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Législatives 2024 : 32 candidats en course dans les quatre circonscriptions de Corse


Nicole Mari le Lundi 17 Juin 2024 à 20:49

Trente-deux candidats se sont déclarés pour participer au 1er tour des élections législatives des 30 juin et 7 juillet dans les quatre circonscriptions de l’île. 14 candidatures ont été enregistrées en Corse-du Sud : 8 dans la première circonscription et 6 dans la deuxième. 18 candidatures en Haute-Corse : 11 dans la première circonscription et 7 dans la deuxième. Décryptage.



La liste définitive des candidats pour le 1er tour des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet est close depuis dimanche soir. En Corse, 32 candidats se sont déclarés dans les quatre circonscriptions de l’île, soit onze de moins qu’en 2022. A l’inverse du scrutin précédent, c’est le département de Haute-Corse qui remporte la palme du nombre de candidatures avec 19 candidats, un de moins qu’en 2022. La 1ère circonscription fait, comme d’habitude, la course en tête avec onze candidats, et sept dans la deuxième, à chaque fois un candidat de moins qu’en 2022. La Corse du Sud fait bien moins recette avec seulement 14 candidatures, soit 9 de moins qu’en 2022. Seulement 8 candidats dans la 1ère circonscription contre 12 précédemment, et 6 candidats dans la deuxième contre 11 précédemment. Le choc de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale et la brièveté de la campagne électorale, à peine 20 jours, a, il est vrai, pris tout le monde de court. Outre les 4 députés sortants qui briguent, tous, un troisième mandat, on retrouve sans surprise des candidats du précédent scrutin sous des étiquettes similaires ou d’union. Peu de nouveaux venus, mais tous issus de partis récents ou de partis qui ne s’étaient pas présentés en 2022. Et un absent de marque.
 
La discorde nationaliste
Deux ans après leur réélection, les trois députés nationalistes sortants repartent donc à la bataille pour défendre leur mandat, mais aussi le processus de Beauvau en suspens et en danger depuis la dissolution. Les députés de Femu a Corsica, Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva, respectivement dans la 1ère et la 2ème circonscription de Haute-Corse, et le député PNC, Paul-André Colombani, dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud. Si la configuration a néanmoins changé en deux ans, l’union électorale, malgré les appels à la raison réitérés au nom de l’enjeu d’autonomie, reste lettre morte. L’intelligence politique, qui avait su dépasser les fractures toujours vivaces et permis d’engranger les victoires successives depuis décembre 2015, a sombré dans les rancœurs, les jalousies et les haines. Les Nationalistes persistent dans leurs divisions intestines et leur guerre fratricide. Les trois députés sortants affrontent chacun un challenger indépendantiste affiché et des oppositions plus sourdes, mais tout aussi délétères. Si Corsica Libera, devenu Nazione, a finalement décidé de ne présenter aucun candidat, Core in Fronte, absent lors du précédent scrutin et impuissant à construire l’union, a investi les quatre circonscriptions. Les deux députés de Femu a Corsica seront donc confrontés à Batti Lucciardi dans la 1ère circonscription de Haute-Corse et Antoine Carli dans la seconde. La décision de Lionel Mortini de ne pas se représenter dans la circonscription de Corte-Balagne est une bonne nouvelle pour Jean-Félix Acquaviva. Paul-André Colombani ne bénéficie plus, comme en 2022, de l’accord implicite de la famille nationaliste de ne pas présenter de candidats contre les sortants. Accord qui n'avait pas prévalu pour ses deux autres colistiers de l’union Pè a Corsica. Il devra donc compter avec Jean-Baptiste Cucchi. Truel intra-nationaliste encore plus pernicieux dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud entre trois challengers : Romain Colonna, conseiller territorial de Femu a Corsica, déjà candidat en 2022, le président de la Fédération BTP Jean-François Luciani pour le PNC, et Emmanuelle Dominici pour Core in Fronte. C’est la seule circonscription où les deux partis autonomistes, longtemps alliés et désormais irréconciliables, s’affrontent de manière directe. Le PNC ne cache pas que son adversaire principal est le candidat de Femu. Corsica Libera n’ayant officiellement pas donné de consignes de vote, on ne sait pas sur lesquels des neuf candidats nationalistes, le parti indépendantiste portera ou pas ses voix.
 
