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Jean-Charles Orsucci : "Nous venons de réussir un mandat exceptionnel à Bonifacio"


Nicole Mari le Dimanche 9 Février 2014 à 23:22

Si beaucoup de maires, déprimés, stressés ou entravés dans l'exercice de leurs fonctions, décident de jeter l'éponge, ce n'est pas le cas du maire de Bonifacio. C'est même avec enthousiasme que le socialiste Jean-Charles Orsucci, qui vient d'achever sa 1ère mandature, brigue un nouveau mandat. Se prévalant d'un bilan exceptionnel, sûr d'être réélu, il explique, à Corse Net Infos, qu'il devra, néanmoins, faire face à une opposition et confie ses projets pour la nouvelle mandature.



Jean-Charles Orsucci, maire sortant de Bonifacio, conseiller territorial et président du groupe socialiste à l'Assemblée de Corse.
Jean-Charles Orsucci, maire sortant de Bonifacio, conseiller territorial et président du groupe socialiste à l'Assemblée de Corse.
- Beaucoup de maires jettent l’éponge. Vous, vous continuez. Etre maire en Corse aujourd’hui, est-ce si difficile qu’on le dit ?
- C’est vrai que c’est particulièrement difficile. Il y a, peut-être, un jour sur deux où on a envie de jeter l’éponge parce que nous avons un triple rôle : celui de représentation, celui de devoir trouver les voies et les moyens financiers pour faire avancer les projets et, certainement, le plus important, un rôle d’arbitrage. L’arbitrage entre des élus, entre les élus et l’administration, entre l’administration et les citoyens, entre des citoyens… Arbitrer des querelles de voisinage est très compliqué. Vous êtes mis en cause : les uns vous accusant d’être favorable aux autres. C’est très difficile.
 
- Alors, pourquoi continuez-vous à Bonifacio ?
- Parce que j’ai la chance d’être à la tête d’une commune qui jouit d’une situation financière saine. Bonifacio est une commune qui a beaucoup investi et qui peut encore beaucoup investir. Là, vous prenez plaisir à créer une crèche, une médiathèque, un centre aéré... Mais, honnêtement, si demain, je n’avais à gérer que la misère ou si je me retrouvais comme certains maires, les pauvres !, dans des communes où ils n’ont, en fin de compte, que le mauvais côté à gérer, c’est-à-dire les conflits entre les uns et les autres, je pense que je ne briguerais pas un nouveau mandat. A Bonifacio, j’ai la capacité de faire des choses, c’est pour cela que j’y prends du plaisir !
 
- Repartez-vous avec la même équipe Bonifacio 21 basée sur l’ouverture ?
- Il y avait déjà plus qu’une ouverture ! Je crois même que j’étais un précurseur en la matière. Non pas que ce soit la 1ère commune où différentes tendances sont représentées, mais la structuration politique de Bonifacio 21, comme elle s’est faite il y a 10 ans, était une première. Nous avons fêté les 10 ans en décembre dernier. Cette équipe très ouverte comprend des socialistes dont je fais partie, une 1ère adjointe UMP, des adjoints proches de Femu a Corsica, des gens proches de Corsica Libera, des gens du Front de gauche qui ont souvent soutenu Dominique Bucchini aux différentes élections où il était candidat… Le panel politique est bien représenté.
 
- Reconduisez-vous exactement la même liste ?
- Bonifacio sera touchée par le changement de mode de scrutin. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la liste. Je me sentais en capacité, avec l’ancien mode de scrutin, à savoir le panachage, de faire passer l’ensemble de mes 23 colistiers au mois de mars prochain, comme ce fut le cas en 2008. J’aurais pu, dans ce cas-là, changer de manière encore plus profonde mon équipe et la rajeunir davantage. Aujourd’hui, par le système proportionnel, l’opposition, si elle arrive à faire sa liste, sera représentée et va obtenir des élus, peut-être 3 ou 4. Donc, j’ai donné les places en fin de liste à des personnes qui avaient décidé de prendre du recul et qui repartent à titre symbolique.
 
- L’autre changement est l’obligation de parité. Cela vous a-t-il posé problème ?
- Non. Je l’avais, heureusement, anticipé depuis 2008. Ce qui fait que mon équipe est très peu renouvelée, elle ne compte que 2 à 3 personnes nouvelles.  Nous venons de réussir un mandat exceptionnel à Bonifacio. Je pars du principe qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Je lui fais confiance pour mener un autre mandat. Je présenterai, normalement, ma liste autour du 20 février.
 
- Comment expliquez-vous que vos adversaires soient de même tendance politique que vous ?
- C’est vrai que c’est un peu surprenant ! Je n’ai pas réussi à intégrer dans mon équipe, pour des raisons de place, la représentante du Parti communiste. Je n’étais pas contre sa présence sur ma liste qui compte des membres du Font de gauche. C’était simplement mathématique. J’ai lu, dans la presse, qu’elle avait quelques états d’âmes. J’ai lu la déclaration d’un militant socialiste qui prétend parler au nom du PS et même de la section de Bonifacio. J’ai rencontré le 1er fédéral de la Corse du Sud, Jean-Marc Ciabrini, qui a démenti avoir donné une quelconque caution à cette personne.
 
