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VIDEO - Face aux crises, l’Exécutif de Corse entend garder le cap


Julia Sereni le Mardi 26 Janvier 2021 à 18:32

À la veille de l’ouverture de la session de l’Assemblée de Corse des jeudi 28 et vendredi 29 janvier, le conseil Exécutif, quasiment au complet, est revenu sur les profondes crises qui traversent l’île. Dénonçant une attitude de déni de la part de l’État, son président Gilles Simeoni entend néanmoins garder le cap dans cette dernière ligne droite avant l’échéance territoriale du mois de juin.



Le président du conseil Exécutif de Corse Gilles Simeoni. Photos : Michel Luccioni
Le président du conseil Exécutif de Corse Gilles Simeoni. Photos : Michel Luccioni
La quasi totalité des membres du conseil Exécutif a tenu, ce mardi 26 janvier, une conférence de presse commune. Un format rarement convoqué durant cette mandature, preuve que le symbole était de rigueur, face à la situation « objectivement complexe et difficile » que connait la Corse aujourd’hui. « Nous sommes confrontés à un cumul de contraintes sans précédent dans l’histoire de l’île » annonce le président de l’Exécutif Gilles Simeoni.
 
Crises à tous les étages
 
Première à être évoquée, la crise sanitaire, qui frappe l’île comme le reste du monde, avec les conséquences tragiques que l’on connait. Son corollaire, la crise économique et sociale, ne tarde pas à être développée par Gilles Simeoni : « Il y a un point de discordance important avec l’État et ses services qui considèrent que la situation est revenue à ce qu’elle était avant la crise, que le plus dur est derrière nous. Or, nous sommes en désaccord total avec cette analyse, nous considérons que la situation économique et sociale de la Corse est gravissime ». Une crise qui est également budgétaire, notamment pour la collectivité, qui voit ses dépenses augmenter et ses recettes baisser. À titre d’illustration, le président de l’Exécutif pointe les chiffres du Revenu de Solidarité Active (RSA) : « Le nombre de demandeurs connait une hausse de 23% par rapport à l’an dernier ». Crise aussi « systémique, d’un modèle ». En cause, la question des déchets ou celle des transports. « Comment un expert peut-il considérer que la Corsica Ferries aurait gagné 90 millions d’euros s’il n’y avait pas eu le service complémentaire alors que la compagnie a déclaré 24,9 millions d’euros sur sept ans ? » s’interroge Gilles Simeoni, revenant sur le dossier de la desserte maritime. Enfin, dernière crise et pas des moindres, la crise politique « qui en tant que nationalistes ne peut pas nous satisfaire ».
 
Déni et blocage de l’État
 
« Quoi que l’on puisse penser de tel ou préfet, le dénominateur commun de toutes les prises de position c’est le choix politique du gouvernement de considérer pour la première fois depuis 1982 qu’il n’y a pas de question corse. C’est un élément de gravité majeure » considère le président de l’Exécutif, rappelant les différentes étapes qui ont marqué les relations avec l’État, du premier statut particulier de 1982 aux mots de « peuple corse » prononcés par l’ancien président de la République François Hollande devant les élus de l’Assemblée de Corse en 2017, en passant par les accords de Matignon. « Aujourd’hui, l’État est en situation de blocage et même de déni » dénonce Gilles Simeoni, « ce qui conduit nos militants à faire part de leur mécontentement et à nous demander d’avancer ».
 
Un conseil Exécutif au travail
 
C’est le message qu’entend faire passer le président de l’Exécutif : « Les semaines à venir seront cruciales, nous sommes tout entier consacrés à réussir ». « Nous gardons le cap quelles que puissent être les provocations ou les difficultés. Nous le maintenons en travaillant beaucoup pour améliorer la situation de notre peuple » renchérit le président de l’Agence de Développement Economique de la Corse Jean-Christophe Angelini. Et de travail, l’Exécutif n’en manque pas, à commencer par le dossier économique : « Le volet Salvezza, voté à l’unanimité, nous donne une force considérable, nous ne reviendrons pas en arrière, nos propositions sont sur la table » affirme Gilles Simeoni. Autre enjeu, le plan de transformation et d'investissements en Corse (PTIC) : « La Corse a compétence pour l’aménagement du territoire, c’est inscrit dans les documents stratégiques, et l’État ne peut pas en faire économie en disant ‘je tiens le chéquier, c’est moi qui décide’ » lance le président de l’Exécutif. Dans les prochains jours, de nombreux rendez-vous sont à l’agenda de la majorité territoriale : avec les syndicats pour le volet relance, ou encore avec les intercommunalités et les communes : « L’Etat cherche à nous opposer mais on marchera main dans la main » assure Gilles Simeoni. Plus politique encore, le dossier Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, que l’Exécutif entend prendre à bras-le-corps. Et s’il ne parvient pas à se faire entendre par la négociation dans les prochaines semaines, le président de l’Exécutif ne s’interdit rien : « S'il faut construire un rapport de force avec l'Etat, y compris par des moyens qui ne se limitent pas à l'action institutionnelle, on sait d'où l'on vient et ce que nous sommes capables de faire » prévient-il.

Pour l'Exécutif, il s'agit de « faire face » , en attendant les échéances de juin. « Elles doivent nous amener à préciser notre projet mais sans perdre de vue que nous devons gérer les affaires de la Corse » conclut le Président de l'Office de l'environnement François Sargentini.