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CTC : Des mesures régionales pour lutter contre la pollution de l’air


Nicole Mari le Vendredi 27 Octobre 2017 à 23:07

La mauvaise qualité de l'air est responsable, à elle seule, de 6,5 millions de décès dans le monde chaque année, dont 42 000 en France. La pollution atmosphérique urbaine est un enjeu majeur de santé publique. L’exposition quotidienne à cette pollution sournoise a, en Corse comme ailleurs, un impact certain sur la santé des populations fragiles. Un rapport sur la question a été examiné à la session de l’Assemblée de Corse, il propose une série d’actions pour renforcer la politique régionale sur la qualité de l’air extérieur et intérieur. Explications, pour Corse Net Infos, de Fabienne Giovannini, conseillère exécutive et présidente de l'agence d'aménagement durable, de planification et d'urbanisme de la Corse.



CTC : Des mesures régionales pour lutter contre la pollution de l’air
- Pourquoi un rapport sur la qualité de l’air ?
- La pollution atmosphérique urbaine est un enjeu majeur de santé publique. S’y s’ajoute une problématique de qualité de l’air à l’intérieur des logements. De multiples études épidémiologiques et toxicologiques nous le démontrent, la mauvaise qualité de l’air est à l’origine de 100 millions de jours de congés maladie et de 350 000 décès par an en Europe, dont 48 000 en France. Le coût économique et social de cette pollution de l’air extérieur et intérieur se chiffre, en France, en dizaines de milliards d’euros : entre 30 milliards, selon le ministère de l’Ecologie en 2012, et 97 milliards d’euros, selon une enquête plus récente du Sénat. On voit bien que ce coût est exponentiel !

- Quel est l’impact des pics de pollution ?
- Contrairement à ce que l’on pouvait penser, les pics de pollution ont un effet marginal. C’est ce que révèle une enquête de l’InVS (Institut de veille sanitaire). C’est l’exposition quotidienne à cette pollution sournoise, diffuse et inscrite dans la durée qui a le plus d’impact sur la santé des populations. C’est dire si les politiques menées à l’échelle nationale ne permettent pas d’assurer une prévention efficace ! C’est inquiétant ! C’est pourquoi, avec l’AUE en charge de la qualité de l’Air, je propose de renforcer notre politique territoriale, là où il nous est possible de peser en Corse pour mieux protéger notre peuple.

- De quelle façon ?
- Tout d’abord, au niveau interne à notre institution, en sensibilisant les Directions de la Collectivité territoriale (CTC), des Offices et Agences sur la qualité de l’air extérieur et intérieur, et en établissant un programme d’action avec tous ces services pour intégrer avec davantage d’efficience la qualité de l’air dans la traduction de nos politiques publiques. C’est demandé, d’ailleurs, dans les différents documents de programmation que nous avons validés : PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse), SRCAE (Schéma régional climat air énergie), PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie), PPA (Plan de protection de l'atmosphère), … ou à venir, notamment le PRSE (Plan régional santé-environnement).

- Avez-vous déjà conduit des actions ?
- Oui, en partenariat avec l’OTC (Office des transports de la Corse) et l’OEC (Office de l’environnement de la Corse), nous travaillons à un projet de charte d’engagement pour la prévention et la réduction des émissions atmosphériques et sonores sur l’ensemble des ports de commerce corses. Une étude sur la pollution de l’air par les navires en Méditerranée a été lancée par le ministère de la transition écologique et solidaire. Il s’agit d’une première étape pour la création d’une zone « Basse émissions » des navires en Méditerranée dont la commission des îles européennes de la Conférence des régions périphériques maritimes (CRPM) pourra se saisir. Nous y veillerons !

- Et, en ce qui concerne les transports terrestres ?
- Un autre partenariat a été noué avec les CFC (Chemin de fer de la Corse), Qualitair, la CAB (Communauté d’agglomération bastiaise) et la CAPA (Communauté d’agglomération du pays ajaccien). Le but est de promouvoir le développement des transports en commun avec notamment l’installation de panneaux d’information à destination des automobilistes en entrée de ville. C’est une action de court terme lors de prévision de Pics de pollution. Les actions de sensibilisation à long terme visent la pollution quotidienne. Lorsque nous œuvrons ensemble sur les questions de mobilité, nous agissons sur la qualité de l’air et nous améliorons le bien-être de la population.

