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Caravelle Ajaccio-Nice : le témoignage qui pourrait relancer l’affaire


Julia Sereni le Mardi 19 Avril 2022 à 16:02

Un documentaire réalisé par la journaliste Alexandra Colineau, diffusé le 18 avril sur France 2, dévoile un nouveau témoignage dans l’affaire de la Caravelle Ajaccio-Nice. Il corrobore la piste d’un tir de missile par l’armée, hypothèse privilégiée par les familles des victimes depuis un demi-siècle.



Mathieu Paoli, président de l’association des familles des victimes lors d'une récente cérémonie à Ajaccio
Mathieu Paoli, président de l’association des familles des victimes lors d'une récente cérémonie à Ajaccio
54 ans après les faits, nouveau rebondissement dans l’affaire de la Caravelle Ajaccio-Nice. Dans une enquête diffusée le 18 avril sur France 2 « Caravelle Ajaccio-Nice : un crash secret-défense ? », la journaliste Alexandra Colineau dévoile un nouveau témoignage, qui accrédite la thèse du tir de missile.
« Je confirme : nous n'étions pas à quai ce jour-là. Nous étions en pleine mer depuis au moins une semaine. Nous, on a tiré un missile, avant le crash ! On l'a tiré à ce moment-là ! Ça, je peux être catégorique : j'y étais. J'y étais, et je l'ai entendu partir. »
Voilà ce que raconte Jean-François de Saint-Périer, ancien matelot du Suffren. Ce navire de guerre lance-missiles se trouvait, au moment du crash, dans la même zone que la Caravelle Ajaccio-Nice. Mais l’armée a toujours affirmé qu’il était resté à quai, à Toulon, ce fameux 11 septembre 1968.

« C’est l’armée qui a fait cette faute »

Ce jour-là, l’avion de ligne Air France qui relie Ajaccio à Nice s’abîme en mer, faisant 95 victimes. L’enquête conclut alors à un incendie à bord, déclenché au niveau des toilettes. Une version à laquelle les familles des victimes n’ont jamais cru. Pour Mathieu Paoli, président de l’association qui les réunit, la thèse du tir de missile ne fait aucun doute. « C’est l’armée qui a fait cette faute, je souhaite qu’ils reconnaissent ce qu’il s’est passé », indique t-il. Cette conviction est le fruit de décennies de recherches, pour celui qui a perdu ses deux parents dans la catastrophe.
 
Un travail de longue haleine, que le président de l’association a partagé avec la journaliste Alexandra Colineau, lorsqu’elle débute, en octobre 2021, ses propres investigations. Celles-ci faisaient suite à la déclassification « secret défense » des documents liés à l’affaire. « Je lui ai fourni tout ce que j’avais en ma possession, Alexandra Colineau a creusé et elle a trouvé ce témoignage, qui confirme ce que nous recherchons depuis 54 ans », déclare Mathieu Paoli. À cette nouvelle « preuve », s’ajoutent d’autres éléments troublants pour les familles des victimes : de nombreuses archives manquantes, la page du 11 septembre 1968 arrachée du journal de bord du Suffren

Un combat pour « la vérité »

Le président de l’association compte donc sur la diffusion du reportage pour relancer l’enquête. Une instruction judiciaire est toujours en cours, à Nice. « Peut être que d’autres personnes qui étaient sur ce Suffren parleront », espère Mathieu Paoli. « Nos avocats travaillent sur le sujet. Nous allons rencontrer la juge Maryline Nicolas, chargée du dossier, pour voir ce qu’il en ressort. » Il a, par ailleurs, demandé une plongée sur l’épave à la Comex, Compagnie Maritime d’Expertises spécialisée dans l’ingénierie et le monde sous-marin. Mathieu Paoli l’assure, il ne lâchera rien. Jusqu’à obtenir « la vérité ». Mais il l’assure : « On ne criera jamais victoire, on dira simplement que c’est la reconnaissance d’une erreur ».