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Rassemblement sous tension à Bastia


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 4 Avril 2022 à 20:31

Ce lundi 4 avril, deux rassemblements ont été organisés devant les commissariats de Bastia et Ajaccio pour dénoncer des interpellations qui ont eu lieu en marge des manifestations en hommage à Yvan Colonna, ce dimanche.



Photo Pierre-Manuel Pescetti
Photo Pierre-Manuel Pescetti
A 18 heures, ce 4 avril devant le commissariat de Bastia, un important dispositif policier bloque les deux côtés de la rue du commandant Luce de Casabianca. Les CRS, entièrement équipés, mais décasqués, ont dressé deux murs anti-émeute de part et d'autre du commissariat. 
À quelques mètres de l'entrée Nord du dispositif, côté port Toga, plus d'une centaine de personnes est rassemblée dans le calme. Des badauds de tout âge auxquels se sont mêlés quelques représentants politiques nationalistes et des membres des syndicats étudiants. "Nous sommes là pour dénoncer les interpellations de jeunes, effectuées ces derniers jours, notamment la méthode employée", lâche Ghjuvan Battista Pieri, président de Ghjuventù Libera. Le militant fait référence à une camionnette blanche banalisée transportant des policiers qui tournerait, chaque soir, dans Bastia pour interpeller des jeunes "à la volée". "De vraies rafles sur des jeunes qui se promènent seuls dans la rue, sont embarqués, tabassés et pour certains humiliés en public comme devant le lycée du Fangu aujourd'hui où un lycéen a été menotté", s'insurge Ghjuvan Battista Pieri.

Pendant 40 minutes, le calme règne. Vers 18h40, quelques individus s'approchent à visage découvert des force de l'ordre. Les premières insultes fusent, ainsi que des coups de pied dans le mur anti-émeute. Les policiers enfilent leurs casques et relèvent leurs boucliers. La lance à incendie des CRS crache ses premiers jets d'eau pour disperser la foule qui revient et grossit comme une marée humaine. 

Aucun projectile n'est lancé du côté des manifestants, pourtant les forces de l'ordre ripostent plus violemment ! Un policier, placé sur une terrasse du commissariat, tire une salve de grenades lacrymogènes, du haut vers le bas. Quelques-unes passent à quelques centimètres du visage des personnes présentes. 

Le rassemblement se disperse, mais cela ne marque pas la fin des évènements. Le cortège se dirige vers la préfecture pour une deuxième partie de soirée beaucoup plus mouvementée.

La préfecture une nouvelle fois visée par des manifestants

A 20:15 ce lundi
A 20:15 ce lundi
 À 19 heures, une grande partie des personnes présentes au commissariat de Bastia quelques minutes plus tôt a rejoint la préfecture. Sans délai, une vingtaine de personnes entament le rapport de force avec les forces de l’ordre présentent dans l’enceinte du bâtiment. F
umigènes, pierres et bouteilles vides volent en direction des policiers et des gendarmes.
 Ils répliquent avec du gaz lacrymogène avant de recevoir les premiers cocktails Molotov. 
L’affrontement dure une trentaine de minutes. Puis, plus rien. Le nuage de gaz est dissipé. Un jeune cagoulé se retire : « je rentre chez moi, ça ne sert plus à rien ! On appelle à manifester et personne ne vient. Tout le monde s’en fout ! ». 

Un homme placé sur son passage, la cinquantaine, l’interpelle : « ne vous mettez pas en danger les jeunes, on prend la relève ! ». 


 

Face-à-face tendu avec les gardes mobiles devant la Poste

Quelques personnes restent sur place, discutent, dans le calme. Soudain, un mouvement de foule attire l’œil vers l’Avenue du Maréchal Sebastiani. Au niveau de la poste, les gardes mobiles ont pris place, formant un rempart de boucliers. Les personnes présentent, toutes à visage découvert, font face. Les insultes fusent, la tension est à son comble, mais rien n’allume la mèche. `

Tout à gauche du dispositif, une voix s’élève. Hyacinthe Vanni, président du SIS 2B (Service d’Incendie et de Secours de Haute-Corse) et vice pressent de l'Assemblée de Corse s’emporte : « Reculez ! Vous voulez blesser des gosses ? ». 




Le long du cordon de gendarmes, la tension grimpe d’un cran. Quelques personnes sont aspergées de gaz lacrymogènes, certains prennent un coup de matraque furtif. Mais rien ne dégénère. Soudain, les gendarmes reculent sur ordre d’un supérieur. Quelques manifestants se ruent sur eux, lançant palettes et poubelles pleines avant de recevoir une pluie de grenades lacrymogènes. Ils retournent se placer aux abords de la préfecture au pas de charge. Quelques dizaines de personnes se regroupent sur le rond-point d’en face. Les gyrophares illuminent la nuit bastiaise, mais la fureur de la foule s’est tue. 

À 20h30, les quelques personnes encore présentes ont rebroussé chemin, après une nouvelle soirée mouvementée aux abords du commissariat et de la préfecture de Bastia.

A Ajaccio une cinquantaine de personnes s'est assemblée devant le commissariat dans le calme

Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni