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Processus de Beauvau : le PNC se veut confiant pour la suite


David Ravier le Lundi 12 Juin 2023 à 19:27

Lors de la quatrième réunion du Comité stratégique sur l’avenir de la Corse qui s’est tenue le 7 juin 2023 au ministère de l’Intérieur à Paris, U Partitu di a Nazione Corsa (PNC), membre de la délégation corse, a pu faire entendre sa voix et faire des propositions sur le foncier, l'urbanisme et le logement, thèmes à l’ordre du jour. Le parti autonomiste d’opposition y a défendu des mesures techniques et opérationnelles, mais aussi un statut de résidence d'une durée de dix ans. Explications pour CNI de Pascal Zagnoli, secrétaire général du PNC.



Pascal Zagnoli, le secrétaire général du PNC, expose les arguments portés par la délégation Corse à Paris.
Pascal Zagnoli, le secrétaire général du PNC, expose les arguments portés par la délégation Corse à Paris.
- Que retenez-vous de ces échanges avec Gerald Darmanin ?
- Tout d'abord, nous sommes satisfaits de voir le processus relancé après les hésitations de ces dernières semaines. Ensuite, nous sommes pleinement attachés à la réussite de ce projet, nous ne pouvions donc pas laisser passer cette occasion d'aboutir à une évolution institutionnelle pour la Corse. Partant de ce constat, nous avons rappelé lors de ces échanges que nous étions pleinement mobilisés dans ce sens, mais que nous voulions défendre nos positions sur les thématiques du foncier, de l’urbanisme et du logement. Autant nous continuons de défendre le fait national corse et le cadre politique global qui sera nécessaire d’obtenir au sortir de ces discussions, autant nous ne négligeons pas la dimension technique et opérationnelle dont nous aurons besoin. Ce sont les deux axes sur lesquels nous travaillons. 

- Quelle contribution a apporté le PNC sur le foncier, le logement et l'urbanisme ?
- Elle se résume en deux volets : d’abord, nous proposons que l'ensemble de la Corse soit classée en zone tendue, nous voulons également que les maires, qui élaborent leur document d'urbanisme, puissent mettre en place des servitudes de résidence principale afin que des parties de leurs territoires constructibles soient réservées uniquement aux résidences principales afin de lutter contre le phénomène des résidences secondaires. Pour autant, même si toutes ces mesures étaient appliquées, elles ne seraient pas suffisantes pour enrayer durablement la spéculation, c'est pourquoi elles s’accompagnent d’un second volet. Ce volet, qui s’inscrit dans un projet d’évolution constitutionnelle, passerait, par exemple, par une surtaxation des ventes de résidences secondaires, ou encore par un statut de résidence d'une durée de dix ans. Nous ne reprenons pas forcément l'appellation de statut de résident, tel qu'il avait été voté à l'Assemblée de Corse, mais nous y retrouvons l'esprit dans un dispositif différent qui nous semble juridiquement plus sécurisé. Globalement, nos propositions ont été écoutées et bien accueillies par Gérald Darmanin. Toutefois, elles n'ont pas vocation à être perçues comme une volonté du PNC de faire bande à part ou de travailler de son côté, bien au contraire. Elles doivent être vues comme une contribution au débat. Il nous appartiendra, entre mouvements, de discuter, d'amender, de débattre, de travailler, en espérant que tout ou partie de ces propositions soient reprises dans le projet final pour la Corse que nous espérons unique et unitaire.

- Où en êtes-vous des discussions avec les autres mouvements nationalistes ?
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Il y a plusieurs semaines, bien avant la réunion place Beauvau, nous avons entamé des rencontres avec les autres organisations du mouvement national. Ce cycle de rencontres n’est pas terminé. Nous devons encore rencontrer les acteurs du monde syndical, social, socio-économique et de la société civile car nous voulons dialoguer avec tous ceux qui composent la société corse. Nous désirons élargir au maximum notre réflexion afin d'avoir un projet qui colle réellement aux attentes des Corses dans leur diversité. Nous souhaitons aller au contact avec le plus de monde possible avant la fin du mois et la session de l'Assemblée de Corse. Là aussi, il faudra travailler, se concerter et trouver une ou plusieurs contributions qui pourront être votées avant de remonter à Paris. Le cap, que doit prendre ce processus, c'est à Paris et à la Corse de le décider afin que les acteurs, des deux côtés de la table, soient à la hauteur des enjeux. Nous souhaitons réellement aboutir à une réussite du processus, c’est la raison pour laquelle nous rendons nos propositions publiques, parce qu'il faut instaurer une forme de débat d'idées, d’idéologies, que l’on soit capable de confronter nos réflexions et voir ce qui peut être retenu, ce qui fait débat, et ce qui nécessite un arbitrage. Nous considérons que les élus de Corse doivent prendre leurs responsabilités par rapport au projet qui est en cours de construction. Ensuite, il faudra négocier avec Paris un projet qui aura été validé ici, y compris par les militants.