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Olivier Battistini : "Nous voulons, dans ce scrutin, montrer que nous existons et que la parole corse est particulière"


M.V. le Vendredi 13 Mai 2022 à 19:09

Il y aura bien des candidats Reconquête! présents pour les législatives en Corse. Si des négociations restent en cours pour trois des quatre circonscriptions insulaires, la candidature d'Olivier Battistini est confirmée sur la 2ème circonscription de Corse du Sud. L'orateur national du mouvement d'Eric Zemmour, professeur émérite en histoire grecque à l'Università di Corsica, livre à CNI la vision de la Corse qu'il entend porter à Paris.



Olivier Battistini, historien et candidat du parti Reconquête! dans la 2ème circonscription de Corse du Sud pour les élections législatives des 12 et 19 juin prochain.
Olivier Battistini, historien et candidat du parti Reconquête! dans la 2ème circonscription de Corse du Sud pour les élections législatives des 12 et 19 juin prochain.
- Pourquoi avez-vous décidé d’être candidat ? 
- Je ne suis pas un homme politique dans le sens habituel du terme, mon domaine étant la philosophie et la politique, mais puisque j'ai toujours enseigné que la "theoria" chez les Grecs était proche de la "praxis", c'est à dire du monde de l'action et du concret, j'ai trouvé logique de me présenter à cette élection. De plus, j'ai toujours été passionné par la relation que les Corses ont avec le politique.

- En quoi le fait d'être un homme de lettres et pas un politique, serait-ce un plus dans ce scrutin ?
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D'une part, je ne suis pas un maitre de la politique, je ne sais pas trop comment me placer dans cet univers-là, mais dialectiquement ça peut être ma force dans le sens où je serai candidat au sens propre comme dans la Rome ancienne où quand on était candidat, on portait une toge blanche qui signifiait qu'on était pur et pas pollué par ce qu'on appelle aujourd'hui "les affaires". Je peux, donc, être capable de m'éloigner de l'immédiateté,  jouer un rôle en tant que député et faire en sorte que la Corse devienne le symbole d'un retour à cette politique. Une phrase de Pascal Paoli m'apparait comme souveraine, elle révèle et résume en quelque sorte mon choix de candidature : "Les Corses se battaient pour la liberté de la nation, alors que les Français se battaient pour la libération des individus"

- Vous avez face à vous un grand nombre de candidats politiques. Qu’est-ce qui vous différencie d'eux et surtout comment comptez-vous faire entendre votre voix ?
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Mon inexpérience fera, comme je l'ai dit, paradoxalement ma force. Je compte, comme le faisaient les Grecs, faire de la politique par la parole. Dialoguer avec les Corses et faire en sorte que, par le dialogue, le monde, que nous aimons, continue à être. 

- Pourquoi avez-vous choisi l'investiture du parti "Reconquête !" ?
-  Je suis lié à Eric Zemmour depuis quelques années. Nous avons un amour commun pour nos Grecs et nos Romains, enfin pour notre civilisation. Quand il m'a demandé de l'accompagner dans la tournée de présentation de son livre "La croisée des chemins", j'ai accepté avec enthousiasme. Par fidélité à cette parole et en harmonie avec le QG de Reconquête!, j'ai pris la décision, le lundi 9 mai, de me présenter aux législatives.

- Regrettez-vous l'union manquée avec le Rassemblement National (RN) ?
- J'ai plaidé pour une alliance au 1er tour, cela ça n'a pas marché. Ce n'est la faute, ni de monsieur Filoni, ni la mienne... Je voudrais qu'il y ait une alliance pour le 2nd tour, car j'ai beaucoup d'admiration pour Marine Le Pen. J'ai fait partie des Horaces, un groupe de lettrés qui accompagnait la pensée politique de la présidente du RN. Je pense sincèrement qu'avec les gens du Rassemblement national, nous avons un socle commun qui est aussi celui des Corses qui, par nature, sont des guerriers virils et politiques. Ce n'est pas un peuple d'Extrême-gauche. Je compte, donc, m'adresser à ces Corses pour réussir cette élection. 