Pas de majorité présidentielle
Le député sortant et président du groupe Horizons à l’Assemblée nationale, Laurent Marcangeli, sera bien candidat à sa succession dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud, mais plus, comme en 2022, sous la bannière désormais mortifère de la majorité présidentielle. Comme d’ailleurs les deux autres candidats qui s’en revendiquaient il y a deux ans. Dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud, la LR Valérie Bozzi l’a également abandonné au profit de l’étiquette plus neutre de Divers Droite. Dans la 1ère circonscription de Haute-Corse, le vice-président de la Fédération corse du Parti Radical, Jean-François Paoli, renoue avec son étiquette d’origine. La Macronie n’a jamais fleuri dans l’île, son échec aux Européennes a juste fait écho à son échec à y prendre racine. Toujours aussi boudés et en pleine crise existentielle, les Républicains ne présentent, comme lors du précédent scrutin législatif, aucun candidat. Le président de la Fédération LR de Haute-Corse, François-Xavier Ceccoli, qui, après la déroute des LR aux présidentielles, avait prudemment choisi de se présenter sans étiquette dans la 2ème circonscription de Haute-Corse, opte, lui aussi, comme sa consœur du Sud, pour le sigle « Divers Droite ». Aucun candidat LR dans la 1ère circonscription de Haute-Corse. Sylvain Fanti s’est vu refouler dans le but avoué de ne pas gêner la candidature de Julien Morganti. Ce dernier, ancien macroniste qui n’avait pas obtenu, en 2022, le soutien de la majorité présidentielle, dit se présenter « sans étiquette », mais la liste préfectorale le qualifie de « Divers Droite ». Le jeune loup de l'opposition de gauche bastiaise, qui avait franchi en 2022 la barre du 1er tour, espère rassembler largement sous « l’Arc Républicain », cher à Emmanuel Macron, tout en se prévalant de l'appui de François-Xavier Ceccoli. Le reste de l’opposition bastiaise, incarné par le PRG Jean Zuccarelli et le libéral Jean-Martin Mondoloni, soutient, en toute logique, comme en 2022, Jean-François Paoli.
 
L’espoir RN
Toujours comme en 2022, le Rassemblement national (RN) entend surfer sur la vague Jordan Bardella qui a totalisé plus de 40 % des suffrages insulaires aux élections européennes. Il occupe, donc, de nouveau le terrain dans les quatre circonscriptions de l’île. En Corse du Sud, sur les deux chefs de file locaux du parti, seul François Filoni se représente dans la 2nde circonscription. Nathaly Antona, qui vient d’être élue député européenne, la seule député corse à Bruxelles, est remplacée par sa suppléante de 2022 : Ariane Quarena. Changement de tête en Haute-Corse avec deux nouveaux venus : Jean-Michel Marchal dans la 1ère et Sylvie Jouart-Fernandez dans la 2nde. Dans la circonscription bastiaise, l’ancien candidat, Alexis Fernandez, en rupture de ban avec le RN, se présente sous la bannière « Souverainiste ». Il faudra aussi compter avec Jean-Michel Lamberti du parti d’Eric Zemmour « Reconquête ! », déjà présent en 2022, et avec Nicolas Battini et son nouveau parti Mossa Palatina, idéologiquement proche d’Eric Zemmour. Mossa Palatina est en lice également dans les deux circonscriptions de Corse du Sud : Lisandru Luciani dans la 1ère et Michel Chiocca dans la 2nde. Mais pas dans la 2ème circonscription de Haute-Corse où le RN affronte un autre candidat souverainiste : Marie-Louise Mariani pour le Mouvement Suvranu. Jean-Antoine Giacomi, qui avait annoncé sa candidature avec son parti Forza Nova, a finalement déclaré forfait, expliquant que les conditions d’union de la droite, notamment du RN et de Reconquête, n’étaient pas réunis, et qu’il ne voulait pas disperser encore plus les chances de victoire. Au total, l’Extrême-droite rassemble dix candidats dans l’île.
 
Une gauche plus unie
A l’inverse de 2022 où elle était partie en ordre dispersé, rejetant alors l’accord national de la NUPES, la gauche insulaire a créé la surprise en affichant un front apparemment uni sous l’égide du Front populaire. Mais l’affiche n’a pas été adoubée par les instances parisiennes de la nouvelle plateforme électorale qui a exclu la Corse de l’union nationale. Pas plus qu’elle ne réussit à éviter les couacs locaux. Néanmoins, le nouveau Front populaire, qui rassemble les quatre partis de gauche - le PS, le PCF, EELV et LFI –  présente un candidat commun dans les quatre circonscriptions. Dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud, le communiste Marc-Antoine Leroy, qui avait fait cavalier seul lors du précédent scrutin, porte ses couleurs. Dans la 2nde circonscription, le maire de Pietrosella, le socialiste Jean-Baptiste Luccioni se lance sous cette bannière pour sa première candidature à un scrutin législatif. Dans la 1ère circonscription de Haute-Corse, le communiste Michel Stefani, qui avait déposé sa candidature en préfecture, l’a finalement retirée au profit de l’Insoumise Sacha Bastelica. On ne sait pas ce que fera la première secrétaire de la Fédération socialiste de Haute-Corse, Emmanuelle de Gentili, première adjointe à la mairie de Bastia. Dans la 2nde circonscription nordiste, l’écologiste Hélène Sanchez entend aussi fédérer les électeurs de gauche. Comme à son habitude, Lutte Ouvrière participe au scrutin, mais, cette fois-ci, avec des candidats dans seulement trois circonscriptions : Didier Quilichini dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud où il était suppléant en 2022, Olivier Josue repart dans la 1ère circonscription de Haute-Corse et Viviane Rongione dans la seconde. Pour ce scrutin anticipé, un seul candidat sans étiquette : Gaël Maquet dans la 1ère circonscription de Haute-Corse, déjà en course en 2022.
 
N.M.