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Tocc’à voi : "Les transports, poumon d'une région insulaire"


Jean Marc Giammari-Philippe Pasqualini, le Vendredi 8 Mai 2020 à 18:38

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Tocc’à voi : "Les transports, poumon d'une région insulaire"
Les professionnels du tourisme sont à ce jour en Corse, au-delà du traumatisme social, sanitaire et économique prégnant, face à une équation à plusieurs inconnues (date d’ouverture, dispositions sanitaires, transports, fermeture des frontières ou des régions …), inextricable à la lecture des informations officielles actuelles et particulièrement anxiogènes quand on prête l’oreille aux différentes tendances d’opinion recueillies dans les médias et les réseaux sociaux.
 
Faire des choix de gestion, indispensables en cette période de crise, relève plus de la cartomancie     que du management entrepreneurial.
Il est donc indispensable que des décisions et des prises de positions claires soient énoncées nos décideurs nationaux, régionaux et autres.
La Collectivité de Corse à l’occasion de faire valoir à ce titre, et dans ce contexte, toutes ses prérogatives en termes de défense des intérêts de la Corse, de ses habitants et de son économie, en mettant en avant plus que jamais la spécificité de nôtre île dans cette crise mondiale.
Elle doit, par-delà les dispositifs nationaux, prendre notre destin en main avec des mesures fortes et courageuses. 
Plus particulièrement, il est nécessaire d’avoir très rapidement, c'est-à-dire d’ici la fin mai, les modalités concernant les transports vers la Corse, Maritime ou aérien.


Tout le monde connaît bien sur les enjeux et les contraintes, sanitaires et sociétales, inhérentes à la situation présente et à venir.
Ceci étant dit, il ne faudrait pas qu’une paranoïa collective impose, d’une façon ou d’une autre, des mesures restrictives bien au-delà de la norme admise et constatée au niveau national voire européen.
 
Sans vouloir s’ériger en épidémiologistes certifiés, on peut imaginer pour les mois à venir, trois scénarii alternatifs pour la suite, ou la fin de la pandémie, pour lesquels nous devons nous préparer :
1/ La France connaît une forte réplique ou « 2eme vague » de l’épidémie suite au déconfinement, la réouverture des écoles… Le gouvernement est donc contraint de réinstaurer un confinement strict et il clair alors qu’il ne pourra y avoir de déplacements au titre du tourisme !
2/ On continue de constater une baisse globale des cas avérés et des décès mais avec des ralentissements ou « soubresauts » pour les mêmes raisons que celles évoquées ci-dessus ; La plus grande prudence devra être de rigueur pour éviter les phénomènes de masse ; les déplacements de ou vers la Corse devront être limités et très encadrés jusqu‘à une stabilisation pérenne.
3/ Les chiffres démontrent, comme aujourd’hui, une diminution lente mais régulière des chiffres clés, sans impact notoire du déconfinement,  avec un « bout du tunnel » programmé pour le mois de Juin ; Surtout si, de plus, les spécialistes s’accordent à dire, suite à  l’observation des statistiques dans les pays du monde déconfinés avant la France, que, comme la très grande majorité des épidémies virales, Le Covid-19 est saisonnier, et de ce fait, ne réapparaîtrait pas, au pire des cas, avant l’hiver prochain.
 

Auquel cas il faudrait que les transports vers notre île puissent reprendre dès que possible (mi ou fin juin par exemple) afin de répondre à la demande qui, même si elle restera très probablement à grande majorité française, sera somme toute non négligeable.
Dans ces conditions il sera impératif que, dans l’aérien, une fois réglé le problème du déplacement des avions de Paris de Orly Ouest vers Roissy CDG (Avenant à la DSP), les avions puissent voler à leur capacité maximale, moyennant bien entendu, en vertu du sacro-saint principe de sécurité, des mesures sanitaires obligatoires comme port du masque obligatoire, gels hydroalcooliques à l’embarquement et disponible durant tout le vol, désinfections régulières des appareils, éventuellement prise de température au départ ou « passeport sanitaire » … 
Sinon les compagnies compenseront leur manque à gagner par une augmentation significative de leur tarifs (Air France Parlait de 50% en plus).
Idem bien sûr pour les low cost comme Volotea, Easyjet et autres
 
Dans le maritime, les mêmes principes devront être mis en œuvre et adaptés aux contraintes des navires.
Pour nous, il faudra que s’applique sur ces sujets la notion de « continuité territoriale » de transports dont le principe ne peut être remis en cause par personne puisqu’elle constitue le fondement même de la structuration des offres pour les opérateurs de transport sur la Corse. 
Ce qui est certain c’est que, l’éventualité d’une année blanche pour la saison touristique ne doit être envisagée qu’en dernière extrémité et en cas de circonstances de santé publique graves et rédhibitoires.
Il faut sinon, comme l’ont fait déjà d’autres états et d’autres régions, organiser la sécurisation des transports de façon rigoureuse mais raisonnable.
Dans un contexte qui verra rapidement les déplacements dans l’espace Schengen assurés, selon les prévisions des responsables de l’UE, devrait ouvrir des perspectives de pays émetteurs de voyageurs à destination de la Corse. Si comme le souhaite les pouvoirs publics corses, un « passeport sanitaire » est instauré, au vu des capacités de tests par pays, il est raisonnable de penser que les pays tel que l’Allemagne, les pays scandinaves, ou l’Italie seront plus rapidement à même de garantir la sécurité sanitaire des voyageurs que la France continentale.
 
Une saison blanche provoquerait un Corse un tsunami économique généralisé, avec un grand nombre de dépôts de bilan dans quasiment tous les secteurs, une explosion du nombre de chômeurs dans notre ile qui détient déjà le triste record national des demandeurs d’emplois, surtout chez les jeunes.
Une saison même à 30 ou 40 % limiterait un tant soit peu la « casse » et permettrait tout de même d’atténuer la vague….
 
Sans transports efficients nous n’y arriverons pas, c’est tout l’enjeu du débat, crucial pour l’avenir de la Corse !