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Tavignanu Vivu : "appel à l'indignation nationale"


C.-V. M le Mardi 23 Juin 2020 à 21:59

Va t-on laisser la Corse être la prochaine victime d'une catastrophe écologique orchestrée par un Etat qui se déresponsabilse des questions sanitaures ? C'est la question que pose le Collectif Tavignanu Vivu à la veille de l’audience à la Chambre administrative d’appel de Marseille du collectif Tavignanu Vivu, de l’association environnementale U Levante et de la Collectivité de Corse contre la société privée Oriente environnement.



Le collectif Tavignanu Vivu ne désarme pas. ( Archives CNI)
Le collectif Tavignanu Vivu ne désarme pas. ( Archives CNI)
Derrière les images d’Epinal se joue un véritable scandale sanitaire et politique en Haute-Corse. Le petit village de Giuncaggio se retrouve au centre de conflits politiques entre l’état et la région et au centre d’intérêts de secteurs privés tels que l’immobilier et les transports. DEAD-line, car c’est bien de la mort d’une région qu’il s’agit, le 26 juin : date de l’audience à la Chambre administrative d’appel de Marseille du collectif Tavignanu Vivu, de l’association environnementale U Levante et de la Collectivité de Corse contre la société privée - qui n’a d’écologique que le nom -Oriente environnement.



Les habitants de la vallée du Tavignanu se sont réunis en Collectif pour résister contre un projet ahurissant de centre d’enfouissement « les pieds dans l’eau ». Et oui, ici, même les déchets ont droit à leur paradis. On les traite bien en Corse. Non pas en les revalorisant mais en leur offrant un emplacement de choix : au bord du deuxième fleuve de Corse, sur des terres agricoles et à deux pas en amont des merveilles archéologiques de la cité Alalia.


L’affaire : il est question d’enfouir 80 000 tonnes de déchets ménagers par an sur trente ans, et 102 000 tonnes de terres amiantifières par an pendant treize ans dans un méandre du fleuve sur un terrain agricole, instable et poreux ! Sous l’ancien mandat présidentiel le ministère de l’Ecologie et le préfet de Haute-Corse avaient refusé un permis d’exploitation. Refus qui a été remis en question par décision judiciaire du Tribunal administratif de Bastia, le 3 octobre 2019, une décision prise sur la forme plus que sur le fond.


Fait rarissime, le ministère de la Transition écologique et solidaire n'a pas fait appel de l'annulation de l'arrêté pris par l'ancien préfet de Haute-Corse Alain Thirion. Le collectif a donc fait appel seul de cette décision suivi plus tard par U Levante puis par la région. Une première hypothèse de ce désengagement de l’Etat serait la volonté de répondre coûte que coûte à la crise des déchets en Corse par de nouvelles implantations de grands centres d'enfouissement. Une politique qui n'incite pas au tri et ruine notre environnement.


Cette solution dangereuse serait évidemment une aubaine pour le secteur des transports — les CET étant éloignés des zones urbaines productrices de déchets de masse — et résoudrait pour le secteur immobilier le problème du stockage des terres amiantifères excavées principalement de la vallée du Fango.


Polluer l’eau potable de la population, parier sur le capital santé des habitants, ruiner toute l’économie d’une région agricole qui a bâti son terroir sur ses appellations AOC, se départir du principe de précaution, ne se soucier que de la gestion d’une crise des déchets à courte vue électorale sans assurer la continuité de l’état, valoriser les intérêts privés, voilà bien les pressions politico-économiques en jeu dans ce dossier.


Il ne s’agit pas là du combat égoïste de riverains craignant que l’odeur de leur maquis natal soit altérée par la dégradation des déchets organiques. Il s’agit de citoyens alertant sur la catastrophe sanitaire annoncée depuis cinq ans par les experts et les élus régionaux.
Après une lutte insulaire et pacifiste menée depuis 2016, le collectif Tavignanu vivu en appelle à la mobilisation générale et à l’indignation nationale contre un projet inique du point de vue de la population et criminel du point de vue de l’environnement.