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La difficile restructuration des cimetières de Corse


Patrice Paquier Lorenzi le Mardi 31 Octobre 2023 à 18:05

Un nombre trois fois plus important d’enterrements que sur le Continent, des cimetières avec vue imprenable et une approche différente de la mort, c’est le constat dressé par Le Cabinet de conseil Ad Vitam, représenté en Corse, par François-Emmanuel Roux. Le responsable commercial sur l’île procède à une restructuration de plusieurs cimetières insulaires à la demande des maires, et notamment à un recensement précis afin d’aider les communes dans la gestion de leur nécropole.



Le cimetière de Santo Pietro di Tenda est en cours de restructuration.
Le cimetière de Santo Pietro di Tenda est en cours de restructuration.
Le cabinet de conseil Ad Vitam, domicilié à Vesoul, a mis sur pied une solution numérique afin de faciliter le travail des mairies dans la gestion de leurs cimetières. Des données et un travail de fond, déjà effectué au sein de 30 cimetières et 20 communes corses pour près de 8 500 tombes recensées. Un travail titanesque qui a mis en lumière des différences notables avec le Continent, comme l’explique François-Emmanuel Roux, le responsable de la structure sur l’île : « C’est vrai qu’il y a des différences à tout point de vue lorsque vous comparez la Corse et le Continent en matière de cimetières. Déjà, en Corse vous vous apercevez qu’ils ont été édifiés aux plus beaux endroits du villages, souvent avec une vue imprenable sur la mer, comme à Ajaccio ou à Cargese, ou sur la Vallée. Sur le Continent, ceux-ci sont plutôt édifiés dans des endroits, à l’écart. C’est dire l’intérêt porté à nos défunts par les anciens ».
 

Outre la géographie des lieux, c’est aussi la taille de certaines chapelles qui ont interpellé les responsables nationaux de la structure « Ad Vitam » : « Sur le Continent, les chapelles sont réservées à la Noblesse ou à des hautes personnalités. En Corse, vous avez un nombre incalculable de caveaux de grande taille, certains sont de véritables maisonnettes où vous pouvez même y célébrer une messe. Il y a également une autre spécificité insulaire, ce sont les cimetières privés. Il y en énormément dans les villages. Cela n’existe quasiment pas ailleurs ! ».
 
Un taux d’inhumation de 3% en Corse contre 1% sur le Continent
Autre particularité insulaire, dans la fin de vie ce sont les Corses de la diaspora. En effet, la tradition veut qu’on soit toujours enterré dans son village d’origine même si ces derniers ont effectué l’essentiel de leur vie aux Etats-Unis, en Asie ou à Paris. Le taux d’inhumation en Corse atteint ainsi 3% contre 1% sur le Continent. Une situation qui entraine une difficulté supplémentaire dans la gestion communale des cimetières, comme l’explique François-Emmanuel Roux : « Il y a des villages qui comptent une centaine d’habitants à l’année et qui enregistrent 8 à 10 enterrements chaque année. Les cimetières ne sont pas extensibles et les mairies se retrouvent démunies et c’est pourquoi nous proposons de les aider en leur facilitant le travail. D’autant, qu’elles ne possèdent aucun document sur les défunts qui sont enterrés dans les nécropoles communales ».
 
Concrètement, le cabinet « Ad Vitam » propose un logiciel de gestion numérique qui recense l’ensemble des épitaphes et qui permet de définir un recensement précis de tous les défunts, avec un plan grâce à l’utilisation de drones afin de cadastrer chaque construction, en attribuant des numéros par tombes : « Notre travail consiste non seulement à recenser, mais aussi à effectuer un diagnostic sécuritaire, avec prises de photos. Nous effectuons également un travail généalogique afin de faciliter le travail des mairies dans l’attribution, par exemple, des concessions ».
Malheureusement, certaines tombes ont tendance à se dégrader sérieusement et peuvent engendrer des problèmes sécuritaires notamment. Dans ce cas-là, grâce au système de gestion mis en place par la société « Ad Vitam », celui-ci permet de remonter très vite jusqu’aux ayants-droits pour leur demander la demande de remise en état. « En cas de refus, même si cela arrive très rarement, chez nous, il y a alors une procédure de reprise de la concession par la Mairie et les corps peuvent alors être exhumés dans un reliquaire ou un ossuaire selon les villages ».

La Mairie de Vero a été la première en Corse à bénéficier des services de la structure "Ad Vitam". Un choix que ne regrette pas absolument pas Marie-France Orsoni, la maire de la commune : "Je tenais absolument à restructurer le cimetière communal. Les gens construisaient partout et n'importe où. Certains tombes n'étaient plus du tout entretenues et nous ne savions même pas où étaient enterrés certains défunts. Cela demandait un temps fou juste pour situer certains caveaux. Grâce à "Ad Vitam", nous avons pu assainir tout cela. C'était important pour moi de prendre soin de nos morts. Nous avons même pu découvrir qu'il y avait des concessions libres ! Le logiciel est très pratique avec plan cadastral et photos. Nous bénéficions également d'une aide juridique permanente, très utile car je vous assure que la gestion d'une nécropole est très fastidieuse".
 
Le cabinet « Ad Vitam » est, actuellement,  en train de restructurer 5 nouveaux cimetières en Corse. Un coût financier important à supporter sur les fonds propres des mairies en attendant que des dispositifs spécifiques puissent voir le jour pour accompagner financièrement ces communes dans la délicate gestion de leurs cimetières.

Des cimetières avec vue imprenable
Des cimetières avec vue imprenable