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Migliacciaru : Les éleveurs de la FDSEA occupent une station d’expérimentation de l'ODARC


Nicole Mari le Lundi 16 Avril 2018 à 23:02

La FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) monte une nouvelle fois au créneau concernant la double problématique du foncier agricole et de la filière fourrage en Corse. Lundi matin, une trentaine d'agriculteurs ont symboliquement occupé à Migliacciaru en Plaine Orientale un terrain et une station d’expérimentation appartenant à l'ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse) sur lequel doit être implanté un pôle de compétence fourrage. Ce site expérimental est bloqué par la présence d’une association d’insertion qui a obtenu, il y a une dizaine de jours, un référé en sa faveur. Les agriculteurs comptent rester sur place tant qu’ils n’obtiendront pas gain de cause. Explications, pour Corse Net Infos, de Joseph Colombani, président de la Chambre régionale d'agriculture et président de la FDSEA de Haute-Corse.



Joseph Colombani, président de la Chambre régionale d'agriculture et président de la FDSEA de Haute-Corse.
Joseph Colombani, président de la Chambre régionale d'agriculture et président de la FDSEA de Haute-Corse.
- Pourquoi cette occupation d’un terrain de l’ODARC ?
- Il s’agit de dénoncer la prise de décision d’un juge administratif en référé. Ce juge dit que l’ODARC n’a pas assez d’arguments, de raisons, pour pouvoir récupérer sa parcelle de terre qui, aujourd’hui, est squattée par une association. Cette parcelle doit servir à mettre en place un plan fourrage pour la Corse.
 
- De quelles terres s’agit-il ?
- Il s’agit de 19 hectares qui se trouvent sur les terrains de l’ODARC au lieu-dit Migliacciaru à Prunelli di Fiumorbu. Ces terres sont occupées par une association loi 1901 qui y fait, soi-disant, de la réinsertion. Lorsque l’ODARC a voulu récupérer ces parcelles de terre et les remettre en état, l’association a rejeté sa demande. Il y a une dizaine de jours, un juge lui a donné raison.
 
- Que comptez-vous faire exactement sur ces parcelles ?
- Dans le cadre du réchauffement climatique, les problèmes d’irrigation et d’importation de fourrage sont cruciaux. Nous avons absolument besoin de faire des recherches sur les types de semences, de pâture, d’irrigation… tout ce qui concerne le développement de la filière fourrage. C’est pour nous essentiel ! C’est pourquoi nous avons demandé l'implantation d'un pôle de compétence, un site d’expérimentation dédié qui doit être mis en place sur ces parcelles.
 
- Quel sera le rôle de ce site d’expérimentation ?
- Le but est d’apprendre la technique exacte de production de fourrage. Produire du foin de qualité à un prix intéressant passe, aussi, par un savoir-faire. Il s’agit de développer de nouvelles techniques, travailler sur de nouvelles semences plus résistantes à la chaleur et au manque d’eau, travailler sur la pâture et la fauche… Tout est à faire, notamment en termes d’agriculture BIO. Il y a vraiment un travail important à réaliser pour former et informer les agriculteurs sur la façon de développer l’aspect fourrager, voire céréalier en Corse.
 
- Qui intervient dans ce projet ?
- Sont partenaires l’ODARC, l’Office de l’environnement, l’Office hydraulique, le groupement fourrager et les chambres d’agriculture.
 
- A combien s’élève la consommation annuelle de fourrage en Corse ?
- La Corse consomme globalement 20 000 tonnes de fourrage par an. En période normale, nous importons 11 000 tonnes de foin chaque année, ce qui correspond à une dépense de 3 millions d’euros. Cette année, avec la sécheresse et le coût du transport, nous avons crevé les plafonds. Si nous montons au créneau, c’est que nous avons véritablement besoin de cette station d’expérimentation sur la politique fourragère qu’il faut mettre en place en Corse.
 
- L’ODARC a-t-il fait appel du jugement ?
- Oui ! Mais, si nous, premiers concernés, nous ne réagissons pas pour dire combien ces parcelles et ces lieux d’expérimentation sont importants pour l’avenir de l’agriculture corse, nous risquons d’avoir un jugement en appel qui pourrait venir confirmer le premier jugement.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.