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Le "pacte enseignant" ne semble pas faire recette en Corse


David Ravier le Jeudi 14 Septembre 2023 à 12:06

Cette mesure voulue par Emmanuel Macron, qui permet aux professeurs d'effectuer de nouvelles missions contre rémunération, ne semble pas trouver preneur, aussi bien en Corse que sur le continent. Les syndicats enseignants dénoncent de leur côté un système qui met à mal le programme scolaire des élèves.



Photo illustration archives CNI. Michel Luccioni
Photo illustration archives CNI. Michel Luccioni
Le pacte enseignant peine à trouver preneur. Cette promesse de campagne d'Emmanuel Macron prévoyait d'instaurer le remplacement systématique des enseignants absents pour une courte durée. Ce pacte, soumis à l'adhésion des professeurs, peut faire gagner entre 1 250 et 3 750€ brut par an pour un enseignant, qui peut accepter jusqu'à trois missions dans l'année. Parmi les autres missions proposées se trouve la participation au dispositif « devoirs faits » (pour faire les devoirs au collège), mais également des stages de réussite lors des vacances ou, pour les enseignants du premier degré, à l'heure hebdomadaire de soutien en français et en maths en sixième créée à la rentrée.

Pourtant, la réalité est tout autre, et lors d'une conférence de presse organisée le 13 septembre, Bruno Bobkiewicz, le secrétaire général du SNPDEN-Unsa, a indiqué qu'au niveau national « 30 % des établissements n'ont à ce stade aucun pacte signé » et « 54 % des collèges et lycées ont moins de 10 % de pactes signés ». Selon lui, les premiers chiffres « sont assez effarants, on ne s'attendait pas à ça. Il y a évidemment des écarts selon les établissements, mais le taux moyen de pactes signés est de 23 % ». 

Attendre la fin du mois de septembre

En Corse, la situation n'est guère différente. « Le rectorat est dans l'incapacité de nous présenter les chiffres globaux parce que les enseignants ont jusqu'à la fin du mois de septembre pour signer le pacte », indique Catherine Boutet-Agostini, secrétaire académique du SNES-FSU Corse. Pour l'heure, les établissements scolaires de l'île sont encore en train de faire les remontées de terrain pour jauger leurs besoins. Toutefois, que le projet soit adopté ou pas par les professeurs insulaires, le syndicat enseignant représentatif du second degré fustige ce projet qui selon le SNES-FSU crée « des déficits de connaissances ». « En tant que professeur de mathématique, si demain je suis absente trois semaines et que le professeur de musique me remplace dans cet intervalle, mes cours seront remplacés par des cours de musique, et mon programme de mathématique n'avancera pas plus, ce qui pénalisera les élèves »

Selon les syndicats, l'inconvénient du pacte enseignant réside dans le fait que les remplacements ne sont plus effectués par matière, mais uniquement par des professeurs vacataires susceptibles de combler les absences dans l'immédiat, ce qui peut expliquer le manque d'enthousiasme de la part des enseignants, alors que dans une enquête datant du 1er septembre, le SNPDEN-Unsa relevait que, dans 58 % des collèges et lycées, il manquait plus d'un enseignant.