- Que vous inspire la liste d’opposition ?
- De ce que l’on entend, elle sera hétéroclite. Une liste d’opposition, c’est sain pour la démocratie et pousse les gens à s’exprimer et à valider des choix. Le suffrage universel doit s’exprimer et doit dire, si oui ou non, je mène une politique satisfaisante pour les Bonifaciens.
 
- Qu’est-ce qui, pour vous, est le plus représentatif de ce mandat exceptionnel dont vous parlez ?
- D’abord, des chiffres. J’ai investi, durant ce mandat, 56 millions € pour une commune de 3000 habitants. Regardez les communes de même strate, si vous trouvez un chiffre pareil, il faut me le donner ! Mon prédécesseur, qui a été 19 ans aux responsabilités, a investi, pendant tous ses mandats, 52 millions €. En 6 ans, j’ai investi 3 fois plus. Je l’ai fait sans toucher à l’impôt et sans entamer la capacité d’emprunt de la commune qui est intacte. Nous avons explosé les bénéfices sur les budgets des parkings et du port. Sur le port, la commune faisait, en 2008, 200 000 € de bénéfices. Elle fait, aujourd’hui, 1,2 million € avec un port totalement remis à neuf.
 
- Quelles sont, concrètement, vos réalisations les plus marquantes ?
- Le port de plaisance a bénéficié de 18 millions € d’investissement avec une structure totalement remise à neuf. Il a été totalement refait dans toutes ses dimensions : réseau, eau, assainissement, éclairage public, pontons… J’ai lancé ce vaste chantier,  suite à un diagnostic que j’ai effectué à mon arrivée en 2008. Ensuite, j’ai réalisé la médiathèque et le centre aéré qui sert aussi de salle de spectacle et de salle de mariage pour les Bonifaciens. Le stade a été entièrement rénové avec une nouvelle tribune, une buvette, des locaux de rangement, la réfection de l’éclairage public et de la pelouse… Je peux également citer la zone artisanale et un élément, dont je suis très fier : la constitution du foncier. J’ai beaucoup acheté de foncier à l’Etat pour la commune de Bonifacio.
 
- De quels terrains s’agit–il ?
- Notamment les terrains, achetés à l’hôpital de Bonifacio, où se situe, aujourd’hui, la zone artisanale. Egalement, deux maisons pour lesquelles je mène aujourd’hui des discussions avec le ministère de la Défense. D’autres terrains où nous avons commencé la construction de logements sociaux. Il n’y avait plus eu un seul logement social construit depuis 1986. Dans les 56 millions € d’investissements, je ne compte pas ceux que sont en train de réaliser Logis Corse et Erilia, deux opérateurs publics qui viennent faire du logement social à Bonifacio.
 
- Autre point important : le patrimoine. Qu’avez-vous fait en six ans ?
- J’ai fait des investissements importants dans les églises, notamment sur les châsses. J’ai, aussi, investi plus de 2 millions € sur les routes communales. Nous avons agi dans tous les domaines. Dans la petite enfance, nous avons mis en place le centre aéré, la halte-garderie le matin et le soir. Pour les personnes âgées, nous avons instauré un bus qui va les chercher sur tout le territoire de la commune et les amène aux différentes festivités ou faire leurs courses. Nous leur proposons de l’informatique et des thés dansants, un dimanche par mois. Ces thés marchent extraordinairement. C’est, peut-être, l’action qui a le plus marqué une certaine catégorie d’âges sans qu’elle ait coûté beaucoup à la commune.
 
- Quel est votre projet pour cette nouvelle mandature ?
- Nous allons poursuivre l’action initiée, plus précisément et de manière forte, dans le domaine du patrimoine et de la culture. Le patrimoine est l’avenir économique de Bonifacio. Nous en sommes convaincus. Nous finaliserons les deux églises inscrites aux Monuments historiques : Sainte-Marie Majeur et Saint Dominique, seul église classée en Corse. Et, surtout, nous avons un projet très ambitieux sur la Haute-ville avec plus de 6 millions € d’investissements prévus sur l’ensemble des places et des ruelles pour remettre tous les réseaux à niveau : éclairage public, eau, assainissement, pluvial… C’est une grande ambition. Nous allons créer une maison de la culture où se retrouveront la musique, la danse et le dessin. Concernant le port, nous prévoyons l’extension du port de la Catena, une nouvelle capitainerie et un nouvel office municipal de tourisme. Bonifacio étant à niveau dans le domaine du sport, nous ferons une petite pause, même si les choses avanceront au niveau de l’intercommunalité.
 
- Etes-vous confiant ?
- Je suis très confiant. Toutes ces choses faites me rendent assez serein pour les élections qui arrivent.
 
Propos recueillis par Nicole MARI