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Une ancienne magistrate d'Ajaccio en garde à vue : ses avocats dénoncent "une opération de destruction"


CNI avec AFP le Vendredi 5 Avril 2024 à 07:33

L’enquête porte notamment sur les liens suspectés d’Hélène Gerhards, en poste à Ajaccio entre 2010 et 2016, avec un membre présumé du banditisme corse, Johann Carta. Sa défense évoque "un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature"



Photo d'illustration archives CNI
Photo d'illustration archives CNI
Les avocats de la magistrate en garde à vue depuis mercredi dans une enquête portant notamment sur ses liens supposés avec un membre présumé du banditisme corse ont dénoncé jeudi "une opération de destruction", s'interrogeant sur "un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature". Me Caty Richard et Me Yann Le Bras, les avocats de Mme Hélène Gerhards, magistrate à la cour d'appel d'Agen, s'interrogent "sur un éventuel règlement de comptes au sein de la magistrature, notre cliente étant victime d'une opération de destruction dans laquelle l'autorité judiciaire se permet tous les coups", ont-ils indiqué dans un communiqué transmis à l'AFP.
Critiquant des méthodes "aussi légalement injustifiées qu'inutilement violentes", les avocats regrettent aussi "des fuites" d'informations dans les médias, "mettant étrangement en exergue son lien avec l'actuel garde des Sceaux", Eric Dupond-Moretti. "Cette enquête semble initiée" par "un ancien supérieur hiérarchique" de la magistrate, avancent-ils, évoquant un possible "conflit d'intérêt".


Des liens avec le milieu du banditisme corse ?
Mme Gerhards est en garde à vue depuis mercredi dans le cadre d'une enquête préliminaire suivie par le parquet de Nice depuis janvier 2021, "ouverte des chefs de recours en bande organisée au service de personnes exerçant un travail dissimulé, blanchiment, trafic d'influence actif et passif", a indiqué à l'AFP Damien Martinelli, procureur de Nice. Elle est entendue "également pour faux en écriture publique par personne dépositaire de l'autorité publique et usage de ces faux ainsi que détournement de fonds publics", a-t-il ajouté, en précisant qu'il s'agissait d'une garde à vue de 24 heures reconductible 24 heures.

Cette enquête est une incidente d'une information judiciaire de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille sur la bande criminelle corse du Petit Bar. Elle porte notamment sur les liens suspectés de cette magistrate, en poste en Corse entre 2010 et 2016, avec un membre présumé du banditisme insulaire, Johann Carta, autour des travaux et de la location d'une villa de la juge à Pietrosella, sur le Golfe d'Ajaccio, désormais vendue, ont indiqué à l'AFP des sources judiciaires et proches du dossier.

Johann Carta a été mis en examen et écroué dans plusieurs enquêtes, notamment en décembre 2023 dans une enquête ouverte pour "escroquerie, extorsion de fonds et blanchiment d'argent en bande organisée" par la JIRS de Marseille.

La juge Gerhards a confirmé à Mediapart avoir vu "cinq ou six fois" Johann Carta, sans savoir de qui il s’agissait, avant de "paniquer" en comprenant qui il était "en 2022".