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Nicole Collet, productrice de la série Plaine Orientale : "on a une image de la Corse qui n'est pas celle des cartes postales"


David Ravier le Samedi 12 Août 2023 à 18:54

La dernière création originale de Canal+, la fiction Plaine orientale, est actuellement en tournage à Bastia et dans ses environs jusqu'à la mi-septembre. La série, créée par Pierre Leccia et produite par Nicole Collet, raconte l'alliance entre une sœur magistrate et son demi-frère, voyou tout juste sorti de prison, qui s'associent pour faire tomber le parrain de la mafia de la Plaine orientale. Lors d'une journée de tournage au lycée Jeanne d'Arc de Bastia, Nicole Collet est revenue pour Corse Net Infos sur ce polar ambitieux qui sortira en 2024.



Nicole Collet, la productrice de la série Plaine orientale.
Nicole Collet, la productrice de la série Plaine orientale.

- Vous êtes actuellement au deux tiers de la production de la série Plaine orientale, qui a débuté au mois d'avril et doit s'achever à la mi-septembre. Comment se passe le tournage?
- C'est un tournage lourd et éprouvant, qui dure 100 jours, surtout que c'est l'été et qu'il fait très chaud. En plus de l'équipe technique, ce genre de production a deux caméras, ce qui implique beaucoup de monde sur le plateau pour gérer les cascades, les voitures, les armes et les conseils à donner aux acteurs pour qu'ils soient le plus crédibles possible. Pour une œuvre de cette ampleur, il est normal que les gens soient fatigués. De plus, nous devons aussi gérer avec des aléas climatiques qui nous bloquent des jours de tournage, ce qui nous oblige à tout décaler et à trouver le moyen de coordonner les plannings de certains acteurs qui sont engagés sur d’autres projets. C'est un travail très compliqué, mais malgré cela, tout se passe extrêmement bien. Ce qui m'importe, c'est la qualité artistique de la série qui est au rendez-vous. Je suis très content d'être en Corse. Les villes de Bastia, de Borgo et de Furiani sur lesquelles nous avons tourné nous ont très bien accueillis. Nous avons la chance d'avoir des paysages magnifiques et c'est en cela que j'aime beaucoup cette fiction, c'est qu'en plus d'être très bien écrite, on a une image de la Corse qui n'est pas celle des cartes postales, ce qui donne une photographie de cette île incroyablement forte et en lien avec ce que nous vivons, donc j'en suis particulièrement fière.

 

- Comment vous est venue l'idée de Plaine Orientale?
- Il y a dix ans, j'ai créé Mafiosa avec Pierre Leccia, une série qui a duré cinq saisons. Entre-temps, nous avons toujours continué à réfléchir à d'autres histoires à exploiter en Corse, et c'est Pierre Leccia qui a eu l'idée de faire Plaine orientale. C'est un polar très proche de ses personnages, avec une part de tragédie familiale, le tout dans un paysage et une société corse qui est très bien dépeinte par le réalisateur qui a su y mettre la bonne dose de réalisme.
Par exemple, le pôle antimafia n'existe pas, nous l'avons inventé pour la série, mais nous savons que les juges en réclame un dans la vraie vie. Cette unité qui rassemble la police et la justice dans le tribunal de Bastia court après le parrain de la mafia de la Plaine orientale, joué par Eric Fraticelli. Ce dernier a une activité mineure dans la drogue qu'il préfère laisser aux Arabes. À la place, il se lance dans le business beaucoup plus lucratif qu'est le traitement des ordures. À la faveur d'un drame familial entre une jeune magistrate du pôle antimafia et son demi-frère, un voyou qui sort de prison, une alliance s'opère afin de faire tomber le parrain corse. D'emblée, il y a une situation familiale avec deux antagonistes, la juge et le gangster, le tout dans une situation corse particulière, où de jeunes voyous arabes sont en train de damer le pion aux vieux voyous corses.

 

- Vous aviez la volonté de rendre la série Plaine orientale la plus réaliste possible, comment y êtes-vous parvenu?
- Pierre Leccia, qui en est à l'origine, connaît bien la situation corse. Pour cette série, nous avons voulu avoir un réalisme relatif. Toutefois, cela reste de la fiction car aucun personnage n'existe vraiment même s'ils sont inspirés de situations réelles. Par exemple, le personnage interprété par l'actrice flamande Veerle Baetens s'appelle Eva Martens, parce que nous nous sommes inspirés d'Eva Joly, qui est une femme politique, mais avant tout une ancienne magistrate. La fiction s'enrichit de la réalité, mais on n'est pas dans un réalisme absolu, on ne fait pas du documentaire. Pour les décors, nous avons tourné aussi bien dans des endroits réels que dans des lieux totalement recrée, comme ce fut le cas pour le bureau du maire de Bastia que nous avons refait à l'intérieur de la vraie mairie, ou encore l'intérieur du palais de justice de Bastia que nous avons reproduits dans le lycée Jeanne d'Arc. On se place à la limite entre le vrai et le faux, c'est le but de la fiction.

 

- Entre les trois saisons de Mafiosa et la série Une île, c'est votre cinquième production en Corse. Qu'est-ce qui vous attire ici à chaque fois?
- Je reviens parce qu'une fois qu’on y vient, on tombe amoureux de cette île. Les paysages sont magnifiques, il y a de bons acteurs et des équipes techniques performantes. En plus, il y a une vie théâtrale en Corse, ce qui nous a amené beaucoup de comédiens insulaires sur le plateau. Je pense à Eric Fraticelli, qui tient un des rôles principaux, de même pour Cédric Appietto, Jean-Philippe Ricci, Aurélien Gabrielli, Henri-Noel Tabary ou encore le héros de la série, Raphaël Acloque, qui est corse et arabe, comme le personnage de Reda qu'il incarne. Tous les figurants sont corses et une bonne partie des rôles secondaires le sont également. Tout cela vise à ramener du réalisme et une tonalité juste à la fiction.

Pour le scénario de Mafiosa, nous étions obligés d’être ici parce qu’elle se passe en Corse, de même que pour Plaine orientale, mais pour Une île par exemple, rien n'indiquait de position géographique précise. C’était une série fantastique avec une histoire de sirènes, il nous fallait donc être au bord de la mer, chaude si possible, pour ne pas laisser les comédiens attraper froid dans l'eau. J'ai cherché une île en Méditerranée où les acteurs seraient bien accueillis et qui disposait d'une équipe technique, et le choix de la Corse s'est fait naturellement.