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Quelles perspectives d’emploi en Corse pour les seniors ?


Naël Makhzoum le Mercredi 22 Février 2023 à 16:30

La tant contestée réforme des retraites interroge notamment la place des seniors sur le marché du travail. En Corse, ils représentent plus d’un tiers des demandeurs d’emploi. Entre reconversion et recruteurs qui les veulent pour leur expérience, ou les évitent pour leur faible nombre d'années restant dans le monde professionnel, quelles sont leurs chances de décrocher un poste ?



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Rechercher un emploi n'est jamais évident. Mais plus l'âge avance, plus la tâche se complexifie. En Corse, les "seniors" sont plus nombreux que les jeunes à être inscrits à Pôle emploi. "Au niveau des demandeurs d'emploi, ce sont les personnes qui ont 50 ans ou plus, définit Christian Sanfilippo, directeur régional de Pôle emploi Corse. Ils représentent environ 30% du nombre total de l'île, dont 4900 sur les 16 000 de catégorie A, c'est-à-dire qui ne travaillent pas."

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ces chiffres ne sont pas en hausse, mais diminuent. Plus d'ailleurs que pour les autres tranches d'âge intermédiaires (25-49 ans) et jeunes. Alors, pas d'impact de la crise covid ? "Non, il y a justement eu une reprise d'emploi post-covid, répond Christian Sanfilippo. Mais il ne faut pas s'y méprendre, cette baisse inclut aussi les départs en retraite."

Une diminution qui ne reflète donc pas forcément la situation. D'autant qu'être un senior sur le marché de l'emploi, c'est faire face à un ensemble de contraintes pour espérer exercer de nouveau. Au-delà des problématiques de réseau ou de mobilité difficile connues par l'ensemble des demandeurs d'emploi insulaires, les difficultés liées à la santé constituent un frein récurrent. "Près de 1000 seniors en recherche d'emploi ont le statut de travailleurs handicapés, précise le directeur régional de Pôle emploi. C'est plus de la moitié des travailleurs handicapés de l'île mais c'est logique, car lié à l'avancement de l'âge.

"Un deuil du métier exercé"

Un facteur encore plus présent chez ceux qui ont travaillé dans un corps de métier à forte pénibilité durant leur carrière. "Dans le domaine du BTP, on a certains clients pour qui ça va être contraignant de prendre quelqu'un s'il a déjà 56 ans, parce que ce sont des métiers très pénibles avec la peur d'être confronté à des soucis physiques, assume-t-on du côté de l'agence d'intérim Advance Emploi Corse. Il y a aussi, plus généralement, les craintes d'être confronté à quelqu'un qui a déjà ses habitudes de travail, qui va avoir du mal à se reformer, s'intégrer dans une équipe, etc. Et au contraire, il y en a d'autres qui sont contents de bénéficier d'une certaine expérience pour leurs équipes. C'est propre à la personnalité de chaque recruteur."

La nécessité de se tourner vers d'autres métiers est alors souvent la solution pour trouver un emploi. Support à l'entreprise et services à la personne en tête de liste des professions les plus accessibles à tous. "Il faut faire un deuil du métier exercé, explique Christian Sanfilippo. Les conseillers et les psychologues du travail de Pôle emploi ont notamment ce rôle de les aider à franchir cette étape. C'est un travail d'accompagnement des personnes qui pensent qu'elles ne peuvent exercer que le métier qu'elles ont fait jusqu'à présent."

Mais parfois, toute la bonne volonté ne suffit pas et l'âge reste le seul souci. "Certains cherchent à rajeunir leur pyramide des âges et ça ne rentre pas dans leur cadre de recrutement, précise-t-on chez Advance Emploi Corse. Ce n'est pas de la discrimination, mais s'ils ont beaucoup de départs à la retraite, ils doivent recruter des personnes qui vont prendre la suite sur du long terme." 

Pour aider les seniors, l'AFPA Corse met en place son parcours emploi santé (PES), la Carsat organise des ateliers pour les renseigner et Pôle emploi met en œuvre diverse formations. Des possibilités pour aider à se réinsérer dans le monde professionnel, même passé la cinquantaine.