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Réforme de l'assurance chômage : quelles conséquences en Corse ?


Naël Makhzoum le Mardi 22 Novembre 2022 à 20:32

Présentée en détails ce lundi 21 novembre par le ministre du travail, Olivier Dussopt, la nouvelle réforme de l'Assurance chômage - qui devrait entrer en vigueur le 1er février 2023 - prévoit une durée d'indemnisation raccourcie pour les nouveaux inscrits et en Corse, elle fait déjà fait grincer des dents le STC (Sindicatu di i Travagliadori Corsi)



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Un changement de plus dans le fonctionnement de l'Assurance chômage. L'exécutif - dont l'objectif d'atteindre le plein emploi en 2027, à savoir 5% de taux de chômage, était un engagement de campagne d'Emmanuel Macron - l'imagine comme "plus stricte, quand trop d'emplois seront non pourvus et plus généralement quand le chômage sera élevé", grâce à la nouvelle réforme dévoilée précisément lundi. 

Dans le détail, celle-ci prévoit qu'à partir du 1er février prochain, les indemnités des nouveaux demandeurs d'emploi dépendront du taux de chômage. "C'est une décision qui n'a pas d'effet rétroactif puisqu'elle ne concerne que les nouveaux dossiers, explique Christian Sanfilippo, directeur régional de Pôle emploi Corse. En clair, la durée d'indemnisation des nouveaux demandeurs d'emploi devrait diminuer de 25%, soit un quart de celle-ci."

Mais pas dans n'importe quelle situation. L'assurance chômage version 2023 prévoit en fait deux types de périodes qui décideraient ou non de cette baisse. Si le taux de chômage national est inférieur à 9%, ou que celui-ci diminue pendant trois trimestres consécutifs selon les chiffres de l'INSEE, alors nous serions en période "verte". C'est dans cette hypothèse que la durée d'indemnisation diminuerait de 25%. "C'est le cas actuellement, nous sommes à 7,3% à l'échelle française, rappelle Christian Sanfilippo. En Corse, nous avons eu la plus forte baisse du pays et ce taux est encore plus bas, à 6%. C'est le deuxième plus faible de France derrière la Bretagne, qui est à 5,9%."

Les seniors les plus touchés

En revanche, si ce taux national venait à dépasser les 9%, ou à augmenter de 0,8% sur un seul trimestre, alors nous passerions en "rouge". Synonyme de période difficile, celle-ci permettrait un rétablissement des droits à 100%, y compris pour ces mêmes nouveaux demandeurs d'emploi. Dans les deux cas de figure, "la garantie du plancher minimal de six mois est conservée, assure le directeur régional de Pôle Emploi Corse. Pour l'activité saisonnière, par exemple, les personnes qui arrivent à travailler six mois auront toujours le droit à six mois d'allocations."

"On est contre, parce que ça va à l'encontre de l'intérêt du demandeur d'emploi, assume toutefois Maidée Nicolai-Marcellini, du Syndicat des travailleurs corses (STC). On a des personnes qui ont travaillé, notamment les plus âgées qui font face à la difficulté d'être embauchées, et risquent de se retrouver imputées de 25% de leurs droits d'allocation alors qu'elle les ont cotisés."

Un constat d'autant plus pertinent que les seniors - au sens de Pôle Emploi - sont ceux qui devraient le plus ressentir les effets de cette réforme. Le principe actuel d'un jour travaillé, un jour indemnisé, prévoit une indemnisation sur une durée maximale de 24 mois pour les moins de 53 ans, 30 mois pour les 53-54 ans et 36 mois pour les 55 ans et plus. En y retirant 25%, cette dernière tranche d'âge perdrait neuf mois, pour tomber à un maximum de 27. "Ça va être les plus touchés, ils sont en plus souvent sur des temps partiels et, s'ils doivent s'éloigner de leur domicile, ont le droit de refuser des CDI qui ne correspondent pas à leur fin de vie au travail, dénonce Maidée Nicolai-Marcellini. C'est discriminatoire, une injustice et une inégalité sociale de plus que crée le gouvernement Macron."

Les tous premiers effets de la réforme, dont les textes officiels ne sont pas encore rédigés, devraient être constatés à partir du mois d'août 2023.