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A Sartè comme à I Peri, la Semaine sainte point d'orgue de la ferveur religieuse des confréries


J.C. le Dimanche 2 Avril 2023 à 21:27

Temps fort du calendrier liturgique chrétien, en Corse, la Semaine sainte s’exprime par une ferveur à la fois intime et spectaculaire qui trouve toute sa force dans les célébrations. Des moments solennels, au rituel immuable que les nombreuses confréries de l'ile préparent durant l'année. Vesperi, office des ténèbres, a cena domini, a cerca, a granitula, u catenacciu, les différentes Cunfraternite revivent chacune à leur manière la semaine pascale.
Zoom sur la Compagnia del Santissimo Sacramento de Sartè et la conferire di San Larenzu à Peri



La Compagnia del Santissimo Sacramento de Sartè

A Sartè, la Compagnia del Santissimo Sacramento existe depuis le XVIe siècle. Quelque temps tombée en léthargie, depuis quelques décennies, la confrérie est composée d'une cinquantaine de membres actifs, qui assistent toute l'année le père Pierre Bertoni, curé de la paroisse de Santa Maria Assunta. "Nous apportons un soutien aux autres dans la plus grande discrétion, nous œuvrons chaque jour pour venir en aide aux personnes qui souffrent. Notre engagement consiste aussi à participer aux manifestations religieuses avec notre curé Pierre Bertoni, à Sartè et ailleurs" explique Patrick Paganelli, très impliqué dans la confrérie sartenaise depuis 20 ans.

La Semaine sainte, célébrant la Passion du Christ, est le point d’orgue de la ferveur religieuse de cette confrérie. Dès le dimanche des Rameaux, la programmation s'intensifie, les offices religieux, les bénédictions, mais aussi conférence et concert animent Sartè.

La Compagnia del Santissimo Sacramento prépare les églises, confectionne les crucette et accompagne le prêtre dans les différents offices "Nous sommes au service de l'Église, ce que dit notre prêtre c'est parole d'évangile. Le vendredi saint, le Catinacciu fait vraiment partie de nos traditions, c'est de la paraliturgie qui est vraiment ancrée chez nous. Nos coutumes sont très importantes, mais nous avons aussi ce besoin de nous tourner vers l'extérieur en accueillant d'autres traditions, c'est un réel enrichissement". continue Patrick. "Et puis, notre implication au sein de notre confrérie, ce sont des moments de vie qui ne s'arrêtent pas au Catinacciu. On rentre dans la confrérie par tradition, et puis ça devient un cheminement spirituel personnel. Le Catinacciu représente toute une population, il ne porte pas une cagoule pour se cacher, mais c'est une mise en scène de la Passion pour que tous nous puissions nous identifier à l'image du Christ qui s'est sacrifié pour le Salut du monde."

Photo archives Michel Luccioni
Photo archives Michel Luccioni

Cunfraternita di San Larenzu di I Peri, le village ressuscité

La Cunfraternita di San Larenzu s'était un peu perdue, depuis 2014 par la volonté des jeunes, elle est devenue très active et redynamise la vie du village.
Quinze membres de 18 à 70 ans la composent, dans le schéma où elle existe aujourd'hui ses missions sont plurielles. "Nous participons activement à la vie du village et à la valorisation du patrimoine. Nous avons pour mission, de récréer du lien social, de porter la bonne parole, nous accompagnons la liturgie auprès du père Louis El Rahi. Nous vivons confrères toute l'année, nous faisons partie de la vie du village et nous aidons tout le monde. Notre souci premier est d'être présents non seulement lors des temps liturgiques, mais dans le soutien aux autres." détaille Jean-Michel Bisgambiglia, prieur de la confrérie.


Au-delà de sa forte implication dans le religieux, la Cunfraternita a la dimension sociale chevillée au corps. Un lien intergénérationnel qu'elle entretient à travers les événements du calendrier liturgique et les rassemblements publics qui redonnent vie au village. Si toutes les célébrations religieuses sont essentielles à I Peri, la Semaine sainte est l'occasion d'une dévotion particulière, les confrères sont toujours impatients de revivre la Passion. Acte de foi, de contrition et de charité, ils organisent toute l'année ce temps de ferveur.


"Animer le village, c'est faire vivre l'église, pendant la Semaine sainte, nous sommes très occupés. On fait les crucette, puis on en donne une poignée à tout les gens du village. On prépare l'église, on couvre de deuil toutes les statues. On poursuit, le jeudi saint avec i Vesperi, c'est l'office des Ténèbres, que nous chantons en corse et en latin. Après cet office, on fait a cena domini, les confrères mangent ensemble la soupe de cecci. Et le vendredi saint est le moment le plus intense. Trois femmes du village ont préparé le sépulcre et à 21 heures, nous partons en procession. Chez nous, il n'y a pas de catinacciu, c'est un confrère qui porte la croix. Tout le chemin de croix est ponctué de nos chants, ceux qu'on ne chante que pour la Passion, Pâques c'est un moment où on donne tout, on a le stress, c'est intense, on n'oublie pas que le Christ est mort pour nous sauver. Si on enlève la confrérie, le village est mort, a Cunfraternita di San Larenzu réunit du bébé à l'ancien, pour nous c'est naturel de perpétuer nos traditions et notre langue" conclut Jean-Michel.