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Pénurie de chauffeurs poids lourds corses : auto-écoles et transporteurs demandent le renfort d'examinateurs du permis


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 6 Avril 2022 à 21:52

Depuis plusieurs mois, la Haute-Corse souffre d’un manque d’examinateurs du permis de conduire poids lourds et super lourds. Les délais de formation s’allongent et les entreprises ne trouvent pas de chauffeurs qualifiés. Auto-écoles et sociétés de transport corses unissent leurs forces pour demander un renfort immédiat aux services de l’Etat.



Ce 6 avril, les transporteurs et les auto-écoles corses ont demandé le renfort d'urgence d'examinateurs du permis poids lourds à la préfecture de Haute-Corse. (Photo Pierre-Manuel Pescetti)
Ce 6 avril, les transporteurs et les auto-écoles corses ont demandé le renfort d'urgence d'examinateurs du permis poids lourds à la préfecture de Haute-Corse. (Photo Pierre-Manuel Pescetti)
Embouteillage monstre à l’examen du permis poids lourds et super lourds en Haute-Corse. Depuis la fin août 2021 et la mutation sans remplacement d’un examinateur sur le continent, un seul inspecteur y fait passer les permis de conduire. Tous les permis.

« Les délais entre la fin de la formation et l’examen du permis poids lourds sont d’ordinaire de 2 à 3 semaines. Aujourd’hui, un candidat doit attendre entre un mois et demi et deux mois pour passer l’examen final », s’inquiète Stéphane Viola, responsable de la formation poids lourds de l’entreprise CESR (Centre Education Sécurité Routière) de Bastia. La préoccupation est d’autant plus grande que cet allongement des délais bloque l’accès à la formation FIMO, indispensable pour prendre le volant.

Comme pour les permis B, pour lesquels des renforts avaient été envoyés depuis la Corse-du-Sud et le Var, les formateurs demandent aux services de l’Etat une aide d’urgence.

Lire aussi : Ça bouchonne pour les permis de conduire en Haute-Corse, les auto-écoles menacent de bloquer la route

« Nous avons besoin d’un formateur en plus, pendant quatre jours, qui fasse passer en urgence 12 à 20 examens. Et cela avant le 19 avril ! », indique Jean-Marc Angelotti, président du CESR et représentant régional de l’UNIDEC (Union nationale intersyndicale des enseignants de la conduite). Selon lui, 40 chauffeurs ont terminé leur formation et attendent de passer l’examen avant de débuter la FIMO qui dure quatre semaines.

Dans un second temps, Jean-Marc Angelotti demande le renfort permanent de deux examinateurs. « Pour répondre à tous les besoins il faudrait trois examinateurs en Haute-Corse », explique-t-il.

Pénurie de chauffeurs pour les transporteurs corses

« Tous les deux jours, des sociétés de transports nous appellent pour savoir si des chauffeurs sont disponibles et on comprend aussi leur problématique », s’agace Jean-Marc Angelotti. Car si les candidats sont présents, cet embouteillage à l’examen du permis poids lourds affecte tous les acteurs du transport de fret et de personnes. « Il manque entre 50 et 60 chauffeurs sur toute la Corse », désespère Jean-Marie Maurizi, président du syndicat professionnel des transporteurs de Corse.

Le manque de chauffeurs entraîne ainsi la perte de certains marchés, faute de pouvoir les honorer. Les transporteurs, résignés, envisagent de faire appel à des agences d’intérim continentales pour répondre au besoin croissant avec l’arrivée de la saison estivale. « Cette pénurie de chauffeurs locaux nous oblige à nous tourner vers des intérimaires souvent étrangers avec qui la communication est compliquée vu que beaucoup ne parlent pas français », lance Jean-Marie Maurizi. Une situation d’autant plus compliquée que certains transporteurs ont payé la formation FIMO à leurs futurs employés, aux alentours de 2 500 euros, et que le retour sur investissement se fait attendre.

Pour tous, l’urgence se situe dans le déblocage de la situation avant la saison estivale où le trafic de transporteurs augmente fortement. Sans quoi, c’est tout une économie qui risque d’être fragilisée.