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La Collectivité de Corse devient propriétaire du couvent d’Orezza


le Vendredi 1 Mars 2024 à 19:14

Lors de la session de l'Assemblée de Corse de ce vendredi, l'hémicycle s'est unanimement prononcé en faveur de l'acquisition de ce haut lieu de l'histoire corse. Des travaux de consolidation et de restauration devraient être prochainement entrepris.



(Photo : Archives CNI)
(Photo : Archives CNI)
C’est une opération hautement symbolique que vient de réaliser la Collectivité de Corse (CdC). Ce vendredi, l’Assemblée de Corse réunie en session s’est unanimement prononcée en faveur de l’acquisition du couvent d’Orezza. Couvent de franciscains, cet édifice construit au XVII siècle « est l’un des grands symboles de notre histoire et de notre patrimoine commun », comme l'a rappelé la conseillère exécutive en charge du patrimoine, Antonia Luciani, en introduction.

« L’histoire a vu la Corse rayonner et illuminer l’Europe en inventant un système politique des plus démocratiques à l’époque des monarchies de droit divin. La première pierre de cette époque fondatrice a été posée au sein du couvent d’Orezza », a-t-elle indiqué. Faisant l’historique du monument, elle a également évoqué les révolutions de Corse, entre 1729 et 1769, durant lesquelles il a accueilli de nombreuses assemblées politiques. « Mais c’est surtout en son sein qu’en 1735, les chefs de l’insurrection corse dont Ghjacintu Paoli, le père de Pasquale, proclame l’indépendance de la Corse, place le peuple corse sous la protection de l’Immaculée Conception et aurait adopté le Diu Vi Salvi Regina comme hymne national », a-t-elle encore détaillé, « En 1790, la cunsulta generale y accorde enfin les pleins pouvoirs civils et militaires à Pasquale Paoli, qui se voit proclamé Babbu di a Patria, Napoléon Bonaparte aurait également assisté à cette assemblée ».
 
Au XIXsiècle, le couvent deviendra toutefois propriété privée. Il sera en outre lourdement endommagé en 1943 par l’explosion d’un dépôt de munitions. « Longtemps resté dans l’indivision, le couvent a souffert de plusieurs décennies d’abandon. Il est aujourd’hui dans un état de ruine avancé qui menace de disparition », a déploré la conseillère exécutive en soulignant : « En 2018, un rapport d’expert auprès du tribunal administratif de Bastia a établi des désordres affectant l’édifice et a conclu à un état de péril permanent, recommandant par conséquent une interdiction totale d’accès du site et de réaliser des travaux de consolidation nécessaires, qui ont été évalués à l’époque à 1,3 millionpar les services de la direction du patrimoine de la Collectivité de Corse ».
 
Une vente au prix symbolique de 2 269 euros
 
Dans ce droit fil, la conseillère exécutive a relevé qu’un « important travail de restauration est à entreprendre », les voûtes et les toitures des bâtimentsde l’église s’étant notamment effondrés. Afin de pouvoir entreprendre ces travaux, en décembre 2020, la commune de Piedicroce, sur le territoire de laquelle se trouve le couvent, avait sollicité le Girtec, qui l'a identifié comme bien sans maître et a entamé les procédures correspondantes afin d’aboutir à son inscription dans le domaine communal. « Le retour favorable des services de l’État n’est intervenu que le 11 octobre 2023, avec un délai de recours courant jusqu’au 12 décembre », a précisé Antonia Luciani, « Le président de l’exécutif par courrier en date du 11 décembre 2023, a réaffirmé au maire de Piedicroce la volonté de la CdC de prendre en pleine propriété ce bâtiment afin d’entamer les travaux nécessaires. La commune a ainsi pu délibérer le 11 janvier 2024, en faveur d’une vente à la CdC du couvent au prix symbolique de 2269 euros ».
 
La conseillère exécutive a annoncé par ailleurs qu’afin « d’optimiser les délais et d’accélérer le passage à la phase opérationnelle », une étude de diagnostic préalable à la consolidation du couvent a été lancée dès décembre. « L’objectif pour nous est de dresser un bilan complet des désordres qui affectent l’édifice avec analyse des dégradations en cours, mais aussi les méthodes de restauration préconisées. Puis, dans un deuxième temps de définir un programme de consolidation et de restauration, qui soit assorti d’une estimation financière et d’un calendrier prévisionnel des travaux à prévoir qui seront réalisés sous maîtrise d’ouvrage de la CdC », a-t-elle expliqué en posant encore : « Une fois les travaux de consolidation achevés et l’édifice sauvegardé sur le plan structurel, une seconde phase  de travaux consistera à une mise en valeur du site selon un projet qui sera à construire avec le maire et ses équipes, mais également la population et tous les acteurs locaux présents sur place qui ont des idées à soumettre ». 
 
Le coût global de ces opérations est estimé entre 3 et 4 millions d’euros. Ce projet s’inscrit par ailleurs dans le cadre plus global de la Strada Paolina, itinéraire culturel sur les traces d’u Babbu di a Patria inauguré en mai 2023,   et dans le projet de valorisation pour l’année 2025 du tricentenaire de la naissance de Pasquale Paoli.