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Oléiculture : l'ogliastru, ce potentiel à exploiter


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Mardi 19 Juillet 2022 à 11:08

"L'ogliastru, ce potentiel à exploiter" : une réunion d'information, sur ce thème, s'est tenue ce week-end lors de le Fiera di l'Alivu de Montegrossu. En Corse, l'ogliastru est aujourd'hui indissociable du paysage. Il serait impossible de les dénombrer. Mais cela s'élèverait certainement à plusieurs millions de pieds sauvages. René-Pierre Bacconnier, conseiller en oléiculture à la Chambre de l'agriculture de Corse aux côtés de Jean-Marc Rocchi, président de la FFRACC et du Foyer Rural de Montegrossu ont animé la réunion publique.



À l'occasion de la 32e édition de la Fiera di l'Alivu, le Foyer Rural de Montegrossu a organisé une réunion sur le thème de l'ogliastru, ce potentiel à exploiter, en synergie avec le Syndic AOP Oliu di Corsica et la Coopérative oléicole de Balagne. L'ogliastru, olivier sauvage par nature ou devenu sauvage au fil des ans, suite à son abandon,
notamment après le passage d'un incendie.
Facilement reconnaissable, l'ogliastru possède des branches touffues, à  petits fruits non comestibles, ou très  difficilement. Son huile, de couleur violette, au rendement très faible, à un goût très différent de celui que l'on a l'habitude de consommer.
 
 
René-Pierre Bacconnier, a répondu aux questions de CNI. 
 
- Pourquoi faut-il plutôt choisir de greffer un ogliastru plutôt de que planter de nouveaux oliviers? 
- Il y a plusieurs raisons de choisir la greffe. D'une part, pour profiter du système racinaire déjà en place, depuis plusieurs centaines d'années pour certains. Cela va profiter aux greffons, la pousse sera plus rapide et cela va permettre une récolte plus précoce que celle d'une plantation. Économiquement et environnementalement c'est plus intéressant. Le système s'est installé bien souvent en absence d'irrigation, l'olivier a su déjà trouver des ressources. C'est très bénéfique à plusieurs titres. 
 
Je suis originaire d'Ardèche, en zone de montagne, il y a de fortes ressemblances avec la Corse, si ce n'est qu'il n'y a pas d'ogliastri que l'on trouve ici. Nous avons plutôt des plantations d'oliviers féraux issus de variétés cultivées ou descendants spontanés de ces variétés cultivées que l'on peut greffer, mais nous n'avons pas la chance de greffage comme il y a en Corse. 
 
 
- Sur la quantité d'arbres, comment choisir les ogliastri à greffer ? 
- Il faut tout d'abord choisir des arbres faciles d'accès, afin d'anticiper pour les travaux à venir. Notamment les travaux de traitement, de récolte et d'entretien. Et plutôt sur des zones avec des terrasses, relativement planes. Il faut également choisir des souches vigoureuses et les plus saines possibles. Avec une absence de maladie 
comme celle du feuillage. Il faut faire aussi selon la zone où se trouve l'arbre en s'assurant qu'il ne manque et ne manquera pas d'eau dans les années à venir. Le fait de remonter les murettes des terrasses permettra de capter la terre, de capter les éléments fertilisants et de freiner le passage de l'eau. C'est bénéfique pour l'oliveraie et l'environnement. 
 
 - Quelles sont les différentes manières  de greffer 
- Il y a plusieurs techniques de greffe. L'olivier est un arbre exceptionnel, il y a des yeux dormants qui se réveillent régulièrement. On peut donc greffer avec l'écorce et avoir beaucoup plus de chance de réussite même si la première année elle ne semble pas avoir pris. Il y a les greffes en couronne ou à la fenêtre, assez technique. 
Le principe étant d'insérer un bout d'écorce ou un greffon baguette que l'on va insérer sous l'écorce, celle qui est la plus souvent utilisée. 
 
 
- Quelle est la meilleure période pour greffer ? 
- De mi-avril à début juin c'est la meilleure période pour greffer. Mais surtout en lune montante, à ne pas confondre avec la lune croissante. La lune montante c'est la course dans le ciel, le moment où elle va attirer les marées et la sève à elle. La lune croissante, c'est le croisant de lune qui augmente. 
 

 Si tous les critères sont respectés, combien il y a-t-il de chances que la greffe prenne ? 
- C'est assez variable. Il y a plusieurs conditions pour que la greffe réussisse. Le respect de la période et de la lune, mais également de greffer après une période de pluie pour favoriser cette montée de sève qui va améliorer les chances de connexion entre le greffon et le porte-greffe. Il y a la technique utilisée, la performance du greffeur, mais aussi le climat. Il va jouer un rôle important, mais pour cette année c'est un peu délicat. Il a fait une superbe averse fin avril qui a bénéficié aux arbres et depuis plus rien, avec une chaleur importante. Les greffes les plus tardives auront eu plus de difficultés à prendre que les greffes précoces.