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Franck Robine : "la Corse a besoin de sortir du confinement"


Julia Sereni le Mardi 5 Mai 2020 à 16:13

À moins d’une semaine de la fameuse date du 11 mai, la Corse se prépare au déconfinement. Franck Robine, préfet de Corse, et Marie-Hélène Lecenne, directrice générale de l'ARS de Corse, préparent le terrain.



Marie-Hélène Lecenne, directrice générale de l'ARS de Corse et Franck Robine (Photo Michel Luccioni)
Marie-Hélène Lecenne, directrice générale de l'ARS de Corse et Franck Robine (Photo Michel Luccioni)
« La Corse a besoin de sortir du confinement » affirme le préfet. En effet, l'île est aujourd’hui au bord de l’asphyxie face au coût sanitaire (report des opérations médicales, des vaccinations...), social (isolement, scolarité des enfants perturbée...), économique du confinement. Près de 730 millions d’euros sont d’ailleurs prévus pour soulager la Corse à travers différents dispositifs : chômage partiel, prêts garantis par l’Etat, report des charges fiscales et sociales... 10 000 entreprises peuvent  aujourd'hui prétendre au fonds de solidarité Covid. 
 
Une sortie progressive devient donc vitale. Le préfet de Corse et la directrice de l'ARS y travaillent, en concertation avec l'ensemble des acteurs de l'île. Une vaste consultation est en cours : le Conseil Exécutif de Corse, les partenaires sociaux, le secteur agricole, les acteurs du tourisme, les commerçants sont notamment auditionnés afin d'organiser au mieux la reprise économique. Compte tenu des différences de situations entre les territoires, les maires sont fortement impliqués dans cette stratégie de déconfinement. Des plans communaux de déconfinement sont d’ailleurs en cours d’élaboration, notamment à Ajaccio. 

Une reprise en douceur
 
« La remontée ne peut se faire que par palier, pour éviter une seconde vague » explique Franck Robine. Toutes les trois semaines, une sorte de « monitoring » de la situation sanitaire sera fait afin de mesurer l’état des lieux, et de déterminer si le déconfinement peut se poursuivre, ou non. En effet, nous ne sommes pas à l'abri d'un retour en arrière, si la situation venait à se dégrader de nouveau. "Cette sortie repose sur la responsabilité individuelle des corses », insiste Franck Robine, martelant l’importance du respect des gestes barrières. 
 
Pour la reprise du travail, les choses doivent se faire en douceur. Télétravail, horaires décalés, « l’administration montrera l’exemple » assure le préfet. Concernant les écoles, la rentrée se fera à partir du 11 mai, mais sur la base du volontariat. En effet, si les autorités travaillent à l’établissement des meilleures conditions sanitaires possibles dans les classes, le dernier mot sera laissé aux parents : « il ne faut pas dicter aux parents corses leur choix mais leur assurer un haut niveau de sécurité pour leurs enfants » précise le préfet. Un fort absentéisme est donc à prévoir…
 
Une nouvelle méthode « tester, tracer, isoler »
 
« Il n’y a plus de nouveaux cas positifs aujourd’hui sur l’ensemble de l’île », se réjouit Marie-Hélène Lecenne, directrice générale de l'ARS de Corse. Preuve que le confinement a permis de stopper la propagation du virus. Par précaution, les autorités préparent néanmoins un potentiel retour de cas positifs. Ainsi, explique Marie-Hélène Lecenne « à partir de la semaine prochaine, si de nouveaux cas venaient à apparaître, le triptyque « tester, tracer, isoler » sera mis en place ». 
Il s’agit d’abord de « tester » : le médecin traitant, en consultation, pourra prescrire le test de dépistage et donner au patient des indications de comportement à adopter. Trois laboratoires privés et le laboratoire hospitalier seront mobilisés, avec le laboratoire universitaire en appui, afin de développer une capacité de 1 000 tests par jour. Dans les établissements dits « sensibles » c’est-à-dire les établissements de santé, les crèches, les établissements pénitentiaires... des équipes mobiles pourront faire des prélèvements. 
« Isoler » ensuite, si le cas est avéré. Les cas contacts seront également isolés d’emblée à domicile. Des hébergements sur l’ensemble de l’île ainsi qu’une logistique pourront être mis à disposition de ces personnes.
Enfin, pour « tracer », l’assurance maladie va créer deux plateformes afin de repérer les cas grâce à des brigades de « traceurs », une vingtaine de personnes, qui vont rechercher les personnes contacts.
 
La sortie du confinement s’organise donc dans tous les secteurs. En revanche, même après le 11 mai, toujours pas de possibilité de se promener sur les plages : « ce serait donner le signal que tout est permis », prévient le préfet.