Corse Net Infos - Pure player corse

Tocc'à voi : "Muru, u mo paese caru, août 2020"


Danielle Marchetti le Mercredi 19 Août 2020 à 08:43

Aujourd’hui CNI veut aller encore plus loin pour répondre à la demande toujours plus croissante des ses lecteurs et invite les internautes à participer à l'élaboration du journal avec leurs "contributions". Les articles retenus seront mis en page d'accueil, tout comme les articles, rédigés par les journalistes. On les distingue de ces derniers par la mention «Tocc'à voi ». Comment devenir contributeur? Dans cette première phase pour devenir contributeur il suffira juste de nous adresser un mail à corsenetinfos@gmail.com avec en objet Tocc'à Voi.



Tocc'à voi : "Muru, u mo paese caru, août 2020"
Il y a certains instants magiques, comme celui qui précède l’apparition du soleil, quand une clarté monte de derrière la montagne et que l’air est doux et cotonneux en vous glissant sur la peau.
Depuis quatre jours, c’est à pas lents que je démarre ma boucle de 5 km, pourtant à cette heure dorée du matin, j’aime courir. Elle descend, la boucle, vers la plaine et la mer, bifurque à droite au 1er croisement, remonte vers Felicetu puis regagne Muru par un tronçon bien plat et élargi.
-Il y en a tant que ça ? (Un automobiliste peut s’arrêter en plein milieu pour vous parler).
C’est que, moi la première, je n’imaginais pas en trouver autant, de déchets. Jusqu’ici, je voyais bien, au passage, flotter quelques trucs en plastique ou en ferraille dans le foin des fossés. En y regardant de plus près, il n’y a pas un coin qui ne soit souillé. C’est une pollution insidieuse qui transforme le paysage en une gigantesque poubelle à ciel ouvert : on a mangé, bu, beaucoup beaucoup fumé et on a balancé tous les emballages, les canettes, les bouteilles, on a tout balancé jusqu’au briquet. Les mégots sont absolument partout et les paquets de cigarettes par centaines.
On a balancé - nous sommes en 2020 – des masques, et aussi des CD, sacoche, vêtement en jean qui s’est désagrégé comme un plumbago vénéneux, aérosols, et tant de choses encore qui remplissent haut la main huit sacs de cinquante litres.
Dépassée par le flot de voitures et de cyclistes, je me sens seule. Ô Corse île d’amour, on t’aime donc si peu pour tout balancer sur Tes chemins et souiller à jamais Ta campagne ?
Au moment où je m’y attends le moins, une voiture stoppe à ma hauteur, c’est un couple originaire de Felicetu qui pratique la même cueillette particulière au barrage de Codole et sur les plages, et encore ce dernier matin, les mots d’encouragement d’un cycliste.
A présent, les bas-côtés de la petite boucle respirent mieux, mais non les champs en contrebas où il y a parfois du lourd, de l’électroménager qu’on a charrié, balancé au milieu des chênes et des oliviers.
Demain, je reprends ma chère boucle, à petites foulées.