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Une convention pour lutter contre la pauvreté à Bastia


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 17 Novembre 2020 à 15:23

Aider concrètement les ayants droits à bénéficier de toutes les aides auxquelles ils sont éligibles. C'est l'objectif de la convention relative à l'amélioration de l'accès aux droits sur le territoire de la commune de Bastia qui a été signée ce mardi 17 novembre par le maire de la ville, Pierre Savelli, le préfet de Haute-Corse François Ravier et le commissaire à la lutte contre la pauvreté pour la préfecture de Corse, Didier Medori.



Pierre Savelli, maire de Bastia, François Ravier, préfet de Haute-Corse et Didier Medori, commissaire à la lutte contre la pauvreté pour la préfecture de Corse à la signature de la convention
Pierre Savelli, maire de Bastia, François Ravier, préfet de Haute-Corse et Didier Medori, commissaire à la lutte contre la pauvreté pour la préfecture de Corse à la signature de la convention
C’est dans les salons de la préfecture de Bastia que s’est déroulée ce mardi 17 novembre la signature de la convention relative à l’amélioration de l’accès aux droits sur le territoire de la commune bastiaise. Le nom à rallonge de cette convention signée par le préfet de Haute-Corse François Ravier et le maire de Bastia Pierre Savelli cache en fait un objectif simple : lutter contre la bascule dans la pauvreté de la population en aidant les bénéficiaires d’aides sociales à exercer leurs droits.


Objectif « zéro non-recours aux droits » à Bastia
Expérimenter un « territoire zéro non-recours » aux droits sur les quartiers de Paese Novu et de la Cité des Monts, c’est l’objectif ambitieux affiché par l’architecte de cette convention Didier Medori qui est le commissaire à la lutte contre la pauvreté pour la préfecture de Corse.
La manœuvre, qui est une première au niveau national, sera effectuée en harmonie avec la préfecture de Haute-Corse, la mairie de Bastia et une trentaine d’acteurs tels que la banque de France, la CCAS, les associations de lutte contre la pauvreté, la CPAM, la CAF et les bailleurs sociaux. À l’origine de cette convention se trouve un constat. Celui qu’en France, entre 70% et 80% des personnes éligibles à des aides sociales n’en bénéficient pas, faute d’information et de demande de leur part.
En Corse, François Ravier donne l’exemple du RSA qui n’est pas demandé par environ 20% des personnes qui y ont droit. L’objectif est donc de s’assurer que les habitants de ces quartiers bastiais bénéficient bien des dispositifs d’aide auxquels ils sont éligibles en les aidant à effectuer les différentes démarches. Mais cette fois, la stratégie a changé, l’ensemble des acteurs ne veut plus seulement accueillir les ayants-droits pour les informer mais bien aller vers eux pour les aider à souscrire aux différents dispositifs d’aides tels que le RSA. Et cette stratégie se traduit par la mise en place d’actions concrètes.

 
Des actions concrètes dès le mois de décembre 2020

Une enveloppe de 200 000 euros partagée à hauteur de 50% par l’Etat et la mairie de Bastia permettra dès le mois de décembre 2020 d’organiser des actions.
Au programme ?
Du porte à porte effectué par des prestataires sociaux, des chômeurs et des jeunes en service civique recrutés par le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), la création de trois accueils numériques dans les locaux d’A casa di l’anziani, de la CCAS et de la Maison des Services Publics de Lupinu mais aussi des formations à l’utilisation d’une tablette numérique ainsi qu’une subvention pour aider à l’acquérir.
Ces formations, qui seront au nombre de quatre, permettront de former une quarantaine de seniors à l’utilisation des outils numériques et ainsi réduire la fracture numérique.


Accès aux droits et aux aides
Souscrire aux aides sociales nécessite aujourd’hui en majorité de passer par les services sociaux de l’Etat de manière dématérialisée. Comment faire lorsque l’on ne dispose d’aucun équipement ni connaissances pour effectuer les démarches ?
C’est à cette question que la convention veut tenter de répondre. En réduisant cette fracture numérique, les acteurs impliqués veulent permettre au plus grand nombre d’accéder aux droits et différentes aides auxquels ils peuvent souscrire.

Une expérimentation localisée qui pourrait s’étendre à l’ensemble du territoire insulaire
Pour l’instant, ces actions seront réalisées uniquement en faveur des 4 000 habitants de Paese Novu et de le Cité des Monts mais après 18 mois de mise en œuvre et de rééquilibrages, Didier Medori n’exclut pas la possibilité d’une extension du dispositif à l’ensemble du territoire insulaire : « nous tirerons des conclusions de cette expérimentation pour pouvoir envisager d’étendre un dispositif efficace sur toute la Corse. Cela permettrait d’aider le plus de gens possible tout en drainant de manière légale de l’agent public sur l’île ».

Un bon point pour la Corse qui est considérée, selon une étude de l’Insee de 2018, comme la région la plus pauvre de France avec 20,3 % de sa population qui vit avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté.