Trente ans plus tard, la douleur est toujours là. Heureusement, j’ai été bien entourée. Mais c’est Patrick qui m’a donné la force de continuer, je l’entends toujours me dire de me battre pour la vie ».
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