- Avez-vous déjà un suppléant ?
- Pas encore ! Mon suppléant devait être un Sartenais qui a, finalement, renoncé. Je vais essayer de trouver un Ajaccien ou une Ajaccienne.

- Quel est, pour vous, l’enjeu premier de ce scrutin ?
- D'abord d'exister. Que notre parole soit connue, que la vision corse de la politique soit au coeur de la campagne nationale. Je tiens régulièrement au courant Eric Zemmour de mes approches. Nous voulons, dans ce scrutin, à la fois, montrer que nous existons et que la parole corse est particulière. Je voudrais que cette parole corse fasse réfléchir, pas seulement les continentaux, mais une Europe que je juge décadente. L'ennemi absolu, ce sont les traitres qui nous gouvernent et les gens qui sont autour de Macron.

-  Sur quels thèmes ferez-vous campagne ? 
Les civilisations sont mortelles, je voudrais retarder cette mort parce que je suis amoureux de la civilisation corse. C'est l'objet de ma campagne. La Corse est au coeur de la France lorsque elle est grande, et s'en éloigne lorsque elle est petite. Par ma campagne, je vais démontrer à la France que nous pouvons lui donner espoir. Nous avons un rapport au politique qui fait que cette Europe qui a été étonnée par la Corse dont parlait Rousseau... eh bien, cette Corse est toujours présente.

- Quelle est votre position sur les négociations concernant l’autonomie ouvertes par Emmanuel Macron ?
- L'autonomie n'existe que si elle est politique. Au sens propre, autonomie, qui est un mot grec, signifie être capable de choisir sa propre Constitution, sa propre loi. C'est donc la liberté politique absolue, mais cette liberté politique dépend de la liberté financière. J'ai l'impression qu'on emploie ce mot sans en connaitre le sens. Monsieur Darmanin fait semblant de parler d'autonomie et il proposerait au fond, soit des aboutages comme c'est le cas pour les îles d'Outre-Mer, soit des avantages financiers qui imposent une véritable dépendance. Je n'ai pas envie d'une Corse dépendante de la France parce que soumise à des avantages financiers. Je propose une sécession d'ordre métaphysique, métapolitique et philosophique, c'est à dire le refus de la soumission à une idéologie. 

- Quelle serait votre priorité en tant que député de la Corse, si vous êtes élu ?
​- La priorité, c'est de redonner le gout de l'histoire. C'est de défendre une langue qu'il ne faut pas réinventer artificiellement, mais qui doit être en harmonie avec la beauté du monde que nous chérissons. Un peuple, qui perd sa langue, perd les mots qui indiquent les choses, et si les mots disparaissent, les choses que les mots indiquent ne sont plus. Donc, mes priorités sont de garder notre histoire, notre langue et notre rapport au monde. Et, bien sûr, de faire en sorte que les gens puissent vivre heureux et profiter des fruits de leur travail. La priorité doit être donnée aux Français et aux Corses, pas à ceux qui viennent chez nous uniquement par intérêts financiers ou sociaux. Je n'arrive pas à comprendre les hypocrites qui nous gouvernent, qui font semblant de ne pas voir ce qui est. Un vrai politique doit voir, constater les choses et en tirer les conséquences et les conclusions objectives, pas fondées sur une idéologie. 

- Comment se déroulera votre campagne ?
- Après une discussion de plus de deux heures lundi avec le QG de Reconquête! pour savoir si j'étais candidat ou non, je leur ai dit que j'acceptais à condition de pouvoir faire ce que je veux. Mon équipe et moi ne voulons pas mener une campagne sur les réseaux sociaux en utilisant à longueur de journée des mots "franglais", car en Corse, on le sait, la parole est plus importante que les clicks. Nous mènerons donc cette campagne comme nous les Corses, nous savons le faire en allant dans les villages, en parlant aux gens dans des réunions et des meetings à commencer par ce samedi 14 mai où à la salle de fêtes de Porticcio, à 15 heures,  j'ai la plaisir d'accueillir Nicolas Bay.