« Une chose peut être utile du fait même qu'elle est inutile. » Cette belle formule du romancier chinois Lao She pourrait s'appliquer comme sur mesures à l'appréciation que l'opinion publique insulaire porte sur la nouvellement installée chambre des territoires.
Inutile ? Avec le feu qui a embrasé les prémices d'un scrutin on ne peut plus restreint, on aurait pu penser que ce vote était destiné à déboucher sur quelque chose de fondamental. Mais, de ce point de vue, chacun est dans l'expectative, en dépit des multiples vœux pieux d'efficacité émis lors de la séance inaugurale par des élus saisis par l'angélisme d'une fonction nouvelle.
La chambre des territoires a donc pris ses quartiers dans la salle de délibération de ce qui fut le conseil départemental de Haute-Corse, une enceinte qui ressemble au siège du gouvernement intergalactique tel que l'imaginaient les films d'anticipation des années soixante. Mais il est acquis que cette chambre ne gouvernera rien, qu'elle créera du conseil, de la proximité concrète, du liant entre les apparatchiks territoriaux et le menu peuple disséminé dans un rural qui peine de plus en plus à se faire entendre. Avec le président de l'exécutif à sa tête, la participation de membres de l'exécutif et de conseillers territoriaux à l'instance, on sait déjà que son utilité sera celle que voudra bien lui donner le pouvoir. Pour l'indépendance et la liberté d'initiative, on repassera.
Le danger serait qu'elle apparaisse comme une anomalie territoriale, une excroissance superflue destinée à donner de la visibilité au personnel politique qui n'a pas eu la chance de monter dans le train du suffrage universel. Si l'on admet que la classe politique est à l'assemblée et la société civile au conseil économique, social et culturel, de quoi la chambre des territoires est-elle le nom ? Dans la sorte de bicamérisme précédent, le CESC, chambre basse, se plaignait d'avoir peu d'audience, l'assemblée répugnant à partager quelque autorité que ce soit dans le binôme qu'elle constitue avec l'exécutif. Dans le tricamérisme de fait aujourd'hui installé, la chambres des territoires apparaît comme la chambre faible : il lui reste à trouver son originalité pour justifier son existence dans l'architecture décisionnelle de la Corse, un monde qui n'a jamais été idéalement pluriel.
Faire quasiment corps avec l'autorité supérieure, on l'a dit, est un handicap en matière de liberté et d'initiative. Mais après tout, c'est peut-être la bonne formule pour intervenir avant toute décision sur des dossiers dont on connaîtra mieux les tenants et les aboutissants. On a parlé de « coquille vide » à propos de la chambre des territoires. On aurait dit « huître perlière » que personne ne l'aurait cru... Cela dit, les représentants des territoires ne sont pas des élus de seconde zone. Il y a parmi eux des personnalités d'expérience et qui ont fait leurs preuves. Mais il leur reste à faire entendre leur voix, à porter les aspirations d'un maillage local qu'ils connaissent bien. La phase de rodage passée, on verra bien comment fonctionne cette instance et ce qu'elle apporte de concret dans le débat démocratique. Il sera alors temps de juger de la clarté de vue du législateur ou de son abyssale incompétence.
Inutile ? Avec le feu qui a embrasé les prémices d'un scrutin on ne peut plus restreint, on aurait pu penser que ce vote était destiné à déboucher sur quelque chose de fondamental. Mais, de ce point de vue, chacun est dans l'expectative, en dépit des multiples vœux pieux d'efficacité émis lors de la séance inaugurale par des élus saisis par l'angélisme d'une fonction nouvelle.
La chambre des territoires a donc pris ses quartiers dans la salle de délibération de ce qui fut le conseil départemental de Haute-Corse, une enceinte qui ressemble au siège du gouvernement intergalactique tel que l'imaginaient les films d'anticipation des années soixante. Mais il est acquis que cette chambre ne gouvernera rien, qu'elle créera du conseil, de la proximité concrète, du liant entre les apparatchiks territoriaux et le menu peuple disséminé dans un rural qui peine de plus en plus à se faire entendre. Avec le président de l'exécutif à sa tête, la participation de membres de l'exécutif et de conseillers territoriaux à l'instance, on sait déjà que son utilité sera celle que voudra bien lui donner le pouvoir. Pour l'indépendance et la liberté d'initiative, on repassera.
Le danger serait qu'elle apparaisse comme une anomalie territoriale, une excroissance superflue destinée à donner de la visibilité au personnel politique qui n'a pas eu la chance de monter dans le train du suffrage universel. Si l'on admet que la classe politique est à l'assemblée et la société civile au conseil économique, social et culturel, de quoi la chambre des territoires est-elle le nom ? Dans la sorte de bicamérisme précédent, le CESC, chambre basse, se plaignait d'avoir peu d'audience, l'assemblée répugnant à partager quelque autorité que ce soit dans le binôme qu'elle constitue avec l'exécutif. Dans le tricamérisme de fait aujourd'hui installé, la chambres des territoires apparaît comme la chambre faible : il lui reste à trouver son originalité pour justifier son existence dans l'architecture décisionnelle de la Corse, un monde qui n'a jamais été idéalement pluriel.
Faire quasiment corps avec l'autorité supérieure, on l'a dit, est un handicap en matière de liberté et d'initiative. Mais après tout, c'est peut-être la bonne formule pour intervenir avant toute décision sur des dossiers dont on connaîtra mieux les tenants et les aboutissants. On a parlé de « coquille vide » à propos de la chambre des territoires. On aurait dit « huître perlière » que personne ne l'aurait cru... Cela dit, les représentants des territoires ne sont pas des élus de seconde zone. Il y a parmi eux des personnalités d'expérience et qui ont fait leurs preuves. Mais il leur reste à faire entendre leur voix, à porter les aspirations d'un maillage local qu'ils connaissent bien. La phase de rodage passée, on verra bien comment fonctionne cette instance et ce qu'elle apporte de concret dans le débat démocratique. Il sera alors temps de juger de la clarté de vue du législateur ou de son abyssale incompétence.