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Transports aériens : Des tarifs résidents à 99 € sur Marseille ou Nice et 180 € sur Paris dès mars 2020


Nicole Mari le Jeudi 26 Septembre 2019 à 20:31

Des tarifs résidents inédits ont été validés par les deux compagnies aériennes desservant la Corse – Air Corsica et Air France – dans le cadre de l’appel d’offres pour la nouvelle Délégation de service public (DSP) aérien qui prendra effet à partir de mars 2020 pour une durée de quatre ans. Des billets à un prix historiquement bas : 99 € pour un aller-retour sur Marseille ou Nice, et 190 € sur Paris-Orly. Le rapport, qui entérine également une augmentation en offre de siège, a été adopté à l’unanimité, jeudi, à l’Assemblée de Corse. Vanina Borromei, conseillère exécutive et présidente de l’Office des transports (OTC), explique, à Corse Net Infos, que les négociations ont été difficiles avec la Commission européenne.



Transports aériens : Des tarifs résidents à 99 € sur Marseille ou Nice et 180 € sur Paris dès mars 2020
- Quel est l’objet de ce rapport ?
- Nous présentons devant l’Assemblée de Corse le résultat de la proposition d’appel d’offres qui a été votée en décembre 2018. L’objet de ce rapport est de voir si les compagnies candidates ont répondu comme nous le souhaitions à notre commande. Seules les deux compagnies, actuellement délégataires, se sont positionnées pour le renouvellement de la DSP : Air Corsica exclusivement sur le bord à bord – les lignes sur Nice et Marseille - et Air Corsica solidairement avec Air France sur la ligne Paris-Orly.
 
- Parmi les souhaits de l'Exécutif, le premier était une baisse conséquente du prix du tarif résident. Les compagnies ont-elles joué le jeu ?
- Oui. Nous avons obtenu la baisse jusqu’à 54% du tarif résident sur le bord à bord, soit 99 € TTC l’aller-retour sur Nice et Marseille à partir de tous les aéroports corses. Le billet est modifiable et remboursable. Sa date de validité, qui était de 60 jours, passe à 90 jours et à 180 jours pour les étudiants et les enfants de parents divorcés dont un des deux parents habite sur le continent. C’est le tarif le moins cher possible que nous puissions obtenir de l’Union européenne. Le prix hors taxe est, en fait, de 21 € sur le tronçon du bord à bord, le reste se compose de taxes. Il y a plus de taxes que de prix net ! Le prix du billet aller-retour sur Paris sera proposé à 190 € TTC au lieu de quasiment 260 € à l’heure actuelle, soit une baisse de 32 %. Avec les mêmes conditions : modifiable, remboursable, 1 bagage, et la même date de validité que pour le bord à bord.
 
- Qu’avez-vous obtenu sur les fréquences et les horaires ?
- Nous avons obtenu une augmentation en offre de sièges sur le périmètre de service public qui a été délimité et proposé en décembre 2018. Tout a été validé. Par exemple, la destination Marseille où le besoin est notamment et malheureusement fort en termes sanitaires, ne sera plus desservie par des ATR, mais par des Airbus A320, donc une capacité qui passe à 180 sièges. Il y aura également des rotations supplémentaires, notamment avec l’aéroport de Bastia-Poretta. Cette offre en sièges et en capacité permettra aux résidents d’avoir un service public d’une qualité exceptionnelle.
 
- Une autre attente concerne la modification des horaires du matin, surtout le vol vers Paris à 6 heures. Avez-vous obtenu gain de cause ?
- Nous en avons discuté avec les compagnies. Tout est prévu dans le cahier des charges qui prévoit une flexibilité sur les propositions d’horaires pour que ceux-ci soient améliorés. Par exemple, pas trop tôt le matin pour Paris et un aménagement d’horaire, notamment sur Marseille, en début d’après-midi. Ce qui manque aujourd’hui. Ces nouvelles offres prendront effet en mars 2020 et les réservations seront ouvertes dans peu de temps, le temps que le contrôle de légalité et les notifications de l’Union européenne soient effectuées.
 
- Les négociations ont-elles été simples ?
- Non ! Aujourd’hui, tout semble évident, mais cela ne l’a pas été. Les contraintes ont été très lourdes en termes de négociation et de juste compensation. Notre objectif politique d’avoir un tarif résident à moins de 100 € sur le bord à bord ne nous garantissait pas, malgré l’enveloppe de continuité territoriale, d’aboutir à ce résultat. Les deux compagnies délégataires ont vraiment joué un rôle essentiel pour nous permettre d’arriver à cette proposition de service public qui est faite pour 4 ans et qui ne peut pas évoluer. Il n’y aura pas d’indexation. Les tarifs sont bloqués pour les quatre années.
 
- Si les compagnies ont joué le jeu, qu’est-ce qui a posé problème ?
- La difficulté a été de trouver, avec l’Union européenne et les services de l’Etat, la juste compensation. On pourrait imaginer – et c’est ce que pense souvent l’opinion publique – que la dotation de continuité territoriale est une enveloppe que l’on donne à une compagnie pour financer un tarif, et que l’on peut financer les tarifs que l’on souhaite. Pas du tout ! C’est en amont que cela a été le plus compliqué parce qu’il a fallu véritablement décortiquer le service public, montrer le besoin, y compris sur l’aéroport de Paris-Orly, et trouver cette juste compensation avec les compagnies. C’est là que celles-ci ont eu un rôle essentiel qui a été très favorable dans la négociation. Elles sont allées dans notre sens et ont optimisé leurs coûts pour nous permettre de convaincre l’Union européenne.
 
- A combien s’élève cette juste compensation ?
- Le montant actuel de la DSP en cours est de 74 millions € par an. Le nouveau montant sera de 84 millions € par an, soit une augmentation de 10 millions € sur l’enveloppe de continuité territoriale. Notre estimation première était un peu plus importante. C’est là qu’ont œuvré les compagnies, ce qui nous a permis d’arriver à un équilibre et de financer la baisse exceptionnelle des tarifs et l’augmentation de l’offre en sièges et en fréquences. Je crois que l’on peut vraiment se réjouir de cette baisse historique des prix qui répond à une véritable attente. Cette baisse n’a jamais été obtenue auparavant parce que le challenge était très compliqué. Je pense que c’est un rapport qui va marquer la mandature.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.
 

Vanina Borromei, conseillère exécutive et présidente de l'Office des transports de la Corse. Photo Michel Luccioni.
Vanina Borromei, conseillère exécutive et présidente de l'Office des transports de la Corse. Photo Michel Luccioni.