Fabienne Giovannini, conseillère exécutive et présidente de l’Agence de l’aménagement durable, de l’urbanisme et de l’énergie (AUE) de la Corse.
Fabienne Giovannini, conseillère exécutive et présidente de l’Agence de l’aménagement durable, de l’urbanisme et de l’énergie (AUE) de la Corse.
- Qu’avez-vous fait concernant l’air intérieur ?
- Nous avons signé un partenariat AUE avec la Direction des bâtiments d’enseignement et des bâtiments publics. Il vise à définir un protocole de mesure des polluants de l’air intérieur en lien avec la définition d’un programme global de rénovation des établissements. Une attention toute particulière est portée au radon et à l’amiante. Ces mesures seront incluses au programme ORELI et au sein des Appels à projet « Bâtiment » de l’AUE. Une sensibilisation des constructeurs et des usagers sera également réalisée, via la diffusion de plaquettes et d’actions grand public par AUE et tous ses partenaires, ADEME/EDF, Qualitair Corse et les Espaces Infos Energie. Nous travaillons, aussi, à améliorer l’aide à la décision et à la connaissance de la qualité de l’air sur l’ensemble de nos territoires et à lancer des actions et des appels à projets pour dynamiser la prise en compte de la thématique dans les politiques publiques locales, à partir d’exemples concrets et reproductibles. Ce travail se fait en lien avec l’association Qualitair Corse.

- Avez-vous d’autres projets en cours ?
-  Oui ! En 2017, il a été décidé en concertation avec différents acteurs : AUE, ADEME, DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), OEC, Qualitair, ARS (Agence régionale de santé), DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer)..., de mettre en place une action de prévention du brûlage des déchets verts en zone pavillonnaire. La commune d’Afà est un site pilote et a été lauréate de l'appel à projet national AACT'AIR de l’ADEME. L'APIEU (Atelier permanent d'initiation à l'environnement urbain) bénéficie d’un financement AUE-ADEME pour mener ce projet de sensibilisation et de prévention sur trois ans, toujours en coordination avec Qualitair. L’objectif est d’étendre la démarche à la CAPA, puis à toute la Corse.

- Quels sont les premiers résultats de cette démarche ?
- Ils sont bons ! Dans le cadre de la PPE, nous avons mis en place un réseau d’animateurs des territoires pour veiller à la mise en œuvre de cet important document de programmation, échanger et nous coordonner avec l’ensemble des acteurs. Dans ce cadre, nous souhaitons lancer une série d’appels à projet dédié à l’air à destination des collectivités afin de définir l’implantation optimale de bâtiment pour diminuer l’impact de la pollution sur les occupants, pour les écoles par exemple ou les éco-quartiers. La réflexion est menée par rapport à des sources de pollution extérieures, comme les axes routiers, mais également sur la thématique air intérieur pour sensibiliser et conseiller les publics sensibles, souffrant de problèmes respiratoires, allergiques, asthmatiques… En partenariat avec l’ADEME /ARS /DREAL, nous sélectionnerons une ou plusieurs structures hébergeant un conseiller en environnement intérieur.        

- Que proposez-vous d’autre ?
- Nous avons validé la nécessité d’intensifier les études de caractérisation des polluants atmosphériques (mesures, modélisation…) et intérieurs, ainsi que le montage de projets démonstrateurs sur ces domaines pour améliorer la qualité de l’air sur notre territoire. Le Conseil de l’énergie, de l’air et du climat permettra de suivre de façon transversale toutes les questions liées à la qualité de l’air et d’animer la mise œuvre de nos politiques. Notre ambition est de mettre en place une véritable gouvernance Energie, Air, Climat au niveau des territoires de projet et d’avancer vers l’autonomie énergétique. Toutes ces questions sont liées à la qualité de l’air que nous respirons. C’est un enjeu du développement durable, elle est, donc, pleinement dans nos préoccupations.

Propos recueillis par Nicole MARI.


Fabienne Giovannini, conseillère exécutive et présidente de l'agence d'aménagement durable, de planification et d'urbanisme de la Corse.
Fabienne Giovannini, conseillère exécutive et présidente de l'agence d'aménagement durable, de planification et d'urbanisme de la Corse.