L'avenir du Collectif antiraciste Avà Basta s'écrit en pointillés

Lutter contre la discrimination et promouvoir l'égalité des droits pour tous  : tel est le cheval de bataille de Avà Basta.
Sensibiliser, éduquer et agir contre le racisme, en effet, est un combat que mènent au quotidien les 6 salariés du Collectif.
En 2023, l'enveloppe gouvernementale allouée aux associations a diminué de moitié. Cela n'est pas sans conséquences pour le Collectif dont le fonctionnement et la survie sont fortement impactés par la baisse de cette aide.
La directrice de l'antenne de Haute-Corse, Anita Rao s'insurge contre cette situation

"Nous sommes inquiets, car le gouvernement en réduisant en grande partie les subventions destinées aux associations met à mal notre travail. Avà Basta a fait ses preuves et est d'ailleurs souvent sollicité par l'État puisque nous intervenons en partenariats avec la DILCRAH (délégation interministérielle à la lutte contre toutes discriminations). Diminuer les aides aux associations est une mesure récente qui est paradoxale, car réduire les subventions ne nous permet pas de répondre à certains appels à projets, or si on ne fait pas de projets, nous n'obtenons pas de subventions, c'est le serpent qui se mord la queue. Le gouvernement insiste sur le bénévolat dans les associations, mais nous traitons 10 000 entretiens par an, quel bénévole pourrait travailler toute la journée du lundi au vendredi pour résorber les problèmes des personnes et des familles dans le besoin ? C'est un investissement humain qui est quotidien et durable et notre équipe composée de 8 salariés est en danger et, ce qui va de soi, mettra en danger l'insertion de la population immigrée".

"Nous subissons un redressement judiciaire depuis juillet dernier. La Collectivité de Corse a participé financièrement, mais cela n'est pas suffisant. Même si à l'origine Avà Basta est une association antiraciste, nous avons élargi notre champ d'action, nous n'aidons pas que des éetrangers, mais aussi des familles Corses. Notre identité est celle d'accompagnants qui interviennent dans différentes thématiques, et pour tous. Dire que notre association n'aide que les arabes, est simpliste, car notre porte est ouverte à tout le monde. Nous sommes dans l'oeil du cyclone, si nous n'avons pas de réaction urgente des institutions, nous allons devoir cesser notre activité. On a souvent entendu dire que nous sommes une officine immigrationniste, alors que pas du tout, nous n'aidons personne à entrer sur le territoire, on aide quand les gens sont déjà sur le territoire. La préfecture de région pourrait débloquer la situation, qui est extrêmement délicate, mais elle est soumise aux directives gouvernementales. L'équipe de notre structure est aussi en danger, nous sommes des salariés chargés d'accueil, nous faisons le même travail qu'une assistante sociale, nous accompagnons par exemple à la constitution de dossiers administratifs,mais pas seulement. Nous sommes des accompagnants sociaux soucieux d'aider au mieux des personnes qui ne peuvent y arriver seules. Afin de sauver le Collectif, nous avons mis en place des actions, nous avons écrit au ministre de la cohésion sociale, à tous les préfets et à toutes les organismes susceptibles de nous aider. Prochainement, nous avons un rendez-vous à la préfecture de région, on se bat, on a de l'espoir, on fait tout pour sauver notre association"