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Corse-du-Sud : un comité de pilotage pour lutter contre les violences intrafamiliales


Philippe Peraut le Jeudi 21 Octobre 2021 à 21:14

Nicolas Septe, nouveau procureur de la République d'Ajaccio avait convié, ce 21 octobre au tribunal, tous les acteurs de terrain susceptibles d’être sollicités par les victimes de violences conjugales, pour officialiser la création d'un comité de pilotage qui se réunira chaque mois afin de lutter efficacement contre ce fléau…



Le procureur Nicolas Septe, avait convié, ce 21 octobre au tribunal d'Ajaccio, tous les acteurs liés à la problématique des violences intrafamiliales - Photo Michel Luccioni
Le procureur Nicolas Septe, avait convié, ce 21 octobre au tribunal d'Ajaccio, tous les acteurs liés à la problématique des violences intrafamiliales - Photo Michel Luccioni
Si, dans l’ensemble, la délinquance "de masse" reste très peu implantée en Corse, les chiffres des violences intrafamiliales sont en revanche préoccupants sur l'ile. Pour tenter d'assurer un meilleur suivi des dossiers sur le ressort de son tribunal, mais aussi  pour améliorer la prise en charge des victimes et garantir ainsi leur sécurité, le procureur de la République d'Ajaccio, Nicolas Septe, a lancé ce jeudi 20 octobre un comité de pilotage pour lutter contre les violences intrafamiliales. Celui-ci regroupe police, gendarmerie, président du Tribunal, chambre des huissiers, bâtonnier du barreau d’Ajaccio, centre hospitalier, Corsavem, administration pénitentiaire, Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Egalité, avec pour seul objectif d'endiguer ce fléau.  « Il va s’agir, explique Nicolas Septe, de travailler en amont, d’anticiper et d’être le plus réactif possible par une politique pénale ferme. Pour cela, nous aurons besoin de l’aide de tous et notamment des travailleurs sociaux. »
 

« La parole se libère »

L’addiction à l’alcool et aux stupéfiants sont à l’origine de 80 % des passages à l’acte selon le parquet qui souligne la nécessité d’un travail conséquent en amont. Parmi les premières actions proposées pour lutter contre les violences il y aurait la mobilisation des associations afin de favoriser la réinsertion des auteurs avec (par exemple les retour à l’emploi), un soutien plus conséquent aux associations d’aides aux victimes et une meilleure prise en charge du relogement des victimes.


50 % des violences intrafamiliales en Corse-du-Sud sont répertoriées à Porto-Vecchio
236 plaintes pour violences intrafamiliales ont été déposées en 2020 en Corse-du-Sud (+33 par rapport à 2019) et 126 de janvier à août 2021. « Les effets du Grenel se font ressentir, rappelle Eric Cluzeau, directeur de la Police Nationale, on note une forte augmentation des dépôts de plainte, la parole se libère et c’est une bonne chose car les violences intra-familiales ne sont pas toujours mesurables physiquement comme par le passé. Aujourd’hui, on observe un autre type de violence, psychologique et elle fait tout autant de dégâts. »

 .« On constate, précise Tony Mouchet, commandant de Région de Gendarmerie de Corse, que 50 % des violences intra-familiales en Corse-du-Sud sont répertoriées dans la région de Porto-Vecchio. On intervenait, jusqu’à présent, a posteriori, il serait important de changer cette donne en travaillant, par exemple, avec les personnes en contact avec les victimes. Il nous faudra plus d’intervenants sociaux car ils sont le premier relais et renforcer l’accueil des victimes. À cet effet, une maison de protection des familles devrait voir le jour... ».

Prévention et anticipation sont les deux maîtres mots qui reviendront incessamment au cours de la réunion pour détecter le plus tôt possible, le passage mais aussi « sortir de la seule dimension répressive. »


Une cellule médico-judiciaire à l’hôpital d’Ajaccio

Parmi les solutions préventives, un bracelet anti-rapprochement, le téléphone Grave Danger ou la création prochaine d’une cellule médico-judiciaire à l’hôpital d’Ajaccio. « Un projet de 300 000 euros financé par la Chancellerie, ajoute le Procureur de la République, qui precise que avec l’ensemble de ces moyens, l’objectif est de travailler « hors les murs ». Il y a bien sûr des situation que l’on ne pourra pas prévenir, on ne va pas arriver à zéro féminicides mais nous allons pouvoir baisser le nombre des passages à l’acte. »


Coordonner les efforts

Les différents intervenants ont ensuite pris la parole pour dresser un bilan, évoquer des problématiques d’ordre technique, apporter leurs idées. Il sera notamment question d’hébergement en réinsertion sociale, de lutte contre la récidive, d’actions préventives avec l’Education Nationale et plus généralement d’une stratégie adaptée au territoire. En insistant sur les dégâts collatéraux dont 30 enfants sont victimes chaque année à l’échelle nationale.
« Ce comité de pilotage se réunit de manière plus restreinte chaque mois, conclut Nicolas Septe, nous devrons coordonner nos efforts. »

La première pierre d’un dispositif appelé à se renforcer est posée. Pour lutter efficacement et surtout ne plus considérer ces violences comme une fatalité.


Le procureur Nicolas Septe
Le procureur Nicolas Septe